Niamien N’Goran, l’une des figures incontournables du PDCI, se reconnaît dans la ligne politique définie par le Président Bédié depuis son entrée dans la vie publique : soutien notamment à Alassane Ouattara lors du second tour de la présidentielle de 2010, soutien à l’Appel de Daoukro en 2014, soutien au projet de parti unifié tel qu’il se dessine aujourd’hui. Il estime qu’une page nouvelle de l’histoire de la politique ivoirienne est en train de s’écrire avec, comme ligne d’horizon, la succession d’Alassane Ouattara en 2020. Une succession apaisée suppose la construction d’une force politique nouvelle dont le RHDP constitue l’embryon. C’est à l’intérieur de cette force politique nouvelle que sera choisi, pour 2020, le candidat de la majorité actuelle. Aujourd’hui, il est trop tôt pour parler de 2020. Niamien N’Goran condamne l’existence d’agendas personnels et le jeu des ambitions politiciennes qui viennent perturber le déroulement du second mandat du Président Ouattara. Dans cet entretien, il s’exprime sur le deuxième anniversaire de l’Appel de Daoukro, l’avenir du PDCI, la construction de la Côte d’Ivoire nouvelle et l’édification de l’Ivoirien nouveau.
Question –Comment interprétez-vous l’Appel de Daoukro que vous avez immédiatement soutenu comme la quasi-totalité des adhérents du PDCI ? Faut-il y voir l’annonce de la disparition programmée du PDCI, le parti historique, créé par Houphouët-Boigny ?
Niamien N’Goran – Il y a deux manières de célébrer un anniversaire : soit, on fait une cérémonie et l’on tient des discours convenus sans perspectives d’avenir ; soit, cet anniversaire vient consolider un engagement dont la signification et la portée méritent d’être rappelées. Chacun doit se souvenir de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, des années 1999-2011, avec des affrontements politiques qui débouchent sur de graves crises politico-militaires et post-électorales avec des milliers de morts. L ‘urgence absolue est bien de rétablir la paix civile et la stabilité politique. Les partis politiques tels qu’ils existent, avec leurs « noyaux durs », leurs « va-t-en-guerre », leurs « jusqu’auboutistes », leur ancrage communautaire, peuvent-ils le faire ? Evidemment, non. Si le RHDP est créé le 18 mai 2005, si Bédié et Ouattara ont signé en 2006 un accord de désistement mutuel, c’est justement pour pallier les insuffisances des partis politiques traditionnels. L’Appel de Daoukro s’inscrit dans cette volonté de créer les conditions d’une paix durable entre les Ivoiriens. J’y vois la continuité de l’engagement pour la paix d’Houphouët-Boigny. Il est plus facile de conduire des guerres politiciennes que de travailler pour la paix, la paix sociale, la paix des cœurs. En lançant l’Appel de Daoukro, le Président Bédié agit en homme d’Etat, comptable devant l’histoire des choix qu’il fait, et non pas en chef de parti. L’Appel de Daoukro est aussi une manière pour le PDCI de réaffirmer les valeurs universelles qui ont présidé à sa création. La commémoration des 70 ans du PDCI ont montré la force et la vitalité de notre mouvement qui doit mieux répondre aux aspirations des Ivoiriens, être plus en phase avec notre jeunesse, faire une place plus grande aux femmes et préparer les élites politiques de demain. Ma génération est celle de la transition entre la Côte d’Ivoire des années passées et la Côte d’Ivoire nouvelle que nous devons construire. En choisissant de soutenir la candidature d’Alassane Ouattara en 2015, le Président Bédié ne signe pas la capitulation du PDCI devant le RDR, ou la mort du PDCI, il ne décide pas de la mort de notre mouvement, il nous dit, au contraire, de ranimer la flamme des valeurs de l’origine, de l’houphouétisme, dans le cadre d’un parti unifié. Les esprits les plus lucides du RDR agiront ainsi, contre l’esprit du « RDR, ou rien », car il est question de l’avenir de la Côte d’Ivoire, de celui de nos enfants. L’Appel de Daoukro apporte une réponse politique, celle de la nécessaire continuité de l’action d’un Président élu en 2010, et dont les choix ont permis de redresser le pays. Mais, cet Appel pose une question tout aussi politique : de quel outil devons-nous disposer pour relayer sur le terrain l’action du gouvernement et pour faire remonter les aspirations des Ivoiriens ? Dans mon esprit, le parti unifié peut et doit être cet outil.
Question – Mais de nombreuses voix se sont fait entendre au PDCI pour dénoncer l’Appel de Daoukro et demander la présence d’un candidat PDCI à ‘élection présidentielle de 2015. Ces mêmes voix demandent que, dans le cadre d’une alternance, le Président de la République soit, en 2020, issu du PDCI. Le RDR s’y oppose, refusant ce principe d’alternance. L’Appel de Daoukro ne se traduit-il pas par l’effacement du PDCI de la scène politique ivoirienne?
Niamien N’Goran - Votre manière de poser la question montre que ce qui intéresse les médias en général, ce sont les « guéguerres » politiciennes, les conflits de personnes, les ambitions personnelles. Les Ivoiriens ont eu à souffrir de ces guerres politiciennes qui ont provoqué des milliers de morts ces dernières années. Le Président Bédié le rappelle sans cesse. Mais, pour répondre sur un registre purement électoraliste à votre question, je dirai : a) aucun parti politique ne peut remporter seul une élection, ni prétendre gouverner seul b) les victoires électorales passent par la formation de coalitions dont la solidité se fonde sur le respect des partenaires et un programme de gouvernement qui suscite l’adhésion des électeurs. Or, j’entends parler d’arrangements entre les états-majors, de promesses électorales (je te soutiens en 2015, tu me soutiens en 2020). Le peuple est ignoré, l’électeur bafoué par ces « petits arrangements » de circonstances. Il est facile de sauter sur sa chaise en criant « le PDCI ! Le PDCI » ! Il est facile depuis Paris, Londres ou Washington, de dénoncer l’Appel de Daoukro. Mais, quelle est la réalité politique ivoirienne en 1999, en 2010. Bédié devait-il envoyer les forces de sécurité pour réprimer la révolte militaire en 1999 ? Bédié devait-il contester le résultat de l’élection en 2010 ? L’esprit de l’houphouétisme a toujours prévalu chez le Président Bédié : le souci de la paix et de l’unité nationale, le souci du dialogue. Quand on regarde ce qui se passe dans des pays voisins, la stabilité politique, toujours fragile, est notre bien le plus précieux. Les brusques retours en arrière sont toujours possibles. Notre responsabilité est grande face à l’histoire. Si le parti unifié voit le jour, il aura besoin de nouer des alliances avec d’autres mouvements qui incarnent les aspirations d’une partie du peuple. Je vois, au contraire, dans l’Appel de Daoukro, une manière de nous obliger à perpétuer les valeurs universelles du PDCI-RDA, l’esprit de l’origine et la dimension sociale, pour peser de tout notre poids dans le paysage politique ivoirien, mais aussi sur les orientations du parti unifié.
Question – Les élections législatives prochaines ne sont-elles pas un test pour le PDCI ? N’avez-vous pas peur des candidats indépendants ou des candidatures dissidentes ? N’avez-vous pas peur aussi que des candidats RDR ne viennent concurrencer les sortants PDCI sur leurs terres électorales?
Niamien N’Goran – Le travail du comité électoral est en cours. Le processus est totalement transparent et démocratique. Il faut que le consensus se fasse, localement, sur l’ensemble de nos choix de candidature. Dans le cas contraire, le Président du parti sera amené à trancher. Les choix qui seront opérés porteront sur des personnalités susceptibles de faire gagner le RHDP.
Charles K
Question –Comment interprétez-vous l’Appel de Daoukro que vous avez immédiatement soutenu comme la quasi-totalité des adhérents du PDCI ? Faut-il y voir l’annonce de la disparition programmée du PDCI, le parti historique, créé par Houphouët-Boigny ?
Niamien N’Goran – Il y a deux manières de célébrer un anniversaire : soit, on fait une cérémonie et l’on tient des discours convenus sans perspectives d’avenir ; soit, cet anniversaire vient consolider un engagement dont la signification et la portée méritent d’être rappelées. Chacun doit se souvenir de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, des années 1999-2011, avec des affrontements politiques qui débouchent sur de graves crises politico-militaires et post-électorales avec des milliers de morts. L ‘urgence absolue est bien de rétablir la paix civile et la stabilité politique. Les partis politiques tels qu’ils existent, avec leurs « noyaux durs », leurs « va-t-en-guerre », leurs « jusqu’auboutistes », leur ancrage communautaire, peuvent-ils le faire ? Evidemment, non. Si le RHDP est créé le 18 mai 2005, si Bédié et Ouattara ont signé en 2006 un accord de désistement mutuel, c’est justement pour pallier les insuffisances des partis politiques traditionnels. L’Appel de Daoukro s’inscrit dans cette volonté de créer les conditions d’une paix durable entre les Ivoiriens. J’y vois la continuité de l’engagement pour la paix d’Houphouët-Boigny. Il est plus facile de conduire des guerres politiciennes que de travailler pour la paix, la paix sociale, la paix des cœurs. En lançant l’Appel de Daoukro, le Président Bédié agit en homme d’Etat, comptable devant l’histoire des choix qu’il fait, et non pas en chef de parti. L’Appel de Daoukro est aussi une manière pour le PDCI de réaffirmer les valeurs universelles qui ont présidé à sa création. La commémoration des 70 ans du PDCI ont montré la force et la vitalité de notre mouvement qui doit mieux répondre aux aspirations des Ivoiriens, être plus en phase avec notre jeunesse, faire une place plus grande aux femmes et préparer les élites politiques de demain. Ma génération est celle de la transition entre la Côte d’Ivoire des années passées et la Côte d’Ivoire nouvelle que nous devons construire. En choisissant de soutenir la candidature d’Alassane Ouattara en 2015, le Président Bédié ne signe pas la capitulation du PDCI devant le RDR, ou la mort du PDCI, il ne décide pas de la mort de notre mouvement, il nous dit, au contraire, de ranimer la flamme des valeurs de l’origine, de l’houphouétisme, dans le cadre d’un parti unifié. Les esprits les plus lucides du RDR agiront ainsi, contre l’esprit du « RDR, ou rien », car il est question de l’avenir de la Côte d’Ivoire, de celui de nos enfants. L’Appel de Daoukro apporte une réponse politique, celle de la nécessaire continuité de l’action d’un Président élu en 2010, et dont les choix ont permis de redresser le pays. Mais, cet Appel pose une question tout aussi politique : de quel outil devons-nous disposer pour relayer sur le terrain l’action du gouvernement et pour faire remonter les aspirations des Ivoiriens ? Dans mon esprit, le parti unifié peut et doit être cet outil.
Question – Mais de nombreuses voix se sont fait entendre au PDCI pour dénoncer l’Appel de Daoukro et demander la présence d’un candidat PDCI à ‘élection présidentielle de 2015. Ces mêmes voix demandent que, dans le cadre d’une alternance, le Président de la République soit, en 2020, issu du PDCI. Le RDR s’y oppose, refusant ce principe d’alternance. L’Appel de Daoukro ne se traduit-il pas par l’effacement du PDCI de la scène politique ivoirienne?
Niamien N’Goran - Votre manière de poser la question montre que ce qui intéresse les médias en général, ce sont les « guéguerres » politiciennes, les conflits de personnes, les ambitions personnelles. Les Ivoiriens ont eu à souffrir de ces guerres politiciennes qui ont provoqué des milliers de morts ces dernières années. Le Président Bédié le rappelle sans cesse. Mais, pour répondre sur un registre purement électoraliste à votre question, je dirai : a) aucun parti politique ne peut remporter seul une élection, ni prétendre gouverner seul b) les victoires électorales passent par la formation de coalitions dont la solidité se fonde sur le respect des partenaires et un programme de gouvernement qui suscite l’adhésion des électeurs. Or, j’entends parler d’arrangements entre les états-majors, de promesses électorales (je te soutiens en 2015, tu me soutiens en 2020). Le peuple est ignoré, l’électeur bafoué par ces « petits arrangements » de circonstances. Il est facile de sauter sur sa chaise en criant « le PDCI ! Le PDCI » ! Il est facile depuis Paris, Londres ou Washington, de dénoncer l’Appel de Daoukro. Mais, quelle est la réalité politique ivoirienne en 1999, en 2010. Bédié devait-il envoyer les forces de sécurité pour réprimer la révolte militaire en 1999 ? Bédié devait-il contester le résultat de l’élection en 2010 ? L’esprit de l’houphouétisme a toujours prévalu chez le Président Bédié : le souci de la paix et de l’unité nationale, le souci du dialogue. Quand on regarde ce qui se passe dans des pays voisins, la stabilité politique, toujours fragile, est notre bien le plus précieux. Les brusques retours en arrière sont toujours possibles. Notre responsabilité est grande face à l’histoire. Si le parti unifié voit le jour, il aura besoin de nouer des alliances avec d’autres mouvements qui incarnent les aspirations d’une partie du peuple. Je vois, au contraire, dans l’Appel de Daoukro, une manière de nous obliger à perpétuer les valeurs universelles du PDCI-RDA, l’esprit de l’origine et la dimension sociale, pour peser de tout notre poids dans le paysage politique ivoirien, mais aussi sur les orientations du parti unifié.
Question – Les élections législatives prochaines ne sont-elles pas un test pour le PDCI ? N’avez-vous pas peur des candidats indépendants ou des candidatures dissidentes ? N’avez-vous pas peur aussi que des candidats RDR ne viennent concurrencer les sortants PDCI sur leurs terres électorales?
Niamien N’Goran – Le travail du comité électoral est en cours. Le processus est totalement transparent et démocratique. Il faut que le consensus se fasse, localement, sur l’ensemble de nos choix de candidature. Dans le cas contraire, le Président du parti sera amené à trancher. Les choix qui seront opérés porteront sur des personnalités susceptibles de faire gagner le RHDP.
Charles K