La notion de crime contre l’humanité ne se limite pas seulement aux atteintes à l’intégrité physique des populations. Elles s’étendent aussi aux actes qui portent atteinte à, l’histoire, la mémoire et aux symboles culturels de celles-ci. Car, piétiner l’histoire ou la mémoire d’un peuple, c’est l’anéantir de l’intérieur. Par conséquent, raser ce qui fonde son existence, c’est-à-dire son âme. Or, qui perd son âme rentre dans un processus irréversible de disparition. C’est ce qui justifie que la Cour pénale internationale (CPI) ait inscrit au nombre des actes jugés comme étant des crimes contre l’humanité, la destruction d’édifices et de monuments. En cela, la tenue par la CPI du procès du Touareg malien Ahmad al-Faqi al-Mahdi est historique et d’une exemplarité qui mérite d’être soulignée.
Fatou Bensouda, la procureure de la CPI a voulu être très claire dès l’entame de ce procès, en précisant que : « attaquer et détruire les sites et les symboles culturels et religieux de communautés est une agression sur leur histoire(…) aucune personne ayant détruit ce qui incarne l’âme et les racines d’un peuple ne devrait pouvoir échapper à la justice. » Or, Al-Mahdi surnommé le « Shérif » de Tombouctou est accusé d’avoir « intentionnellement dirigé et participé » à la destruction de neuf (09) des mausolées et la porte de la mosquée Sidi Yahia de Tombouctou entre le 30 juin et le 11 juillet 2012. Une atteinte très grave à l’histoire et à la mémoire des paisibles et pieuses populations de Tombouctou, la ville aux « 333 saints ».
En effet, Tombouctou qui est une ville malienne située au Nord-Est à plus de mille kilomètres de Bamako, est l’une des portes d’entrée de l’Islam en Afrique de l’Ouest. Célèbre ville universitaire islamique qui a atteint son âge d’or au XVe siècle, son architecture, dont sa mosquée centrale, et les manuscrits issus de cette florissante époque intellectuelle font l’objet d’un grand intérêt de la part des historiens du monde entier. Ce qui lui vaut d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’Islam ayant imbibé au plus profond de leurs âmes les familles de cette ville, chacune d’entre elles garde jalousement les manuscrits de leurs aïeux, dont nombreux d’entre ceux-ci sont entrés par la qualité et la profondeur de leur pratique religieuse, dans la béatitude d’Allah. Ce qui leur vaut d’être considérés comme des « saints » dont l’intercession, de leur vivant était agréée par Allah et, l’évocation de la mémoire permet la réalisation des vœux des vivants.
C’est à cette croyance et cette valeur culturelle et religieuse auxquelles sont solidement attachés les habitants de Tombouctou, que se sont attaqué les jihadistes pendant leur occupation du Nord Mali, au nom d’une pratique rigoriste de l’Islam. Car à leurs yeux, demander l’intercession de ces « saints » c’est tomber dans une sorte d’hérésie qui va à l’encontre de la valeur cardinale de l’Islam, qui interdit d’associer une quelconque créature à Allah, l’Unique, à qui doit être adressée toute invocation ou évocation.
Soit ! Pour autant, au nom de quelle autorité morale et de quelle légitimité spirituelle les jihadistes s’octroient-ils le droit de perturber le repos de respectables « saints », en allant casser avec des « voyous » recrutés çà et là, les mausolées de Tombouctou, fruits de plusieurs siècles d’histoire et de vécu culturel ? L’Islam n’étant pas une religion régie comme l’Eglise, là apparaît « une crise de représentativité » dont profitent certains aventuriers pour laisser libre cours à leurs illuminations.
A preuve, Al-Madhi né en 1975, ancien directeur d’école, reconnu pour être réservé et versé dans l’étude du Coran depuis son jeune âge, a dès le début du procès fait son mea-culpa. Il n’est pas passé par quatre chemins pour demander le pardon de ses parents de Tombouctou en ces termes : « je demande leur pardon et je leur demande de me considérer comme un fils égaré de son chemin. » Il a d’ailleurs dans la même foulée plaidé coupable. Dans sa cellule où il a maintenant tout le temps de méditer sur la portée de ses actes, Al-Mahdi retrouve tous ses sens et passe sans gêne aux aveux. Il assure avoir été « sous l’emprise d’une bande de leaders d’Al Qaida et d’Ansar Eddine» ajoutant « j’avais cédé sous leurs pressions comme à une tempête de sable. »
Ces phrases sont d’une importance capitale. Car elles permettent de comprendre que les jihadistes qui agissent partout dans le monde ne sont que des aventuriers, qui, sous l’emprise d’une illumination obscurcissante, exécute un agenda qui leur est propre et qui est loin d’être inspiré par l’Islam. C’est pourquoi, le meilleur moyen de leur faire barrage, est d’éviter de laisser la jeunesse qui est leur cible et surtout leur force motrice de sombrer dans l’ignorance et le désœuvrement. Deux maux de nos sociétés qui créent le vide dont profitent ces aventuriers iconoclastes.
Nurudine Oyewole
Onurudine16@gmail.com
Consultant Communicateur
Fatou Bensouda, la procureure de la CPI a voulu être très claire dès l’entame de ce procès, en précisant que : « attaquer et détruire les sites et les symboles culturels et religieux de communautés est une agression sur leur histoire(…) aucune personne ayant détruit ce qui incarne l’âme et les racines d’un peuple ne devrait pouvoir échapper à la justice. » Or, Al-Mahdi surnommé le « Shérif » de Tombouctou est accusé d’avoir « intentionnellement dirigé et participé » à la destruction de neuf (09) des mausolées et la porte de la mosquée Sidi Yahia de Tombouctou entre le 30 juin et le 11 juillet 2012. Une atteinte très grave à l’histoire et à la mémoire des paisibles et pieuses populations de Tombouctou, la ville aux « 333 saints ».
En effet, Tombouctou qui est une ville malienne située au Nord-Est à plus de mille kilomètres de Bamako, est l’une des portes d’entrée de l’Islam en Afrique de l’Ouest. Célèbre ville universitaire islamique qui a atteint son âge d’or au XVe siècle, son architecture, dont sa mosquée centrale, et les manuscrits issus de cette florissante époque intellectuelle font l’objet d’un grand intérêt de la part des historiens du monde entier. Ce qui lui vaut d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’Islam ayant imbibé au plus profond de leurs âmes les familles de cette ville, chacune d’entre elles garde jalousement les manuscrits de leurs aïeux, dont nombreux d’entre ceux-ci sont entrés par la qualité et la profondeur de leur pratique religieuse, dans la béatitude d’Allah. Ce qui leur vaut d’être considérés comme des « saints » dont l’intercession, de leur vivant était agréée par Allah et, l’évocation de la mémoire permet la réalisation des vœux des vivants.
C’est à cette croyance et cette valeur culturelle et religieuse auxquelles sont solidement attachés les habitants de Tombouctou, que se sont attaqué les jihadistes pendant leur occupation du Nord Mali, au nom d’une pratique rigoriste de l’Islam. Car à leurs yeux, demander l’intercession de ces « saints » c’est tomber dans une sorte d’hérésie qui va à l’encontre de la valeur cardinale de l’Islam, qui interdit d’associer une quelconque créature à Allah, l’Unique, à qui doit être adressée toute invocation ou évocation.
Soit ! Pour autant, au nom de quelle autorité morale et de quelle légitimité spirituelle les jihadistes s’octroient-ils le droit de perturber le repos de respectables « saints », en allant casser avec des « voyous » recrutés çà et là, les mausolées de Tombouctou, fruits de plusieurs siècles d’histoire et de vécu culturel ? L’Islam n’étant pas une religion régie comme l’Eglise, là apparaît « une crise de représentativité » dont profitent certains aventuriers pour laisser libre cours à leurs illuminations.
A preuve, Al-Madhi né en 1975, ancien directeur d’école, reconnu pour être réservé et versé dans l’étude du Coran depuis son jeune âge, a dès le début du procès fait son mea-culpa. Il n’est pas passé par quatre chemins pour demander le pardon de ses parents de Tombouctou en ces termes : « je demande leur pardon et je leur demande de me considérer comme un fils égaré de son chemin. » Il a d’ailleurs dans la même foulée plaidé coupable. Dans sa cellule où il a maintenant tout le temps de méditer sur la portée de ses actes, Al-Mahdi retrouve tous ses sens et passe sans gêne aux aveux. Il assure avoir été « sous l’emprise d’une bande de leaders d’Al Qaida et d’Ansar Eddine» ajoutant « j’avais cédé sous leurs pressions comme à une tempête de sable. »
Ces phrases sont d’une importance capitale. Car elles permettent de comprendre que les jihadistes qui agissent partout dans le monde ne sont que des aventuriers, qui, sous l’emprise d’une illumination obscurcissante, exécute un agenda qui leur est propre et qui est loin d’être inspiré par l’Islam. C’est pourquoi, le meilleur moyen de leur faire barrage, est d’éviter de laisser la jeunesse qui est leur cible et surtout leur force motrice de sombrer dans l’ignorance et le désœuvrement. Deux maux de nos sociétés qui créent le vide dont profitent ces aventuriers iconoclastes.
Nurudine Oyewole
Onurudine16@gmail.com
Consultant Communicateur