Abidjan - Le taux de participation des 6,3 millions d’Ivoiriens appelés à voter dimanche lors du référendum sur une nouvelle Constitution voulue par le président Alassane Ouattara sera le principal enjeu d’un scrutin que l’opposition a appelé à boycotter et dont l’issue ne fait guère de doute.
Les 20.000 bureaux de vote doivent ouvrir à 08H00 (locale et GMT) et fermer à 18H00. Les résultats doivent être annoncés avant jeudi mais une source au sein de la Commission électorale indépendante tablait sur "lundi en fin de journée, mardi au plus tard".
"Le dimanche 30 octobre 2016, nous sommes tous appelés à faire un choix, qui va consolider la trajectoire de paix, de sécurité et de développement que nous avons entamée. Un choix qui va tourner définitivement la page du passé" et des crises politico-militaires qui ont secoué le pays pendant une décennie, a déclaré vendredi sur un ton solennel lors d’une adresse radio-télévisée le président Alassane Ouattara.
Il a ensuite demandé à ses compatriotes "de se rendre massivement aux urnes".
En août 2000, six mois après le coup d’Etat de Noël 1999, la deuxième
Constitution ivoirienne avait recueilli 87% de "oui" pour un taux de participation de 56%.
L’opposition, qui juge le texte "rétrograde" et "monarchique", et certains observateurs, estiment qu’il faut que le pouvoir actuel obtienne au moins le même score pour que le nouveau texte soit légitime.
Toutefois, les conditions ont changé et après la réélection triomphale en 2015 dès le 1er tour de M. Ouattara, il n’est pas certain que le président puisse attirer à nouveau ses compatriotes aux urnes.
"Il n’y a pas beaucoup d’engouement", note le chercheur Meite Mamoudou qui pronostique une "forte abstention".
"Les dernières élections (présidentielle) montrent que la participation est faible", ajoute-t-il, soulignant qu’il y a "un fort taux d’illettrisme, donc
les gens ont du mal à connaître le texte".
"Tout ça, c’est des conneries! Ce qui nous intéresse c’est la vie chère,
sortir de la pauvreté. Les riches sont plus riches et les pauvres restent
pauvres. La Constitution ne va rien changer. Je n’irai pas voter", s’emporte Bamory Koné, un mécanicien d’Adjamé, un quartier qui a pourtant voté majoritairement pour le président Ouattara en 2015.
Selon le pouvoir, la nouvelle Constitution évacue notamment le concept d’"ivoirité" en clarifiant les conditions d’éligibilité du président. Ses détracteurs avaient reproché à M. Ouattara son origine burkinabè et contesté son éligibilité (il n’avait pu se présenter que grâce à un décret).
Ce concept d’"ivoirité", qui visait les étrangers, notamment ceux
originaires du Burkina Faso souvent présents depuis plusieurs générations, a miné depuis le début des années 2000 la stabilité du pays. Pendant dix ans, la Côte d’Ivoire a été coupée en deux entre un nord rebelle et un sud favorable au président Laurent Gbagbo.
Le texte prévoit aussi la création d’un poste de vice-président qui
alimente tous les fantasmes. En outre, la Constitution crée un Sénat,
institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le
domaine de compétence du Conseil économique et social à l’environnement.
- "Désert électoral" -
Pour le politologue Jean Alabro, "autant l’actuelle Constitution (de 2000) était contre Ouattara, autant celle-ci est pour Ouattara et son camp. Il organise sa succession".
De son côté, l’ensemble de l’opposition (deux coalitions distinctes) a
appelé au boycottage tandis que depuis sa prison à la Cour pénale
internationale de La Haye, l’ex-chef des "Jeunes patriotes" Charles Blé Goudé a appelé à "un désert électoral pour dire +NON+ à cette imposture".
Sans réussir une mobilisation forte, l’opposition a organisé plusieurs
rassemblements pour dire "Non à la IIIe république" (l’adoption du texte
ferait passer le pays de la IIe à la IIIe république). Au moins deux
manifestations interdites ont été dispersées à coups de gaz lacrymogène et selon l’opposition huit personnes interpellées étaient encore emprisonnées samedi soir.
Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par Laurent Gbagbo, principal parti d’opposition, estime que le texte a été préparé "en catimini" et souligne que ni l’opposition ni la société civile n’ont été consultées.
L’ONG Human Rights Watch estime qu’"avec à peine sept jours de campagne, des ressources insuffisantes, un manque d’accès aux médias contrôlés par l’État et la suspension de deux journaux", l’opposition "a du mal à défendre son point de vue auprès de l’opinion publique".
pgf/jpc/gde
Les 20.000 bureaux de vote doivent ouvrir à 08H00 (locale et GMT) et fermer à 18H00. Les résultats doivent être annoncés avant jeudi mais une source au sein de la Commission électorale indépendante tablait sur "lundi en fin de journée, mardi au plus tard".
"Le dimanche 30 octobre 2016, nous sommes tous appelés à faire un choix, qui va consolider la trajectoire de paix, de sécurité et de développement que nous avons entamée. Un choix qui va tourner définitivement la page du passé" et des crises politico-militaires qui ont secoué le pays pendant une décennie, a déclaré vendredi sur un ton solennel lors d’une adresse radio-télévisée le président Alassane Ouattara.
Il a ensuite demandé à ses compatriotes "de se rendre massivement aux urnes".
En août 2000, six mois après le coup d’Etat de Noël 1999, la deuxième
Constitution ivoirienne avait recueilli 87% de "oui" pour un taux de participation de 56%.
L’opposition, qui juge le texte "rétrograde" et "monarchique", et certains observateurs, estiment qu’il faut que le pouvoir actuel obtienne au moins le même score pour que le nouveau texte soit légitime.
Toutefois, les conditions ont changé et après la réélection triomphale en 2015 dès le 1er tour de M. Ouattara, il n’est pas certain que le président puisse attirer à nouveau ses compatriotes aux urnes.
"Il n’y a pas beaucoup d’engouement", note le chercheur Meite Mamoudou qui pronostique une "forte abstention".
"Les dernières élections (présidentielle) montrent que la participation est faible", ajoute-t-il, soulignant qu’il y a "un fort taux d’illettrisme, donc
les gens ont du mal à connaître le texte".
"Tout ça, c’est des conneries! Ce qui nous intéresse c’est la vie chère,
sortir de la pauvreté. Les riches sont plus riches et les pauvres restent
pauvres. La Constitution ne va rien changer. Je n’irai pas voter", s’emporte Bamory Koné, un mécanicien d’Adjamé, un quartier qui a pourtant voté majoritairement pour le président Ouattara en 2015.
Selon le pouvoir, la nouvelle Constitution évacue notamment le concept d’"ivoirité" en clarifiant les conditions d’éligibilité du président. Ses détracteurs avaient reproché à M. Ouattara son origine burkinabè et contesté son éligibilité (il n’avait pu se présenter que grâce à un décret).
Ce concept d’"ivoirité", qui visait les étrangers, notamment ceux
originaires du Burkina Faso souvent présents depuis plusieurs générations, a miné depuis le début des années 2000 la stabilité du pays. Pendant dix ans, la Côte d’Ivoire a été coupée en deux entre un nord rebelle et un sud favorable au président Laurent Gbagbo.
Le texte prévoit aussi la création d’un poste de vice-président qui
alimente tous les fantasmes. En outre, la Constitution crée un Sénat,
institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le
domaine de compétence du Conseil économique et social à l’environnement.
- "Désert électoral" -
Pour le politologue Jean Alabro, "autant l’actuelle Constitution (de 2000) était contre Ouattara, autant celle-ci est pour Ouattara et son camp. Il organise sa succession".
De son côté, l’ensemble de l’opposition (deux coalitions distinctes) a
appelé au boycottage tandis que depuis sa prison à la Cour pénale
internationale de La Haye, l’ex-chef des "Jeunes patriotes" Charles Blé Goudé a appelé à "un désert électoral pour dire +NON+ à cette imposture".
Sans réussir une mobilisation forte, l’opposition a organisé plusieurs
rassemblements pour dire "Non à la IIIe république" (l’adoption du texte
ferait passer le pays de la IIe à la IIIe république). Au moins deux
manifestations interdites ont été dispersées à coups de gaz lacrymogène et selon l’opposition huit personnes interpellées étaient encore emprisonnées samedi soir.
Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par Laurent Gbagbo, principal parti d’opposition, estime que le texte a été préparé "en catimini" et souligne que ni l’opposition ni la société civile n’ont été consultées.
L’ONG Human Rights Watch estime qu’"avec à peine sept jours de campagne, des ressources insuffisantes, un manque d’accès aux médias contrôlés par l’État et la suspension de deux journaux", l’opposition "a du mal à défendre son point de vue auprès de l’opinion publique".
pgf/jpc/gde