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Politique Publié le lundi 13 juin 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Charles Gnaoré, président de la Force 2015, prévient : Il ne faut pas attendre l’adoption de la nouvelle Constitution pour lui trouver des défauts

© L’intelligent d’Abidjan Par J. B.
Présidence du RJR: conférence de presse du candidat Kangbé Charles-Lopez dit Charles Gnaoré
Samedi 06 septembre 2014. Abidjan. Le candidat à la présidence du Rassemblement des Républicains (RJR), Kangbé Charles-Lopez dit Charles Gnaoré (photo) a animé une conférence de presse. Deux (2) candidats jusque-là en lice ont annoncé leur ralliement autour de sa candidature.
Kangbé Charles Lopez alias Charles Gnaoré est le président de la Fédération des organisations républicaines pour la cohésion et l’émergence 2015 (Force 2015). A ce titre, il a participé à la rencontre à huis clos du président de la République avec les organisations de celui-ci, dans le cadre des consultations du chef de l’Etat pour la mise en place de la nouvelle Constitution de la 3e République. Dans cet entretien, il confie tout sur cette rencontre et invite les jeunes à s’intéresser au projet d’élaboration de cette Constitution qui sera soumise à référendum.

Dans le cadre de ses consultations pour la mise en place de la Constitution de la 3e République, vous étiez à la rencontre entre le chef de l’Etat et les organisations de la société civile. A quel titre la Force 2015 était présente à cette rencontre ?
Avant tout, la Force 2015 est actrice et membre de la société civile. La Force 2015 est constituée à 90% de jeunes. Cette rencontre était dédiée à la société civile, aux organisations de jeunes et de femmes. C’est ce qui a justifié notre présence à cette rencontre où nous avons conduit une délégation de responsables de plusieurs mouvements de jeunes.

Qu’est-ce que vous pouvez nous confier sur cette rencontre à huis clos entre le chef de l’Etat et la société civile ?
Le chef de l’Etat a donné les grandes lignes des innovations qu’il compte apporter dans la nouvelle Constitution qui ouvrira la 3e République. A travers certaines organisations, la société civile a fait des propositions. De notre côté, ce qu’il faut retenir est que le président de la République veut que la nouvelle Constitution puisse prendre en compte le poste de vice-président. Cela, nous le pensons, va régler définitivement les questions de succession à la présidence de la République dans notre pays. Ensuite, il a souhaité que soit créée la deuxième Chambre du parlement, c’est-à-dire le Sénat. Pour le Sénat, il faut songer à ce que si le 1/3 est nommé, les 2/3 soient élus. Tout cela, pour permettre une certaine autonomie du pouvoir législatif afin de mieux contrôler l’exécutif, l’action gouvernementale. Nous pensons que cela est une bonne chose qui va contribuer à la démocratie. Il a également dit qu’il fallait institutionnaliser la Cour des rois et chefs traditionnels. Ce qui nous semble important en raison du rôle primordial joué par les rois et chefs traditionnels dans notre société. Globalement, le président de la République nous a rassurés que le modèle de Constitution qu’il va nous proposer va nous tourner définitivement vers la démocratie et vers les nations développées. Nous faisons confiance à Alassane Ouattara car il est une valeur de ce monde.

Selon ce que nous ont confié des participants à cette rencontre, les débats ont surtout tourné autour de la vice-présidence, de la limitation du mandat présidentiel, de l’âge d’éligibilité et d’autres conditions relatives à la succession à la présidence de la République. Ces débats ne risquent-ils pas de détourner l’attention des Ivoiriens, alors que d’autres éléments impopulaires pourraient être glissés dans cette nouvelle Constitution ?
Je suis parfaitement d’accord avec vous. Et je décrie le fait que certains Ivoiriens se focalisent sur les articles concernant seulement la présidence de la République. La Constitution est un ensemble de lois. Elle ne concerne pas seulement l’élection du président de la République. Elle prend en compte également la gestion de nos communes et de nos régions, les traités et accords internationaux, la Médiature, le Conseil économique et social. En somme, la Constitution, c’est la vie de notre pays. Elle est ce qui détermine la marche de notre nation vers le développement et la démocratie. C’est pour cela que nous, les jeunes, devrons en prendre conscience et nous intéresser à l’élaboration de cette nouvelle Constitution pour faire des propositions. Il ne faudrait pas attendre l’adoption de cette nouvelle Constitution pour lui trouver des défauts. C’est l’ensemble de ce que va comporter la nouvelle Constitution qui doit nous intéresser. Certes, il est important de savoir comment sera élu et les critères que doit remplir celui qui va diriger la nation. Mais la vie en société, ce n’est pas seulement la présidence de la République.

Quelles sont donc vos propositions fortes pour cette nouvelle Constitution?
D’abord, je pense qu’il faut limiter le mandat des députés et des élus locaux. Car depuis notre naissance, des députés ou maires sont toujours à leurs postes. Il faut pouvoir mettre fin à cela que j’appelle une hégémonie. A l’image de la présidence de la République, je propose que les députés et élus locaux aient un mandat renouvelable une seule fois. Et nous souhaitons également que des dispositions soient prises pour ne pas qu’une personne soit député et maire en même temps. Il faut mettre fin au cumul de postes électifs pour permettre à toutes les intelligences ivoiriennes de participer à la vie politique. Par la même occasion, si un ministre se fait élire à un scrutin local, la Constitution doit le contraigne à démissionner du gouvernement pour se consacrer à la gestion de sa région. Nous sommes contre le fait de confier la gestion d’une région à un Conseiller d’un élu. Par ailleurs, pour nous, l’âge pour être candidat à la présidence de la République doit être ramené à 35 ans minimum. A ce niveau, nous pensons aussi que l’âge limite doit être 70 ans maximum. Au niveau des traités et accords internationaux, il faut prendre en compte un phénomène nouveau qui est le terrorisme. Notre nouvelle Constitution gagnerait à prendre des textes en la matière de sorte que nous ayons une réaction appropriée contre les terroristes.

Il faut noter que le Conseil économique et social ne fonctionne pas. Il existe déjà la primature et le parlement. On évoque maintenant la création de la vice-présidence, sans parler de la disparition de la primature. A cela, s’ajoutera le Sénat. Est-ce que ça ne ferait pas beaucoup pour un pays comme la Côte d’Ivoire ? La vice-présidence et le Sénat ne seront-ils pas des institutions léthargiques en plus pour caser des amis politiques ?
Je fais confiance au Dr Alassane Ouattara. Pour l’instant, il a fait des propositions pour aider le Comité des experts à travailler sur le projet de Constitution qui nous sera présenté. A mon avis, il faut donner la place qui sied à toutes les institutions de l’Etat. Il faut leur donner du contenu. D’ailleurs, Alassane Ouattara a dit que le Conseil économique et social va s’intéresser désormais à la Culture, à l’Economie sociale, au Sport, etc. Et cela est important. Et je sais que la nouvelle Constitution va donner du contenu aux nouvelles institutions et à celles qui n’en avaient pas. Je sais que chaque institution aura un rôle bien déterminé et déterminant à jouer.

Afin d’y associer toutes les intelligences nécessaires, certaines personnes pensent que le président de la République aurait dû attendre la fin de ses consultations avant de mettre sur pied le Comité des experts censé élaborer le projet de la nouvelle Constitution. N’est-ce pas votre avis?
La Côte d’Ivoire ne vient pas de sortir de la colonisation. Ce n’est pas maintenant qu’elle va élaborer sa première Constitution. Nous voulons élaborer une nouvelle Constitution pour aller à la 3e République. Ce qui veut dire qu’il existe déjà une Constitution. Le problème est que cette Constitution a besoin d’être nettoyée. Certains de ses articles ont besoin d’être raffermis ou revus. C’est le rôle confié au Comité des experts. Bien entendu, le délai d’un mois a été donné à ce comité. Mais, on ira certainement au-delà de ce délai car les consultations se poursuivent. Je pense que ce comité travaille présentement sur la mise en place de la nouvelle Constitution. Il va prendre en compte toutes les propositions qui seront faites. Et dans un ou deux mois, nous aurons le projet de la nouvelle Constitution. Je pense que la méthode du président du République est bonne car une Constitution existe déjà. Il fallait commencer à travailler sur la Constitution et prendre ensuite les propositions pour élaborer le projet de la nouvelle Constitution.

La limitation du mandat est une autre préoccupation de certains Ivoiriens dans la rédaction de la nouvelle Constitution. Des personnes ont encore des doutes sur la parole d’Alassane Ouattara qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne sera plus candidat à la présidence de la République. Quelle est votre opinion sur la question ?
Je n’ai jamais douté du Dr Alassane Ouattara. Il a lui-même dit plusieurs fois qu’il est à son dernier mandat. Je lui fais confiance. Et je sais qu’il veut ce qui est bon pour la Côte d’Ivoire. Il va respecter ce qu’il a dit car il est un homme de parole et d’honneur.

La Commission électorale indépendante (Cei) a prévu l’opération de renouvellement du fichier électoral du 25 juin au 24 juillet 2016, en vue du référendum, des législatives et des élections locales à venir. Elle a demandé le soutien des groupements et partis politiques pour cette opération. Est-ce que la Force 2015 compte s’engager également pour la sensibilisation et la mobilisation des Ivoiriens autour de cette opération ?
Effectivement, en ce qui concerne la Force 2015, nous nous préparons pour cela. Dans le cadre également de cette union des mouvements Rhdp que nous sommes en train de mettre en place, nous prévoyons rencontrer nos populations pour demander à celles qui n’ont pas pu se faire inscrire sur la liste électorale précédente d’aller le faire. Nous irons aussi vers les nouveaux majeurs pour leur parler de l’importance de participer à la vie politique de leur pays, et donc d’être inscrit sur la liste électorale. Nous aurons des rencontres, nous ferons des tournées, nous animerons des conférences dans ce sens.

Avant l’élection présidentielle de 2015, il y a avait eu des griefs concernant des doublons sur la liste électorale précédente. Quel message pouvez-vous lancer à ces personnes qui avaient détecté des doublons sur cette liste, à l’occasion de la révision du fichier électoral ?
Je fais confiance à la Cei. D’ailleurs, personnellement, je n’ai pas vu ou été saisi à cette période de cas de doublons sur la liste électorale. Mais, il faut comprendre que nous sommes dans une société complexe. Il existe, par exemple, des milliers de Traoré Drissa, de Kouassi Kouamé, des centaines de Séry Adolphe et autres. Il ne faudrait donc pas se limiter à un nom sans comprendre la lignée de cette personne pour dire qu’il y a doublon. Je pense que le travail de la Cei a été fait de façon sérieuse, pointue. Et c’est une aubaine pour certaines personnes de se faire inscrire sur la liste électorale. C’est également une aubaine pour l’opposition. On aurait été dans une nation monarchique, dictatoriale que l’exécutif aurait pu faire pression sur la Cei pour bloquer la révision de la liste électorale car l’opposition a récemment boycotté cette opération.

La nouvelle Constitution rentrera en vigueur en 2020, alors qu’elle sera votée cette année. Qu’en pensez-vous ?
La nouvelle Constitution pour la 3e République n’est pas encore élaborée. Nous ne pouvons donc pas dire quand est-ce qu’elle sera appliquée. Mais ce n’est pas possible de penser à une chose d’une telle importance et estimer que c’est dans plusieurs années à venir qu’elle sera mise en application. En même temps, il faudrait comprendre que 2020 est à la fois loin et proche. Cette Constitution va venir régler certaines crises que notre pays a connues autour de l’élection présidentielle. Il faut donc anticiper.

Que retenir, en somme, de l’initiative du président de la République de doter la Côte d’Ivoire d’une nouvelle Constitution pour passer à la 3e République?
Il faut retenir que la Côte d’Ivoire avait une Constitution qui lui a créé beaucoup de soucis. Puisque nous avons aujourd’hui une population mature et l’ambition de devenir une nation émergente, il est bon d’aller à une nouvelle Constitution et donc à une 3e République. Et nous sommes d’accord avec le chef de l’Etat. En ce qui concerne notamment l’article 35 qui dit que le candidat à la présidence de la République doit être ivoirien né de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens, pour nous ça suffit. Car des exemples nous sont donnés dans plusieurs grands pays comme les Etats-Unis d’Amérique avec le président, en Angleterre avec le maire de Londres, en France avec certains élus. Nous avons besoin d’évoluer parce que nous sommes une nation de métissage. Il faut permettre à tous les fils de cette nation, dès qu’ils sont Ivoiriens, de pouvoir accéder à des postes électifs et même au plus haut poste de président de la République. Je suis donc d’accord avec le chef de l’Etat qu’il faille corriger un certain nombre de choses dans cette Constitution car nous savons ce qu’elle a créé dans notre pays.

Réalisé par Alex A

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