Mesdames et messieurs les journalistes, cette rencontre devait se tenir depuis la semaine dernière. Nous l’avons reportée à aujourd’hui afin de respecter la mémoire des victimes de l’attaque terroriste que la Côte d’Ivoire a connu le dimanche 13 mars dernier. Suite à cette attaque, le gouvernement a décrété 3 jours de deuil national que nous nous devions de respecter afin de pleurer avec toute la Côte d’Ivoire dans sa diversité. Je voulais donc dire cela afin de vous faire voir déjà, certaines valeurs que nous véhiculons. Il s’agit de l’union, de l’entente, de la solidarité et de la fraternité.
Mesdames et messieurs les journalistes, cette rencontre de ce matin vous concerne au premier chef car premièrement, c’est vous qui portez l’information. Deuxièmement, dans les crises successives que nous avons connues en Côte d’Ivoire, vous êtes chaque fois cités. Ce matin, nous sommes devant vous, pour vous donner les clés qui vont taire toutes les accusations dont vous êtes l’objet. Cependant, souffrez que je salue nos invités et le publique qui se sont massivement déplacées pour venir être témoins de ce vaste mouvement de rassemblement des Ivoiriens pour la paix.
Mesdames et messieurs les invités, chères sœurs et frères ivoiriens ; merci de votre présence si distinguée à ce point de presse. Votre participation à cette rencontre avec la presse exprime, si je ne m’abuse, votre souhait de voir les Ivoiriens se pardonner et vivre ensemble dans la paix. Au nom du Bureau National, ici présent, je vous remercie d’être avec nous et d’avoir accepté notre message.
Ivoiriennes, ivoiriens ;
Amis de la Côte d’Ivoire ;
Mesdames et messieurs de la presse.
Nous sommes réunis ce jeudi 24 mars 2016 dans cette salle afin d’exprimer notre volonté de paix. C’est tout un symbole.
Le mois de mars est porteur de grands évènements dans notre pays. En effet, c’est en mars, précisément le 10 mars 1893 que la colonie de la Côte d’Ivoire a été créée. C’est également dans ce mois de mars que les évènements qui vont conduire à l’instauration du multipartisme dans notre pays, vont débuter. Le premier président l’a voulu ainsi pour que la démocratie soit une réalité dans notre pays. Tous, nous savons qui est le Président Félix Houphouët Boigny pour la paix et son rapport à la paix. Je voudrais donc, à ce moment de mon propos que nous nous levions pour marquer une minute de silence en son honneur mais également, pour les victimes des violences en Côte d’Ivoire et particulièrement pour celles de l’attaque terroriste de Bassam.
(Je vous remercie)…après la minute de silence.
Mesdames et messieurs de la presse ;
Mesdames et messieurs.
L’évocation du nom du président Houphouët n’est pas fortuite. En effet, les Ivoiriens ont semble-t-il, oublié les valeurs qu’il nous a enseignées. Celle-ci se résume pour l’essentiel en un culte pour la paix et la coexistence pacifique entre les Ivoiriens et avec les frères et sœurs qui nous font l’amitié de partager notre terre de Côte d’Ivoire.
A la mort du Président Houphouët, les trois personnalités clés du régime sont entrées en conflit. Les héritiers du vieux ce sont livrés une guerre farouche et sans merci qui a vu la victoire à chaque fois de chacun des protagonistes. Le Dauphin constitutionnel d’Houphouët, le Président Bédié est d’abord sorti vainqueur. Ensuite, ce fût au tour du Général Guei de venir au pouvoir. Le 24 décembre 1999, la Côte d’Ivoire, pays de paix et prospère en Afrique de l’ouest, connait son premier coup d’état. Ce renversement entraîne la chute du régime du Président Bédié. Ce coup d’état a vu l’installation d’un régime militaire dirigé par le Général Guéi Robert. Il occupait le poste de chef d’état major dans le dispositif de défense du régime laissé par Houphouët. Englué dans leur bataille, ils vont se voir prendre le pouvoir par le chef de l’opposition d’alors, le Président Gbagbo.
Le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo est élu président de la république de Côte d’Ivoire. Soucieux de préserver la cohésion sociale et l’unité nationale, il organise en Octobre 2001 un forum de réconciliation nationale réunissant toutes les forces vives du pays pour sortir de l’impasse politique. Le 19 Septembre 2002, la Côte d’Ivoire subit une tentative de Coup d’Etat qui se transforme en une rébellion armée et occupe la moitié de la Côte d’Ivoire. Le Nord du pays est contrôlé par les insurgés.
Pour sortir de la crise politique et militaire plusieurs négociations de paix ont eu lieu sous l’égide de la France, de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’ONU. Ce sont: [Lomé(2002)], [Linas Marcoussis en France(2003)], [Accra(2004)], [Pretoria(2005].
En Mars 2007, encore le mois de mars, la crise aboutit aux accords politiques de Ouagadougou, à l’initiative du Président Laurent GBAGBO, qui sont un compromis entre les acteurs essentiels nationaux de la crise. Ces accords ont permis la formation d’un gouvernement d’union où le Premier Ministre nommé est M. Guillaume SORO.
Mesdames et messieurs les journalistes ;
La démocratie que nous avons voulu avoir s’est transformée, par la faute d’une lutte égocentrique pour le pouvoir, en un gigantesque tombeau qui se referme depuis plus d’une dizaine d’année sur de nombreux Ivoiriens.
La politique que nous pratiquons est devenue un champ de bataille où les plus bruyants trucident les moins disant.
Notre volonté de prendre le pouvoir par tous les moyens, nous conduit à créer la division au sein de nos communautés.
Notre envie de voir nos adversaires périr sur l’hôtel de nos ambitions, nous poussent à manigancer les plus sombres catastrophes de leur perte.
Nos intérêts nous portent tellement à l’esprit que nous rusons avec la réconciliation et le pardon.
Ainsi, chaque jour qui passent voient s’éloigner l’espoir d’une paix certaine et définitive.
Chaque jour qui finit, finit de nous faire croire que nous ne sommes pas à l’abri d’autres crises.
Chaque temps qui s’égrène, égrène nos chapelets de misères et nous plongent dans l’anxiété.
Chaque instant de l’actualité juridique de notre histoire est un moment d’humiliation de notre pays et de son peuple.
Chaque situation que nous vivons nous fait craindre le pire.
Mesdames et messieurs de la presse ;
Mesdames et messieurs.
Disons tous en cœur, ça suffit !
Nous voulons vivre en paix.
Il nous faut revenir aux enseignements du père fondateur afin d’exploiter l’héritage qu’il nous a légué.
Il nous faut enseigner le vivre ensemble qui jadis à fait de notre pays, un havre de paix.
Il nous faut apprendre à pardonner et à faire le sacrifice de la paix. C’est la clé que nous vous offrons mesdames et messieurs les journalistes. Il faut apprendre à demander pardon même quand on estime qu’on a raison. Il faut apprendre à demander pardon même quand on demeure convaincu d’avoir la force avec sois.
Mesdames et messieurs les journalistes ;
Mesdames et messieurs.
Nous sommes ici ce matin pour venir apprendre à la Côte d’Ivoire d’avoir la culture du pardon. Cela abouti nécessairement à la réconciliation.
Le pardon se situe, comme le disent les spécialistes des sciences sociaux, dans le champ des actes volontaires. Dans le pardon, il ya reconnaissance de la responsabilité de l’offenseur et la volonté libre de l’offensé.
Le pardon n’est pas l’oubli car si on n’a oublié, à quoi sert-il de pardonner ? La valeur du pardon se mesure à la gravité de la faute. C’est pourquoi nous disons que le pardon n’implique pas l’effacement de la faute mais son dépassement. On ne pardonne pas la faute car c’est la personne qu’on pardonne. Dans ces conditions, le pardon est une œuvre qui demande du temps.
Pardonner suppose toujours qu’il existe une relation. Le pardon nous met en face de quelqu’un. Si la vie se structure par les relations, le pardon en est la plus grande épreuve. Il prouve la solidité de la relation et par conséquent, la qualité de la vie.
Les sciences humaines nous ont appris que tout acte libre et personnel, bon ou mauvais, se trouve co-déterminé par des circonstances historiques, politiques, psychologiques et sociales. Le pardon implique une relation de dépendance : celui qui désire être pardonné dépend donc socialement des autres. Celui qui pardonne est reconnu supérieur car comme le dit l’adage : « le pardon est l’arme des forts ». L’aptitude à pardonner à autrui ou à soi-même est une marque de maturité. Elle présente un progrès considérable par rapport au désir de vengeance. C’est pourquoi, l’action que nous menons interpelle tout le monde. Nous sommes embarqués dans le même bateau qui peut prendre l’eau de toute part si nous naviguons à contre courant.
Mesdames et messieurs ;
Une des trois fonctions fondamentales de l’homme est la fonction royale, terme symbolique qui désigne la tâche de rassembler et de gouverner. Il n’y a pas de gouvernement sans rassemblement. Il n’y a pas aussi de rassemblement sans réconciliation, tout comme il n’y a pas de réconciliation sans pardon. Tout est lié et enchevêtré.
La grande difficulté des responsables politiques, c’est de ne voir la politique qu’en termes de pouvoir de gouvernement.
Il s’agit pour nos responsables, non seulement de gouverner dans le sens de diriger mais d’organiser et de gérer les rapports entre les populations. Il s’agit pour les citoyens de vivre en bonne entente. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire de se mettre à l’écoute de l’autre avec respect. Il faut tendre l’oreille et être attentif aux cris de l’autre afin d’avoir l’entente.
L’entente ne veut pas dire accord car l’accord parfait n’existe qu’en musique. Cependant, c’est grâce à la somme des accords imparfaits que le chef d’orchestre réussit l’harmonie. Le chef d’orchestre n’exclue pas. Il harmonise les musiciens et les instruments.
Le pardon et la réconciliation sont indispensables dans la vie politique. Il va s’en dire que la réconciliation sera portée par la base et nous sommes déterminés à la faire, les femmes et les hommes qui m’accompagnent dans cette aventure.
C’est cette détermination qui a fait naitre le Comité Ivoirien pour la Pardon et la Réconciliation en abrégé CIPR.
Comme vous pouvez le voir, le comité est un rassemblement de personnes de tout bord qui œuvre pour le pardon et la réconciliation. Notre intention est de créer un vaste mouvement en faveur du pardon et de la réconciliation afin d’aboutir à une paix certaine.
Selon l’article 2 de nos statuts, la création du CIPR s’inscrit dans le constat que font les Africains de ce que les guerres et les fractures sociales retardent leur développement. Son but est de rassembler et d’unir les ivoiriens de tout bord en vue :
• De susciter le pardon entre tous les habitants de la Côte d’Ivoire afin d’aboutir à la réconciliation et à la concorde ;
• De mener des actions en faveur du rapprochement entre les protagonistes des crises en Côte d’Ivoire ;
• D’initier des actions de réconciliations ;
• De sensibiliser les populations ivoiriennes et la communauté internationale sur la nécessité de construire une paix durable par le pardon et la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ;
• De montrer au monde entier la volonté des ivoiriens à se pardonner et à aller inexorablement vers la paix ;
• D’œuvrer à ce que les ivoiriens de tous bords se retrouvent et revivent ensemble de façon paisible ;
• De rechercher la paix de manière permanente ;
• D’éveiller, d’impliquer et d’interpeller en permanence les intellectuels, les décideurs, les forces vives et motrices et toute la population sur les questions jugées essentiels pour une paix durable en Côte d’Ivoire ;
• D’informer et d’éduquer la population afin qu’elle s’implique dans le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire.
Mesdames et mesieurs de la presse ;
Mesdames et messieurs.
Voila les actions que compte mener le CIPR à court, long et moyen terme. La réconciliation et le pardon seront portés par les populations elles-mêmes, qui demeurent les premières victimes des contradictions politiques. Nous iront partout à travers la Côte d’Ivoire et en dehors pour que, selon notre constitution, plus aucun ivoirien ne soit contraint à l’exil. Le CIPR, mouvement apolitique, va rassembler les ivoiriens autour du pardon et de la réconciliation, des éléments essentiel pour le développement de notre pays.
Que Dieu bénisse notre pays et ses habitants.
Mesdames et messieurs les journalistes, cette rencontre de ce matin vous concerne au premier chef car premièrement, c’est vous qui portez l’information. Deuxièmement, dans les crises successives que nous avons connues en Côte d’Ivoire, vous êtes chaque fois cités. Ce matin, nous sommes devant vous, pour vous donner les clés qui vont taire toutes les accusations dont vous êtes l’objet. Cependant, souffrez que je salue nos invités et le publique qui se sont massivement déplacées pour venir être témoins de ce vaste mouvement de rassemblement des Ivoiriens pour la paix.
Mesdames et messieurs les invités, chères sœurs et frères ivoiriens ; merci de votre présence si distinguée à ce point de presse. Votre participation à cette rencontre avec la presse exprime, si je ne m’abuse, votre souhait de voir les Ivoiriens se pardonner et vivre ensemble dans la paix. Au nom du Bureau National, ici présent, je vous remercie d’être avec nous et d’avoir accepté notre message.
Ivoiriennes, ivoiriens ;
Amis de la Côte d’Ivoire ;
Mesdames et messieurs de la presse.
Nous sommes réunis ce jeudi 24 mars 2016 dans cette salle afin d’exprimer notre volonté de paix. C’est tout un symbole.
Le mois de mars est porteur de grands évènements dans notre pays. En effet, c’est en mars, précisément le 10 mars 1893 que la colonie de la Côte d’Ivoire a été créée. C’est également dans ce mois de mars que les évènements qui vont conduire à l’instauration du multipartisme dans notre pays, vont débuter. Le premier président l’a voulu ainsi pour que la démocratie soit une réalité dans notre pays. Tous, nous savons qui est le Président Félix Houphouët Boigny pour la paix et son rapport à la paix. Je voudrais donc, à ce moment de mon propos que nous nous levions pour marquer une minute de silence en son honneur mais également, pour les victimes des violences en Côte d’Ivoire et particulièrement pour celles de l’attaque terroriste de Bassam.
(Je vous remercie)…après la minute de silence.
Mesdames et messieurs de la presse ;
Mesdames et messieurs.
L’évocation du nom du président Houphouët n’est pas fortuite. En effet, les Ivoiriens ont semble-t-il, oublié les valeurs qu’il nous a enseignées. Celle-ci se résume pour l’essentiel en un culte pour la paix et la coexistence pacifique entre les Ivoiriens et avec les frères et sœurs qui nous font l’amitié de partager notre terre de Côte d’Ivoire.
A la mort du Président Houphouët, les trois personnalités clés du régime sont entrées en conflit. Les héritiers du vieux ce sont livrés une guerre farouche et sans merci qui a vu la victoire à chaque fois de chacun des protagonistes. Le Dauphin constitutionnel d’Houphouët, le Président Bédié est d’abord sorti vainqueur. Ensuite, ce fût au tour du Général Guei de venir au pouvoir. Le 24 décembre 1999, la Côte d’Ivoire, pays de paix et prospère en Afrique de l’ouest, connait son premier coup d’état. Ce renversement entraîne la chute du régime du Président Bédié. Ce coup d’état a vu l’installation d’un régime militaire dirigé par le Général Guéi Robert. Il occupait le poste de chef d’état major dans le dispositif de défense du régime laissé par Houphouët. Englué dans leur bataille, ils vont se voir prendre le pouvoir par le chef de l’opposition d’alors, le Président Gbagbo.
Le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo est élu président de la république de Côte d’Ivoire. Soucieux de préserver la cohésion sociale et l’unité nationale, il organise en Octobre 2001 un forum de réconciliation nationale réunissant toutes les forces vives du pays pour sortir de l’impasse politique. Le 19 Septembre 2002, la Côte d’Ivoire subit une tentative de Coup d’Etat qui se transforme en une rébellion armée et occupe la moitié de la Côte d’Ivoire. Le Nord du pays est contrôlé par les insurgés.
Pour sortir de la crise politique et militaire plusieurs négociations de paix ont eu lieu sous l’égide de la France, de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’ONU. Ce sont: [Lomé(2002)], [Linas Marcoussis en France(2003)], [Accra(2004)], [Pretoria(2005].
En Mars 2007, encore le mois de mars, la crise aboutit aux accords politiques de Ouagadougou, à l’initiative du Président Laurent GBAGBO, qui sont un compromis entre les acteurs essentiels nationaux de la crise. Ces accords ont permis la formation d’un gouvernement d’union où le Premier Ministre nommé est M. Guillaume SORO.
Mesdames et messieurs les journalistes ;
La démocratie que nous avons voulu avoir s’est transformée, par la faute d’une lutte égocentrique pour le pouvoir, en un gigantesque tombeau qui se referme depuis plus d’une dizaine d’année sur de nombreux Ivoiriens.
La politique que nous pratiquons est devenue un champ de bataille où les plus bruyants trucident les moins disant.
Notre volonté de prendre le pouvoir par tous les moyens, nous conduit à créer la division au sein de nos communautés.
Notre envie de voir nos adversaires périr sur l’hôtel de nos ambitions, nous poussent à manigancer les plus sombres catastrophes de leur perte.
Nos intérêts nous portent tellement à l’esprit que nous rusons avec la réconciliation et le pardon.
Ainsi, chaque jour qui passent voient s’éloigner l’espoir d’une paix certaine et définitive.
Chaque jour qui finit, finit de nous faire croire que nous ne sommes pas à l’abri d’autres crises.
Chaque temps qui s’égrène, égrène nos chapelets de misères et nous plongent dans l’anxiété.
Chaque instant de l’actualité juridique de notre histoire est un moment d’humiliation de notre pays et de son peuple.
Chaque situation que nous vivons nous fait craindre le pire.
Mesdames et messieurs de la presse ;
Mesdames et messieurs.
Disons tous en cœur, ça suffit !
Nous voulons vivre en paix.
Il nous faut revenir aux enseignements du père fondateur afin d’exploiter l’héritage qu’il nous a légué.
Il nous faut enseigner le vivre ensemble qui jadis à fait de notre pays, un havre de paix.
Il nous faut apprendre à pardonner et à faire le sacrifice de la paix. C’est la clé que nous vous offrons mesdames et messieurs les journalistes. Il faut apprendre à demander pardon même quand on estime qu’on a raison. Il faut apprendre à demander pardon même quand on demeure convaincu d’avoir la force avec sois.
Mesdames et messieurs les journalistes ;
Mesdames et messieurs.
Nous sommes ici ce matin pour venir apprendre à la Côte d’Ivoire d’avoir la culture du pardon. Cela abouti nécessairement à la réconciliation.
Le pardon se situe, comme le disent les spécialistes des sciences sociaux, dans le champ des actes volontaires. Dans le pardon, il ya reconnaissance de la responsabilité de l’offenseur et la volonté libre de l’offensé.
Le pardon n’est pas l’oubli car si on n’a oublié, à quoi sert-il de pardonner ? La valeur du pardon se mesure à la gravité de la faute. C’est pourquoi nous disons que le pardon n’implique pas l’effacement de la faute mais son dépassement. On ne pardonne pas la faute car c’est la personne qu’on pardonne. Dans ces conditions, le pardon est une œuvre qui demande du temps.
Pardonner suppose toujours qu’il existe une relation. Le pardon nous met en face de quelqu’un. Si la vie se structure par les relations, le pardon en est la plus grande épreuve. Il prouve la solidité de la relation et par conséquent, la qualité de la vie.
Les sciences humaines nous ont appris que tout acte libre et personnel, bon ou mauvais, se trouve co-déterminé par des circonstances historiques, politiques, psychologiques et sociales. Le pardon implique une relation de dépendance : celui qui désire être pardonné dépend donc socialement des autres. Celui qui pardonne est reconnu supérieur car comme le dit l’adage : « le pardon est l’arme des forts ». L’aptitude à pardonner à autrui ou à soi-même est une marque de maturité. Elle présente un progrès considérable par rapport au désir de vengeance. C’est pourquoi, l’action que nous menons interpelle tout le monde. Nous sommes embarqués dans le même bateau qui peut prendre l’eau de toute part si nous naviguons à contre courant.
Mesdames et messieurs ;
Une des trois fonctions fondamentales de l’homme est la fonction royale, terme symbolique qui désigne la tâche de rassembler et de gouverner. Il n’y a pas de gouvernement sans rassemblement. Il n’y a pas aussi de rassemblement sans réconciliation, tout comme il n’y a pas de réconciliation sans pardon. Tout est lié et enchevêtré.
La grande difficulté des responsables politiques, c’est de ne voir la politique qu’en termes de pouvoir de gouvernement.
Il s’agit pour nos responsables, non seulement de gouverner dans le sens de diriger mais d’organiser et de gérer les rapports entre les populations. Il s’agit pour les citoyens de vivre en bonne entente. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire de se mettre à l’écoute de l’autre avec respect. Il faut tendre l’oreille et être attentif aux cris de l’autre afin d’avoir l’entente.
L’entente ne veut pas dire accord car l’accord parfait n’existe qu’en musique. Cependant, c’est grâce à la somme des accords imparfaits que le chef d’orchestre réussit l’harmonie. Le chef d’orchestre n’exclue pas. Il harmonise les musiciens et les instruments.
Le pardon et la réconciliation sont indispensables dans la vie politique. Il va s’en dire que la réconciliation sera portée par la base et nous sommes déterminés à la faire, les femmes et les hommes qui m’accompagnent dans cette aventure.
C’est cette détermination qui a fait naitre le Comité Ivoirien pour la Pardon et la Réconciliation en abrégé CIPR.
Comme vous pouvez le voir, le comité est un rassemblement de personnes de tout bord qui œuvre pour le pardon et la réconciliation. Notre intention est de créer un vaste mouvement en faveur du pardon et de la réconciliation afin d’aboutir à une paix certaine.
Selon l’article 2 de nos statuts, la création du CIPR s’inscrit dans le constat que font les Africains de ce que les guerres et les fractures sociales retardent leur développement. Son but est de rassembler et d’unir les ivoiriens de tout bord en vue :
• De susciter le pardon entre tous les habitants de la Côte d’Ivoire afin d’aboutir à la réconciliation et à la concorde ;
• De mener des actions en faveur du rapprochement entre les protagonistes des crises en Côte d’Ivoire ;
• D’initier des actions de réconciliations ;
• De sensibiliser les populations ivoiriennes et la communauté internationale sur la nécessité de construire une paix durable par le pardon et la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ;
• De montrer au monde entier la volonté des ivoiriens à se pardonner et à aller inexorablement vers la paix ;
• D’œuvrer à ce que les ivoiriens de tous bords se retrouvent et revivent ensemble de façon paisible ;
• De rechercher la paix de manière permanente ;
• D’éveiller, d’impliquer et d’interpeller en permanence les intellectuels, les décideurs, les forces vives et motrices et toute la population sur les questions jugées essentiels pour une paix durable en Côte d’Ivoire ;
• D’informer et d’éduquer la population afin qu’elle s’implique dans le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire.
Mesdames et mesieurs de la presse ;
Mesdames et messieurs.
Voila les actions que compte mener le CIPR à court, long et moyen terme. La réconciliation et le pardon seront portés par les populations elles-mêmes, qui demeurent les premières victimes des contradictions politiques. Nous iront partout à travers la Côte d’Ivoire et en dehors pour que, selon notre constitution, plus aucun ivoirien ne soit contraint à l’exil. Le CIPR, mouvement apolitique, va rassembler les ivoiriens autour du pardon et de la réconciliation, des éléments essentiel pour le développement de notre pays.
Que Dieu bénisse notre pays et ses habitants.