Abidjan- Initiateur de la Constitution ivoirienne adoptée par référendum, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, 74 ans, dit "ADO", réélu triomphalement en 2015 pour un nouveau quinquennat, s’est révélé un chef d’Etat très directif aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique.
Ses zélateurs le voient comme l’homme qui a pacifié le pays tout en le faisant émerger sur le plan économique.
Ses détracteurs le décrivent tel un autocrate, lui reprochant une justice des vainqueurs et son manque d’écoute.
Le débat sur la nouvelle constitution résume cette dualité de vision. Pour ses proches, le nouveau texte, voulu par le président, est un héritage qu’il laisse aux générations futures et qui s’inscrit dans son plan de modernisation et de stabilisation à long terme, alors que pour l’opposition, ADO ne fait "qu’organiser sa succession".
Le texte est en tout cas le fruit de sa personnalité et de son passé, notamment sa formation universitaire aux Etats-Unis (en Pennsylvanie): prépondérance de l’exécutif, poste de vice-président, Sénat, dates fixe des élections sont des éléments directement inspirés du modèle américain.
Pour ses détracteurs, ce sont ses défauts qu’on voit à travers le texte. L’exécutif fort, la démonstration qu’ADO n’écoute pas... Pour eux, la création du Sénat et l’institutionnalisation de la Chambre des chefs sont du "clientélisme à l’image du régime actuel".
Ancien haut dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ADO, souvent présenté comme un grand travailleur, sait user de ses relations avec les bailleurs de fonds pour attirer les capitaux et les investisseurs. Il a transformé la Côte d’Ivoire avec notamment une ambitieuse politique de grands travaux.
Beaucoup d’Ivoiriens reconnaissent ce mérite au président même s’ils n’adhèrent pas à la méthode. M. Ouattara n’a ainsi pas hésité à faire raser des quartiers entiers sur le bord de la mer, de la lagune d’Abidjan, ou de zones jugées dangereuses en raison d’éboulements.
Il est aussi "à des années-lumière" d’avoir jugulé la corruption, une de ses promesses.
Si la croissance économique est au rendez-vous, son régime peine à avancer sur les questions de justice et de réconciliation. La justice sous son égide s’est surtout intéressée à un seul camp, celui de l’opposition.
Des années de polémiques ont fait d’ADO, issu du nord du pays majoritairement musulman, le symbole de la crise identitaire qui déchire la Côte d’Ivoire.
Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), il accomplit la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin. Technocrate marié à une Française, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.
- ’Ivoirité’ -
Il reconnaîtra lui-même avoir occupé plusieurs postes au titre de l’ancienne Haute-Volta, ce qui va alimenter un interminable débat sur sa
nationalité.
En 1990, il est nommé Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu’il exerce jusqu’à la mort du "Vieux" en 1993.
Jugeant le scrutin non transparent, il renonce à se présenter à la présidentielle en 1995 face à Henri Konan Bédié, qui a succédé à Houphouët.
Redoutant ses ambitions, le camp Bédié tente de prouver l’inéligibilité de Ouattara, l’accuse d’être d’origine burkinabè, et entonne le refrain de l’"ivoirité".
Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est rejetée pour "nationalité douteuse".
Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d’Ivoire s’impose avec un sud tenu par le camp du président Laurent Gbagbo et un nord rebelle pro-Ouattara.
Sous la pression internationale, Gbagbo valide en 2005 la candidature de Ouattara à la présidentielle, scrutin six fois reporté jusqu’en novembre 2010.
Les deux hommes proclament leur victoire, ouvrant quatre mois de crise et de violences qui ont laissés plus de 3.000 morts.
Une offensive finale des ex-rebelles venus du nord, avec l’appui décisif de l’ONU et de l’ex-puissance coloniale française, permet enfin à ADO d’accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 met fin à l’incessant débat sur sa légitimité. C’est désormais "sa" constitution, adoptée sur un score écrasant mais avec une participation faible, qui fait débat.
Cette nouvelle constitution est censée "tourner la page", selon l’expression d’ADO. Jadis son ennemi, Bédié, désormais son principal allié politique, a soutenu le nouveau texte.
Ses zélateurs le voient comme l’homme qui a pacifié le pays tout en le faisant émerger sur le plan économique.
Ses détracteurs le décrivent tel un autocrate, lui reprochant une justice des vainqueurs et son manque d’écoute.
Le débat sur la nouvelle constitution résume cette dualité de vision. Pour ses proches, le nouveau texte, voulu par le président, est un héritage qu’il laisse aux générations futures et qui s’inscrit dans son plan de modernisation et de stabilisation à long terme, alors que pour l’opposition, ADO ne fait "qu’organiser sa succession".
Le texte est en tout cas le fruit de sa personnalité et de son passé, notamment sa formation universitaire aux Etats-Unis (en Pennsylvanie): prépondérance de l’exécutif, poste de vice-président, Sénat, dates fixe des élections sont des éléments directement inspirés du modèle américain.
Pour ses détracteurs, ce sont ses défauts qu’on voit à travers le texte. L’exécutif fort, la démonstration qu’ADO n’écoute pas... Pour eux, la création du Sénat et l’institutionnalisation de la Chambre des chefs sont du "clientélisme à l’image du régime actuel".
Ancien haut dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ADO, souvent présenté comme un grand travailleur, sait user de ses relations avec les bailleurs de fonds pour attirer les capitaux et les investisseurs. Il a transformé la Côte d’Ivoire avec notamment une ambitieuse politique de grands travaux.
Beaucoup d’Ivoiriens reconnaissent ce mérite au président même s’ils n’adhèrent pas à la méthode. M. Ouattara n’a ainsi pas hésité à faire raser des quartiers entiers sur le bord de la mer, de la lagune d’Abidjan, ou de zones jugées dangereuses en raison d’éboulements.
Il est aussi "à des années-lumière" d’avoir jugulé la corruption, une de ses promesses.
Si la croissance économique est au rendez-vous, son régime peine à avancer sur les questions de justice et de réconciliation. La justice sous son égide s’est surtout intéressée à un seul camp, celui de l’opposition.
Des années de polémiques ont fait d’ADO, issu du nord du pays majoritairement musulman, le symbole de la crise identitaire qui déchire la Côte d’Ivoire.
Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), il accomplit la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin. Technocrate marié à une Française, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.
- ’Ivoirité’ -
Il reconnaîtra lui-même avoir occupé plusieurs postes au titre de l’ancienne Haute-Volta, ce qui va alimenter un interminable débat sur sa
nationalité.
En 1990, il est nommé Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu’il exerce jusqu’à la mort du "Vieux" en 1993.
Jugeant le scrutin non transparent, il renonce à se présenter à la présidentielle en 1995 face à Henri Konan Bédié, qui a succédé à Houphouët.
Redoutant ses ambitions, le camp Bédié tente de prouver l’inéligibilité de Ouattara, l’accuse d’être d’origine burkinabè, et entonne le refrain de l’"ivoirité".
Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est rejetée pour "nationalité douteuse".
Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d’Ivoire s’impose avec un sud tenu par le camp du président Laurent Gbagbo et un nord rebelle pro-Ouattara.
Sous la pression internationale, Gbagbo valide en 2005 la candidature de Ouattara à la présidentielle, scrutin six fois reporté jusqu’en novembre 2010.
Les deux hommes proclament leur victoire, ouvrant quatre mois de crise et de violences qui ont laissés plus de 3.000 morts.
Une offensive finale des ex-rebelles venus du nord, avec l’appui décisif de l’ONU et de l’ex-puissance coloniale française, permet enfin à ADO d’accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 met fin à l’incessant débat sur sa légitimité. C’est désormais "sa" constitution, adoptée sur un score écrasant mais avec une participation faible, qui fait débat.
Cette nouvelle constitution est censée "tourner la page", selon l’expression d’ADO. Jadis son ennemi, Bédié, désormais son principal allié politique, a soutenu le nouveau texte.