Vous avez dit pays plus réformateur au monde ? Oui, notre pays est champion des réformes depuis l’avènement des républicains en 2011. Les membres de notre gouvernement s’en sont régulièrement vantés. Depuis que nous sommes là, nous avons mené plusieurs réformes et dans tous les domaines de la vie nationale. Ne cessent de dire nos chers gouvernants s’ils ne vantent les chiffres d’une croissance à deux chiffres. Qu’à cela ne tienne. Une chose est d’entreprendre des réformes. Mais encore faut-il que celles-ci aient l’impact escompté sur la société ivoirienne. A la mi-juillet 2015, à la fin d’un séminaire gouvernemental, le chef de l’Etat annonçait à la joie de tous que l’école devenait désormais obligatoire en Côte d’Ivoire. Que la mesure s’appliquerait dès la rentrée 2015/2016. Quelque quatre mois après l’ouverture des classes où en est-on avec cette mesure ? Pas bien loin. Un simple constat sur le terrain permet de se rendre compte que, dans nos villes comme dans nos villages, plusieurs enfants en âge d’aller à l’école restent désespérément à la maison faute de places dans les établissements qui étaient censés les accueillir ou par simple refus des parents de scolariser leurs enfants. Ils croient encore en une certaine tradition hostile à l’école pour sacrifier l’avenir de leurs mômes, disons l’avenir de toute une génération et en toute impunité. Parce que si le projet de l’école obligatoire a été dévoilé, les mesures d’accompagnement n’ont pas suivi la volonté exprimée. Celle d’investir la bagatelle de 700 milliards de nos francs dans cet ambitieux projet. Entre juillet et décembre 2015, aucun bilan à mi-parcours n’est encore disponible mais il serait surprenant que l’on ait atteint la moitié de ce budget (350 milliards de FCFA) en termes d’investissement, six mois après la décision. Nos planificateurs peuvent-ils nous en dire quelque chose ? On est bien soucieux à l’idée que cette ambition du chef de l’Etat ne rejoigne bien d’autres déjà au cimetière des réformes : l’interdiction du téléphone au volant, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’école gratuite, l’eau potable pour tous, la réforme du système de santé… Comme quoi, au pays des réformes spectaculaires on s’en fout du suivi des décisions.
S. DEBAILLY
S. DEBAILLY