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Économie Publié le mardi 8 décembre 2015 | La Synthèse

Culture du coton / Les graves effets du changement climatique: les cotonculteurs grognent

© La Synthèse Par DR
Agriculture: la Culture du coton
Nord de la Côte d’Ivoire. Un paysan ivoirien remplissant un sac de Coton
Alors que la conférence de Paris sur le changement climatique, COP21, a démarré officiellement le 30 novembre 2015, les producteurs de coton de la Côte d’Ivoire n’ont pas échappé aux affres du changement climatique qui impacte la production nationale. C’est le constat de scientifiques qui ont visité des champs de coton devenus déserts.

Le rendement national a chuté en Côte d’ Ivoire. Une situation que comprennent difficilement les paysans qui sont en pleine récolte du coton. Alors que la campagne de commercialisation a été lancée le 14 novembre 2015 par le gouvernement ivoirien. Ainsi de nombreux champs de coton du bassin cotonnier de la Côte d’Ivoire ont été frappés par le dérèglement climatique au cours de la campagne agricole 2015. Créant des incompréhensions entre cotonculteurs et sociétés cotonnières. En effet, les producteurs de coton accusent les sociétés cotonnières de leur avoir livrés des facteurs de production de mauvaise qualité (engrais herbicides…) Les sociétés cotonnières expliquent aux cotonculteurs, majoritairement analphabètes, les effets du changement climatiques qui ont fortement impactés la campagne agricole 2014-2015, a indiqué, le 02 décembre 2015 à M’bengué, SoroMagnigui Bernard, ingénieur agronome à la retraite. Pour mieux appréhender le phénomène, des investigations ont été effectuées dans les champs de coton du bassin cotonnier. Ainsi dans le département de M’bengué, des cotonculteurs de la société cotonnière Ivoire Coton ne comprennent cet état de fait. Des villages qui ont fait des rendements importants pendant la campagne commerciale dernière n’appréhendent pas ce qui leur est arrivé cette année. Pour Odantoh Ouattara, président du conseil d’administration (PCA) de la société coopérative ’’Celacé’’, située dans la sous préfecture de Niellé à l’extrême nord ivoirien, la situation est préocupante. « Nous avons des champs dont les pousses sont sèches par manque de pluie et d’autres où les tiges de coton ont grandi comme des manguiers et les capsules ont pourries à cause des pluies qui se sont succédé dans les mois où on avait pas besoin de pluie», s’est-il plaint. Il est suivi par SékongoDjakaridia directeur général de l’Union régionale des coopératives agricoles de Côte d’Ivoire (Ureccopagci ). «la pluie n’est pas venue pendant la période indiquée de semence qui a démarré du 21 mai au mois de juin 2015 . Et des paysans ont semés maintes fois pour finalement semer du maïs il faut que l’état nous aide car de nombreuses familles de cotonculteurs vivent directement ou indirectement de cette culture et vont en souffrir. La Côte d’Ivoire ne pourra pas atteindre les 450 000 tonnes comme l’année dernière», a-t-il soutenu. Selon des techniciens, agricoles et cotonculteurs rencontrés dans les villes du bassin cotonnier ivoirien (korhogo, Katiola, Niakara M’bengué, Niellé, Mankono, Séguéla ; Boundiali et Bouaké), ‘’les semis n’ont pas poussé dans certains champs à cause de l’absence de pluie’’. Et ces spécialistes de poursuivre : «Cette période est également celle des premières pluies qui arrosent les semis après la saison sèche. Or au cours de la campagne agricole, les pluies se sont faites rares. Ensuite des paysans ont semé à trois reprises sans obtenir de résultats à cause du manque de pluie. Ensuite dans d’autres champs, il y a eu beaucoup de pluies dans les mois de septembre et octobre 2015 or il devrait avoir moins de pluies ou même pas pendant cette période permettant aux capsules de se former. La pluie a fait pourrir les capsules et nous avons assisté à des tiges qui grandissent en donnant assez de feuillage. Ce qui n’est pas propice à la culture du coton». Pour vérifier ce fait, le préfet du département de M’bengué, Djiké Claude Raymond, s’est rendu dans les villages de Kannonon et de N’gandanan pour constater les faits. Les cotonculteurs ont souligné qu’ils ne pourront pas atteindre le niveau de production de l’année dernière à cause du dérèglement climatique

Pluviométrie
néfaste interdite

«Le coton n’aime pas la pluie or dans le seul mois octobre 2015, il y a eu 24 jours de pluie, chose un peu rare au nord. Ce qui a impacté la croissance des capsules. En plus, des réunions tenues à la préfecture, j’ai effectué des tournées dans les villages et les grandes zones productrices et les faits sont dramatiques partout», a expliqué le gouverneur. Takoré Denis, technicien agricole d’une société cotonnière de la zone du bassin cotonnier ivoirien, a fait fait des précisions: «Dans les mois de septembre et d’octobre 2015, en fin de cycle du cotonnier, l’on a assisté à un retour en force de la mousson là où la sécheresse devrait s’amorcer. Cette amorce de sécheresse devrait permettre aux capsules de coton de bien se former, de mûrir et de s’ouvrir correctement. Le retour de la mousson a donc provoqué le prolongement de la pluie avec des hauteurs et des nombres de jours nettement supérieurs à ceux requis pendant la fin de cycle des cotonniers.» De ce fait, a-t-il ajouté, ‘’les cotonniers ont repris leur croissance végétative au détriment de la formation, de la maturation et de l’ouverture des capsules. Cela a eu pour conséquence la chute des jeunes capsules sur les parcelles où les pieds étaient en pleine formation de capsules ; la diminution de la taille des capsules dans les parcelles en phase de maturation, l’ouverture non franche des capsules qui étaient déjà mûres’’.
Dr Coulibaly Mamadou, directeur général de la compagnie ivoirienne pour le développement textile (CIDT), a également expliqué la situation : «Ce n’est pas un déficit de pluviométrie mais un décalage car les habitudes des paysans et le calage des cultures on fait que nous n’avons pas été bien écouté si bien qu’au total c’est toute la communauté cotonnière de Côte d’Ivoire qui a eu cette année des objectifs qui n’ont pas pu être atteints à la hauteur de nos ambitions à cause du dérèglement climatique» a-t-il déclaré. «Cette année la production du coton a été pénalisée partout dans la communauté cotonnière à cause de la mauvaise pluviométrie et au changement climatique» a conclu le DG de la CIDT. Des autorités administratives des villes du bassin cotonnier de Côte d’Ivoire, sont toutes unanimes que ‘’le dérèglement climatique a affecté énormément la production nationale du coton qui va connaitre une baisse à la fin de la commercialisation, les 450 000 tonnes de l’année dernière ne pourront pas être atteintes». Alors que des milliers de familles y vivent de cette culture. La COP21, la Conférence de Paris sur le climat, qui a démarré officiellement lundi 30 novembre pour 12 jours, devra aboutir à un accord international applicable à tous les pays, dans l’objectif de limiter le réchauffement mondial à 2 degrés Celsius d’ici 2100.Un sujet préoccupant en Afrique, la principale victime des changements climatiques selon la COP21.

Par Elie KONE
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