« (…) Cette Constitution n’est pas la nôtre puisque ce n’est pas une Constitution. Ce référendum ne nous engage pas puisque ce n’est pas un référendum constitutionnel. C’est pourquoi nous appelons tous nos militants, tous nos compatriotes qui croient en ce combat que nous menons à ne pas se sentir concernés par ce qui va se passer le 30 octobre 2016. Ce jour-là, rien qui concerne la Côte d’Ivoire ne se passera en Côte d’Ivoire. Il faut que les Ivoiriens circulent, qu’ils vaquent à leurs occupations car l’opération qui va se dérouler le 30 octobre ne les concerne pas ». Ces propos, Pascal Affi N’guessan les a tenus, vendredi dernier, au cours de la conférence de presse qu’il a donnée. A l’entendre parler, inciter les Ivoiriens au boycott du scrutin référendaire, l’on se demande bien à qui il parle au fait, à qui il s’adresse. Lui qui peine à rassembler son monde. Lui qui est tiraillé de partout par ses compagnons d’hier. Lui qui a le mérite de réunir à peine deux cents individus à une manifestation de rue annoncée pourtant des jours auparavant avec tambours et trompettes. Pour qui prêche-t-il au juste ? Sur qui compte-t-il pour faire entendre sa voix, lui qui subit de plein fouet le boycott des ses camarades ? L’attitude de Pascal Affi N’guessan sur la nouvelle loi fondamentale ne manque pas de surprendre. Puisque nulle part, il n’avance d’arguments pour contester le texte dans le fond. « Cette Constitution est rétrograde et elle ne fait pas honneur à la démocratie ivoirienne et elle constitue un recul pour nous après tout ce que nous avons réalisé en matière de lutte pour les libertés et pour la démocratie », s’est-il contenté de faire savoir. Quid des articles du projet de loi qu’il conteste dans le fond. L’impression que donne le président du Fpi dans cette affaire, c’est qu’il semble bien jouer son rôle d’opposant sous nos tropiques dont le premier réflexe est de dire non avant de mieux appréhender la situation. Aussi surprenant que la réaction de Pascal Affi N’guessan puisse paraitre, c’est qu’au même moment où il appelle au boycott sans arguments de fond, il appelle les Ivoiriens à « réserver leur vote pour les élections législatives à venir, à se mobiliser pour porter au parlement la majorité des députés de manière à ce que le Fpi et l’Afdci aient les moyens juridiques, politiques pour abroger ce qui va se passer le 30 octobre et mettre en place une Constitution qui est fondatrice de la paix et de l’unité ». Paix et unité que lui et ses camarades au pouvoir durant dix bonnes années n’ont pourtant pu offrir à leurs compatriotes. N’est-ce pas, en vérité, la suppression du verrou de l’âge au maxi pour le candidat à l’élection présidentielle qui fait tant frémir Pascal Affi N’guessan ? Puisqu’un éventuel retour de Laurent Gbagbo au bercail après ses déboires judiciaires à La Haye le disqualifierait totalement.
PAUL KOFFI
PAUL KOFFI