Samedi 24 septembre, Pr Maurice Kakou Guikahué, Chef du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA, sur invitation de la section «Cadres Unis cap 2020» de France, a animé une conférence publique, à Pavillon Dauphine, Place Maréchal Lattre de Tassigny, 75116. Thème : «Quelle contribution des élites de la diaspora dans la construction d’une idéologie politique en Afrique : Cas de la Côte d’Ivoire». Ci-dessous l’intégralité de l’exposé du N°2 du PDCI-RDA.
Monsieur le Président de l’Alliance Francophone,
Monsieur le Docteur,
Monsieur l’Avocat à la Cour,
Mesdames et messieurs,
En toute honnêteté, j’introduis mon propos par une question lancinante :
Que valent encore aujourd’hui les clivages idéologiques hérités du monde Occidental ou de l’ancien bloc de l’Est ? Surtout après la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS, l’Union des républiques socialistes soviétiques ?
Le corollaire de ce premier questionnement est le suivant : Quelle est l’opportunité de la construction d’une idéologie politique propre à l’Afrique dans une conjoncture historique et sociale marquée par la mondialisation et la globalisation de la vie culturelle, politique et économique ?
Telles sont les préoccupations qui me viennent à l’esprit lorsque je prends en considération le thème du panel auquel nous somme conviés.
« Quelle contribution des élites de la Diaspora dans la construction d’une idéologie politique en Afrique : Cas de la Côte d’Ivoire ?"
Dieu merci, je ne suis pas le seul à tenter d’y répondre. Médecin et homme politique ivoirien, je suis enclin à aborder les phénomènes politiques de manière pragmatique !
Les élites de la diaspora africaine constituent une opinion qui compte de plus en plus dans la vie politique en Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire. Nos concitoyens établis à l’étranger sont régulièrement sollicités lors des échéances électorales présidentielles et leur génie créatif est mis à contribution dans toute stratégie d’émergence de nos nations.
C’est pourquoi je suis heureux de prendre part à cet échange d’idées dont devrait jaillir une lumière pour éclairer, un tant soit peu, la longue marche de nos nations africaines vers la paix, la liberté et le progrès.
EXPOSES THEME PAR THEME
SOUS-THEME 1
Qu’est-ce qu’une idéologie politique et quelle est son importance dans le débat politique ?
L’idéologie politique est une représentation de la réalité sociale, économique et politique, telle que perçue par les leaders politiques d’un pays. Elle est formalisée au sein d’un parti politique et diffusée par les leaders politiques.
Le créateur du concept d’idéologie, Destutt de Tracy, la définissait initialement comme l’étude des idées pour elles-mêmes (la mimétique si les actions sont correctes pourrait être une branche ou une dimension de cette étude). Mais de nos jours, de nombreux autres concepts lui sont associés : dogmes, doctrine, croyances, jugement, valeurs, normes, etc.
L’ancrage idéologique des partis ou des groupements politiques devrait permettre de donner une orientation claire à la stratégie et aux actions des leaders politiques.
En outre, si l’opinion publique est convenablement éclairée par les hommes et les femmes politiques et par les médias, on peut espérer un enrichissement du débat politique, à tous les niveaux.
La diffusion d’idées politiques clairement exprimées contribuerait à la rationalisation des choix politiques de nos concitoyens et peut-être à réduire le vote ethnique, clanique ou « alimentaire » qui sévit, malheureusement, sous nos tropiques.
SOUS-THEME 2
Quels peuvent être les clivages idéologiques possibles / adaptés à l’Afrique en général et à la Côte d’Ivoire en particulier ?
Pour emprunter un concept sociologique d’une grande portée explicative, on pourrait affirmer que les paradigmes ont la « peau dure » ! On ne se débarrasse pas facilement des effets conjugués de l’éducation, des études et de la formation. Les leaders politiques ivoiriens et leurs pairs africains sont tributaires de leurs backgrounds respectifs.
De la même façon nos concitoyens de la diaspora sont aussi influencés par l’environnement culturel et politique dans lequel ils vivent. Leur vision et leur contribution potentielle peut ainsi être en décalage avec la réalité sociale, culturelle et économique telle que vécue en Afrique.
Séquelles de l’héritage colonial, symptômes d’une forme de mimétisme institutionnel contemporain ou expression d’une vision politique authentique et d’une réelle volonté de changement économique et social, les idéologies politiques en Côte d’Ivoire et en Afrique peuvent-elles échapper aux clivages occidentaux classiques :
Gauche/ droite, libéralisme/ socialisme, conservatisme/ progressisme ?
Interrogeons l’histoire des tentatives d’innovation, de rénovation, voire de révolution politiques: consciencisme, socialisme africain, renaissance africaine, et j’en passe !
Cependant une préoccupation constante se dégage, quelles que soient les expériences politiques vécues ici et là, ou les idéologies politiques promues à ce jour : nos peuples sont-ils plus riches, en bonne santé, correctement éduqués, en sécurité ? Voilà quelques défis majeurs que les hommes et les femmes politiques de nos Etats sont appelés à relever, qu’ils se réclament de la gauche ou de la droite, du libéralisme ou du socialisme !
Quels projets concrets nos partis politiques proposent-ils à nos peuples ? Comment font-ils partager leurs idées au plus grand nombre de leurs concitoyens ? Comment parviennent-ils à former leur opinion politique, à les amener à exprimer et surtout à faire respecter l’expression de leur suffrage ?
Voilà autant de préoccupations vitales que les envolées lyriques de l’expression idéologique ne doivent pas nous faire perdre de vue, au risque de trahir l’espoir de nos peuples et le vrai sens de toute action politique.
SOUS- THEME 3
Comment rendre l’idéologie telle que définie pédagogiquement accessible aux populations africaines / Ivoiriennes ?
En 1798, en France, la première œuvre publiée par Antoine-Louis-Claude Destutt de Tracy, l’auteur du concept d’idéologie, était intitulée : « Quels sont les moyens de fonder la morale chez un peuple » ? Ce titre à lui seul nous situe sur l’objet, la portée et l’enjeu des idéologies en politique.
Le phénomène des idéologies politiques interroge aussi bien gouvernants et gouvernés sur la finalité ultime de l’action politique. Pour contribuer à l’effort de construction d’une idéologie politique nouvelle en Afrique, je préconise la démarche suivante :
Il s’agit d’abord d’aider nos concitoyens à comprendre la situation objective dans laquelle se trouve le peuple.
Ensuite, il faut leur proposer des choix politiques clairs.
Enfin, il faut les amener à voter efficacement.
De cette façon nos partis politiques, avec le soutien des élites de la diaspora africaine, selon les termes choisis par la constitution ivoirienne, se rendront capables de « (concourir) à l’expression du suffrage » et répondront donc à leur vocation.
Une telle démarche pourrait donner un contenu concret à la notion d’idéologie et déboucher sur une approche plus pragmatique et mieux adaptée au contexte historique et culturel de nos concitoyens.
MOT DE CONCLUSION DU PANEL
Au terme de nos échanges, je remercie du fond du cœur les organisateurs de cette rencontre. Je remercie également les participants pour leur présence et pour la pertinence de leurs questions. Je remercie, enfin, les panélistes, ces personnalités qui ont bien voulu partager leurs idées et leurs convictions profondes.
Je souhaite surtout que chacun y trouve non seulement des raisons d’espérer de la vie politique en Afrique mais y puise aussi la détermination nécessaire à un engagement personnel et constructif pour le mieux-être de nos peuples respectifs.
Je vous remercie !
PR. MAURICE KAKOU GUIKAHUE
SECRETAIRE EXECUTIF DU PDCI-RDA
Monsieur le Président de l’Alliance Francophone,
Monsieur le Docteur,
Monsieur l’Avocat à la Cour,
Mesdames et messieurs,
En toute honnêteté, j’introduis mon propos par une question lancinante :
Que valent encore aujourd’hui les clivages idéologiques hérités du monde Occidental ou de l’ancien bloc de l’Est ? Surtout après la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS, l’Union des républiques socialistes soviétiques ?
Le corollaire de ce premier questionnement est le suivant : Quelle est l’opportunité de la construction d’une idéologie politique propre à l’Afrique dans une conjoncture historique et sociale marquée par la mondialisation et la globalisation de la vie culturelle, politique et économique ?
Telles sont les préoccupations qui me viennent à l’esprit lorsque je prends en considération le thème du panel auquel nous somme conviés.
« Quelle contribution des élites de la Diaspora dans la construction d’une idéologie politique en Afrique : Cas de la Côte d’Ivoire ?"
Dieu merci, je ne suis pas le seul à tenter d’y répondre. Médecin et homme politique ivoirien, je suis enclin à aborder les phénomènes politiques de manière pragmatique !
Les élites de la diaspora africaine constituent une opinion qui compte de plus en plus dans la vie politique en Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire. Nos concitoyens établis à l’étranger sont régulièrement sollicités lors des échéances électorales présidentielles et leur génie créatif est mis à contribution dans toute stratégie d’émergence de nos nations.
C’est pourquoi je suis heureux de prendre part à cet échange d’idées dont devrait jaillir une lumière pour éclairer, un tant soit peu, la longue marche de nos nations africaines vers la paix, la liberté et le progrès.
EXPOSES THEME PAR THEME
SOUS-THEME 1
Qu’est-ce qu’une idéologie politique et quelle est son importance dans le débat politique ?
L’idéologie politique est une représentation de la réalité sociale, économique et politique, telle que perçue par les leaders politiques d’un pays. Elle est formalisée au sein d’un parti politique et diffusée par les leaders politiques.
Le créateur du concept d’idéologie, Destutt de Tracy, la définissait initialement comme l’étude des idées pour elles-mêmes (la mimétique si les actions sont correctes pourrait être une branche ou une dimension de cette étude). Mais de nos jours, de nombreux autres concepts lui sont associés : dogmes, doctrine, croyances, jugement, valeurs, normes, etc.
L’ancrage idéologique des partis ou des groupements politiques devrait permettre de donner une orientation claire à la stratégie et aux actions des leaders politiques.
En outre, si l’opinion publique est convenablement éclairée par les hommes et les femmes politiques et par les médias, on peut espérer un enrichissement du débat politique, à tous les niveaux.
La diffusion d’idées politiques clairement exprimées contribuerait à la rationalisation des choix politiques de nos concitoyens et peut-être à réduire le vote ethnique, clanique ou « alimentaire » qui sévit, malheureusement, sous nos tropiques.
SOUS-THEME 2
Quels peuvent être les clivages idéologiques possibles / adaptés à l’Afrique en général et à la Côte d’Ivoire en particulier ?
Pour emprunter un concept sociologique d’une grande portée explicative, on pourrait affirmer que les paradigmes ont la « peau dure » ! On ne se débarrasse pas facilement des effets conjugués de l’éducation, des études et de la formation. Les leaders politiques ivoiriens et leurs pairs africains sont tributaires de leurs backgrounds respectifs.
De la même façon nos concitoyens de la diaspora sont aussi influencés par l’environnement culturel et politique dans lequel ils vivent. Leur vision et leur contribution potentielle peut ainsi être en décalage avec la réalité sociale, culturelle et économique telle que vécue en Afrique.
Séquelles de l’héritage colonial, symptômes d’une forme de mimétisme institutionnel contemporain ou expression d’une vision politique authentique et d’une réelle volonté de changement économique et social, les idéologies politiques en Côte d’Ivoire et en Afrique peuvent-elles échapper aux clivages occidentaux classiques :
Gauche/ droite, libéralisme/ socialisme, conservatisme/ progressisme ?
Interrogeons l’histoire des tentatives d’innovation, de rénovation, voire de révolution politiques: consciencisme, socialisme africain, renaissance africaine, et j’en passe !
Cependant une préoccupation constante se dégage, quelles que soient les expériences politiques vécues ici et là, ou les idéologies politiques promues à ce jour : nos peuples sont-ils plus riches, en bonne santé, correctement éduqués, en sécurité ? Voilà quelques défis majeurs que les hommes et les femmes politiques de nos Etats sont appelés à relever, qu’ils se réclament de la gauche ou de la droite, du libéralisme ou du socialisme !
Quels projets concrets nos partis politiques proposent-ils à nos peuples ? Comment font-ils partager leurs idées au plus grand nombre de leurs concitoyens ? Comment parviennent-ils à former leur opinion politique, à les amener à exprimer et surtout à faire respecter l’expression de leur suffrage ?
Voilà autant de préoccupations vitales que les envolées lyriques de l’expression idéologique ne doivent pas nous faire perdre de vue, au risque de trahir l’espoir de nos peuples et le vrai sens de toute action politique.
SOUS- THEME 3
Comment rendre l’idéologie telle que définie pédagogiquement accessible aux populations africaines / Ivoiriennes ?
En 1798, en France, la première œuvre publiée par Antoine-Louis-Claude Destutt de Tracy, l’auteur du concept d’idéologie, était intitulée : « Quels sont les moyens de fonder la morale chez un peuple » ? Ce titre à lui seul nous situe sur l’objet, la portée et l’enjeu des idéologies en politique.
Le phénomène des idéologies politiques interroge aussi bien gouvernants et gouvernés sur la finalité ultime de l’action politique. Pour contribuer à l’effort de construction d’une idéologie politique nouvelle en Afrique, je préconise la démarche suivante :
Il s’agit d’abord d’aider nos concitoyens à comprendre la situation objective dans laquelle se trouve le peuple.
Ensuite, il faut leur proposer des choix politiques clairs.
Enfin, il faut les amener à voter efficacement.
De cette façon nos partis politiques, avec le soutien des élites de la diaspora africaine, selon les termes choisis par la constitution ivoirienne, se rendront capables de « (concourir) à l’expression du suffrage » et répondront donc à leur vocation.
Une telle démarche pourrait donner un contenu concret à la notion d’idéologie et déboucher sur une approche plus pragmatique et mieux adaptée au contexte historique et culturel de nos concitoyens.
MOT DE CONCLUSION DU PANEL
Au terme de nos échanges, je remercie du fond du cœur les organisateurs de cette rencontre. Je remercie également les participants pour leur présence et pour la pertinence de leurs questions. Je remercie, enfin, les panélistes, ces personnalités qui ont bien voulu partager leurs idées et leurs convictions profondes.
Je souhaite surtout que chacun y trouve non seulement des raisons d’espérer de la vie politique en Afrique mais y puise aussi la détermination nécessaire à un engagement personnel et constructif pour le mieux-être de nos peuples respectifs.
Je vous remercie !
PR. MAURICE KAKOU GUIKAHUE
SECRETAIRE EXECUTIF DU PDCI-RDA