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Afrique Publié le mercredi 11 novembre 2015 | La Tribune Ivoirienne

Interview / Paul Blesson: « L’Angola est un problème pour toute l’Afrique »

Alors que la presse s’était passée le mot pour parler de ‘’malédiction angolaise’’, après la défaite de l’Africa Sports en demi-finale du dernier championnat d’Afrique des clubs champions, l’ex-directeur technique et manager de la Fédération ivoirienne de handball (Fihb) pense qu’il n’en est rien.

M. Paul Blesson, est-il exacte de parler d’une malédiction angolaise pour l’Africa Sports Handball après plusieurs défaites successives face au Petro et au Primeiro d’Angola en compétitions africaines ?

Non, il n’est pas juste de parler de malédiction angolaise pour l’Africa Sports. C’est plutôt un problème qui se pose à toute l’Afrique. Mais en tant qu’Ivoiriens, c’est un problème important qu’il faut penser à résoudre. Sur la base de la science, d’un projet fédéral qui nous permette de produire autant de générations de joueuses qu’a pu le faire l’Angola. Il n’y a donc pas de malédiction spéciale pour l’Africa Sports. Puisque le problème est propre à toute l’Afrique du handball.

Pouvez-vous être précis sur le problème qui se pose aussi bien à l’Africa Sports qu’à toute l’Afrique ?

C’est un ensemble de choses. C’est d’abord une vision, puis un projet qui porte sur une politique de formation de joueurs et de cadres techniques. Favorisant ainsi la mise en place d’un environnement de pratique sportive de haut niveau. L’Angola a réfléchi à son problème, alors qu’il fait partie des derniers venus sur l’échiquier africain. Ils se sont simplement assis et se demandé ce qu’ils doivent faire pour démarrer. Nous savons aujourd’hui ce qu’ils ont fait. L’Angola a un projet qui leur permet de former des joueurs chaque année. L’Angola a d’abord réussi à régler le problème d’expatriation de ses joueuses. Mais aussi sur le plan social, des mesures ont été prises de telle sorte qu’aucune Angolaise ne joue à l’extérieur du pays. Elles sont sur place parce qu’elles y disposent de tout ce qu’elles peuvent rechercher ailleurs. Et le projet a survécu à des promotions de joueuses, d’encadreurs techniques et de dirigeants.

On nous apprend qu’il n’y a que quatre clubs qui jouent le championnat là-bas. Pensez-vous que ce soit là un modèle à dupliquer ?

Non et non. Ce n’est pas vrai de dire cela. Parce que c’est un projet clair et net que l’Angola a développé. Dans les cinq provinces que j’ai pu visiter, on trouve deux gymnases de grand standing, mieux que le Palais des sports de Treichville. Il y a ensuite beaucoup de clubs qui jouent au niveau des compétitions de jeunes. C’est au niveau de l’élite que l’Angola a mis des conditions. C’est ainsi que de bonnes joueuses qui évolueraient, par exemple, à Bingerville, et qui n’ont aucune possibilité de jouer le haut niveau, parce que leur club n’a pas les moyens conséquents, on les dirige, en accord avec les dirigeants, vers un autre club qui a des ambitions avec des moyens de sa politique. Sinon, en Angola, il y a un championnat de plusieurs équipes et à côté, il y a un championnat élitiste avec des équipes qui ont les moyens humains, financiers, logistiques et organisationnels. C’est donc à eux qu’on donne les moyens pour aller jouer le haut niveau. C’est une option qui vise à permettre à l’Angola d’être mieux représenté et d’avoir ainsi de bons résultats au handball.

Que pensez de la disposition de la Confédération africaine de handball (Cahb) qui autorise que les clubs fassent venir des joueurs évoluant ailleurs lors des compétitions africaines. N’est-ce pas une manière d’encourager les clubs à tricher et même une façon de tuer la formation à la base ?

C’est encore là une option. La Cahb ayant jugé utile, à un moment de son fonctionnement, de relever le niveau de ses compétitions en permettant aux clubs de se renforcer aussi bien au plan local qu’international. Afin de produire un spectacle de haut niveau. Peut-être que cela a été fait afin d’attirer les sponsors et d’avoir ainsi des moyens financiers.

Reste que cela peut avoir un impact négatif sur la formation de joueuses propres aux équipes ?

Sur dix-huit athlètes autorisées à prendre part à une compétition africaine, le club n’a le droit de se renforcer qu’avec deux joueuses. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de dangereux pour le handball local. J’ai parlé plus haut de la formation angolaise, mais les clubs angolais eux-aussi se renforcent. C’est ainsi que Petro, qui est en train de refaire son effectif, s’est renforcé avec une brésilienne et une danoise. Idem pour Primeiro avec Vanessa Pasma qui était avec nous à l’Africa Sports, mais aussi avec la meilleure joueuse de la RD Congo. C’est donc une option de la Cahb qui visait à créer le spectacle, engranger les ressources nécessaires afin de bien récompenser les clubs qui gagnent.

Les derniers résultats ivoiriens sur l’échiquier continental sont peu encourageants. En toute sincérité, est-ce qu’il y a possibilité que le handball ivoirien retrouve ses lettres de noblesses, aussi bien en dames qu’en hommes ?

C’est un problème qui me préoccupe depuis 2008 et pour lequel j’ai sorti une réflexion et un projet fédéral. Le ministre Alain Lobognon l’avait validé et on était à deux doigts de sa mise en route. Puisque la Fédération française de handball et la Cahb l’avaient aussi validé. Elles avaient même commencé à l’implémenter par la formation des cadres et des ressources humaines. Malheureusement, ce projet là s’est endormi, alors qu’il était la solution. Puisqu’il nous donnait une vision claire. L’an 2020 étant l’année de référence pour une Côte d’Ivoire émergente, les objectifs étaient de qualifier la Côte d’Ivoire au championnat du monde et aux Jeux Olympiques de 2020. L’autre objectif de pointe, c’est que nous passions de 3000 licenciés aujourd’hui à 40 000 licenciés à l’horizon 2020. Mais il y a aussi la formation des cadres techniques et dirigeants ainsi que la rénovation des infrastructures. Si ce projet est effectivement mis en route, nous ferons comme l’Angola. C'est-à-dire, former chaque année des promotions de joueurs qui vont survivre aux dirigeants et d’encadreurs techniques.

Patrice BEKET
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