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Société Publié le vendredi 20 novembre 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Boubacar Ben Salah, Président du Syndicat des Producteurs Industriels du Bois, sur la déforestation : Nous avons l’obligation de reconstituer le couvert forestier par un volume compensatoire de ce qui a été prélevé

A la faveur de la tenue du 16 novembre au 19 novembre 2015 du Forum des Etats Généraux de la Forêt, de la Faune et des Ressources en Eau nous avons rencontré M. Boubacar Ben Salah, président du Syndicat des Producteurs Industriels de Bois (SPIB). Il dépeint la situation de la forêt ivoirienne, des difficultés et des perspectives liées à leurs activités.

La forêt ivoirienne est de plus en plus menacée. Leur disparition a des conséquences néfastes sur la planète. D’où la tenue de la COP 21 à Paris, en France du 30 novembre au 12 décembre prochain en vue de prendre des décisions courageuses pour lutter contre le changement climatique. En avez-vous conscience ?
Les industriels sont soucieux de la réglementation forestière et considèrent que la préservation des ressources naturelles et forestières est le fondement de la durabilité de leurs activités. Nous nous efforçons de rester des sociétés éco-citoyennes et pensons que la forêt doit être la prunelle de nos yeux. Nous devons alors tout faire pour la sauvegarder car chaque arbre concourt à la réduction du réchauffement climatique. C’est en cela que nous saluons la tenue prochaine de la COP 21. Acteurs du secteur bois, nous sommes préoccupés par la réduction des gaz à effet de serre. Le bois est un grand capteur de carbone, nous avons donc un rôle à jouer

L’une des idées largement établies est que les industriels du bois sont de grands fossoyeurs de la forêt. Que répondez-vous à ces accusations ?
Je précise que les opérateurs de la filière de bois industriel comme les exploitants forestiers ont l’obligation de reconstituer le couvert forestier par un volume compensatoire de ce qui a été prélevé. En plus du reboisement, nous payons des taxes diverses pour permettre aux régions d’en faire autant. Nous sommes l’un des plus gros employeurs du pays après l’administration publique. Malgré la crise qui a conduit à la fermeture de plusieurs usines après pillage, nous étions à 50.000 emplois directs. Aujourd’hui, nous sommes à 40.000 emplois directs et 200.000 indirects. En termes de chiffres d’affaires, le secteur bois génère, en me limitant aux chiffres du SPIB, environ 22 milliards de FCFA par an et 1 milliard utilisé au profit des populations riveraines pour la construction d’écoles, de centres de santé, etc. Ce sont les exploitants forestiers qui ouvrent les pistes pour le déplacement des populations à l’évacuation des produits agricoles avant l’arrivée du goudron. C’est dire combien, nous impactons qualitativement la vie des populations.

La filière bois bénéficie-t-elle d’un soutien conséquent de l’Etat en terme de fiscalité pouvant véritablement l’aider à aller de l’avant?
L’administration publique applique une fiscalité forestière très lourde et très pesante et des lois apparaissent parfois comme un doublon car ayant le même objectif. Ce qui veut dire que nous payons deux ou trois fois plus. Je prends le cas de la taxe d’abattage qui, à l’origine devait permettre de reconstituer le couvert forestier. Par la suite, nous nous sommes retrouvés avec le reboisement compensatoire, ce qui fait double emploi. Autre exemple, la Taxe d’Intérêt Général (TIGI) et la Taxe de Développement Régional (TDR). Au-delà, le véritable problème aujourd’hui, c’est que les entreprises de bois qui nécessitent de grandes surfaces sont confrontées à la redevance industrielle qui a été augmentée à 5000% dans certaines zones, ce qui vient à aggraver les charges des sociétés. Les entreprises ferment car il y a trop de taxes, trop d’impôts.

Quelles sont alors les perspectives?
Pour maintenir l’activité, les solutions existent. A ce propos, nous voudrions féliciter le ministre des Eaux et Forêts pour l’organisation du Forum des Etats Généraux de la Forêt, de la Faune et des Ressources en Eau. Nous devons analyser avec objectivité les problèmes qui se posent et y apporter des solutions courageuses et surtout durables c’est-à-dire qui prennent en compte la pérennité de l’activité forestière, la dimension agricole et le réchauffement climatique et tout ce que nous pourrons léguer aux générations futures. Je voudrais conclure en disant que la filière bois s’est approprié le programme du Président Alassane Ouattara. Nous remarquons que déjà, dans sa politique d’investissement forestier, la Côte d’Ivoire a pu capter 16 milliards de FCFA pour le reboisement. Nous attendons donc une action énergique et salutaire tant pour la continuation de nos activités que pour la redynamisation de la filière bois.

Propos recueillis par Olivier Guédé
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