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Politique Publié le lundi 27 juin 2016 | Alerte Info

Pétition pour Gbagbo : "Nous allons la signer et la promouvoir dans une logique de persuasion" (Affi N’Guessan)

© Alerte Info
Après une rencontre avec Ouattara, Affi N`guessan évoque ``un nouveau départ`` de la vie politique ivoirienne
Le président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), Affi N’Guessan, a indiqué qu’il va signer et promouvoir la pétition pour la libération de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo détenu par la Cour pénale internationale (CPI) "non dans une logique d’affrontement mais de persuasion", dans une interview à ALERTE INFO, à Paris.

Vous terminez une semaine de visite et de travail en France, pour repositionner le FPI sur le plan diplomatique et politique. Pourquoi la France ?
La France est un partenaire de premier plan de la Côte d’Ivoire, partenaire historique qui occupe une place particulière dans la vie politique, économique et sociale du pays.

Beaucoup de choses qui se passent en Côte d’Ivoire sont liées à la présence française. Donc, quand on veut se repositionner, il faut accorder à Paris, la place qu’elle mérite.

Est-ce à dire que la France influence la vie politique en Côte d’Ivoire ?
Elle influence, c’est une réalité. La France influence fortement et l’histoire l’a montrée. D’abord nous parlons français, ce n’est pas un hasard. C’est l’histoire de la Côte d’Ivoire.
La France a colonisé la Côte d’Ivoire, est restée un demi siècle et a impacté l’organisation politique, juridique et administrative ivoirienne.
Beaucoup de choses ont été construites à partir du modèle français. Aujourd’hui, aux Nations Unies, la France, dans le jeu des relations internationales, a une grande influence sur tout ce qui se passe en Afrique francophone. Les résolutions des Nations Unies sur la crise ivoirienne ont été largement inspirées de la vision française de la crise.
L’histoire de la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, est largement tributaire de l’action française. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte même si, nous cherchons une voie ivoirienne, une voie africaine de développement.
Il faut assumer l’histoire et voir comment tirer profit de cette histoire pour fonder une démarche autonome endogène.

Cette tournée pour le repositionnement du FPI à l’extérieur, signifie-t-elle que la crise au sein du parti est complètement jugulée ?
Elle est en train de finir, elle est en train de prendre fin.

La fin de la crise ne passe-t-elle pas par l’unification des deux tendances du parti ?
C’est le congrès que nous allons organiser qui va nous permettre de passer à une autre phase, parce qu’on mettra en place une nouvelle direction et on pourra repartir sur de nouvelles bases.
Mais en attendant, l’élection législative nous donne aussi l’occasion d’opérer le rassemblement de tout le parti pour aller à ces élections.
Comme nous avons des sons de cloches encourageants quant à la disponibilité de nos camarades à aller aux élections, nous pensons que nous allons pouvoir nous retrouver pour faire chemin ensemble.

Durant votre séjour en France, a-t-il également été question d’actions pour obtenir la libération de Laurent Gbagbo ?
Nous évoquons ces sujets-là auprès de tous nos interlocuteurs. Nous les évoquons mais vous savez bien que c’est un dossier délicat.
Un dossier qui implique beaucoup d’institutions et donc ce n’est que le plaidoyer au fur et à mesure en faisant le tour de tous ceux qui sont impliqués dans le dossier, en obtenant leur adhésion à la lecture que nous faisons de la situation ivoirienne et de l’impact du dossier du président Laurent Gbagbo sur l’avenir de la Côte d’Ivoire, qu’on pourra atteindre l’objectif.
Donc, nous continuons notre plaidoyer auprès de tous ceux que nous rencontrons et nous espérons qu’avec le temps, ce plaidoyer, ce message va rencontrer une adhésion des différents acteurs et que cela va avoir un impact sur le dossier du président Laurent Gbagbo.

Pensez-vous que la solution à ce procès est politique ?
Oui, évidemment c’est un procès politique dont la solution ne peut être que politique. Il faut donc jouer de la diplomatie, faire la politique au niveau national comme international pour pouvoir obtenir une solution.
Regardez un peu ce qui s’est passé dernièrement au Sénégal avec Karim Wade, évidemment personne ne peut contester que là encore la politique a fait son œuvre.

Certaines personnalités ivoiriennes menées par Bernard Dadié ont lancé récemment une pétition pour obtenir la libération de Laurent Gbagbo, êtes-vous pour cette option ? Cela entre-t-il dans votre vision ?
Nous ne sommes pas contre cela, cela rejoint d’ailleurs notre démarche. Une pétition est faite pour sensibiliser l’opinion, pour faire la démonstration aux yeux de l’opinion, aux yeux de tous ceux qui sont concernés que la cause est défendue par un nombre important.
C’est une démarche démocratique d’action. C’est ce que nous disons et nous n’avons aucun problème vis-à-vis de cela.
Je considère même qu’en s’engageant dans la voie de la pétition, nos camarades nous rejoignent. C’est un des moyens de la lutte politique donc nous n’avons aucun problème avec cela.

Allez-vous signer cette pétition ?
Mais bien sûr, si l’occasion est offerte nous allons la signer. Nous allons la promouvoir mais nous allons la promouvoir non dans une logique d’affrontement mais dans une logique de persuasion, dans un souci de communication et de marketing politique.
C’est sur ces aspects que nous avons des divergences avec nos camarades qui pensent qu’il faut tout engager dans une logique de bras de fer avec l’autre, alors que parfois, il s’agit plutôt de persuader, de convaincre l'autre que s’il va dans telle direction, c’est ce qui est en son honneur, c’est cela qui est conforme à ses intérêts et à l’intérêt de tout le monde plutôt de dire on va le contraindre à aller dans notre sens.

Repartez-vous satisfait de la France après votre mission ?
Oui, on repart satisfait de notre mission.

Qu’avez-vous obtenu concrètement ?
Nous avons obtenu une grande disponibilité à nous écouter, une grande convergence entre la vision de nos interlocuteurs et la démarche que nous avons engagée sur le terrain.
Nous avons eu l’occasion de bien communiquer sur notre lecture de la situation politique en Côte d’Ivoire, sur notre vision aussi de la situation qu’il s’agisse du référendum, de l’élection à venir, de la question de la réconciliation, de la question de la justice.
Nous avons partagé aussi nos appréhensions sur la politique du gouvernement, qui de notre point de vue est porteuse de menace sur la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire.

Quels genres d’appréhensions ?
Le chef de l’Etat a du mal à sortir d’une logique d’affrontement pour s’élever et organiser le rassemblement, la réconciliation, la restauration de l’unité nationale. C’est une grosse menace parce que s’il ne bouge pas on risque d’aller à des crispations dans l’avenir sur certaines questions et le référendum par exemple apparaît comme une question qui peut déboucher sur des crispations si nous n’avons pas la capacité d’entreprendre une démarche consensuelle, une démarche inclusive.
Ce sont des questions que nous avons réussi à faire partager aussi à nos interlocuteurs pour que ceux qui ont les moyens d’intervention restent vigilants, pour que ceux qui ont une certaine influence puissent agir, faire connaitre aux autorités qu’elles auraient intérêt à rester ouvertes au dialogue, à la discussion, à la négociation avec l’opposition pour que les Ivoiriens travaillent ensemble à ramener la paix, la stabilité et la restauration de la démocratie en Côte d’Ivoire.

David YOUANT (à Paris), avec ABL
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