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Politique Publié le lundi 7 novembre 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Décryptage d’une stratégie de refus des urnes et élections Danger d’un scénario très catastrophe : chasser Ouattara par la rue

© L’intelligent d’Abidjan Par Serge T
Meeting de la coalition de l`opposition regroupée au sein du Front du refus à Yopougon
Samedi 05 Novembre 2016. Abidjan, Yopougon. La Coalition de l`opposition regroupée au sein d`un meeting pour dire non à la nouvelle constitution.
Excluant de participer aux élections, l’opposition radicale ivoirienne n’a plus comme seule arme qu’une logique insurrectionnelle, c’est-à-dire un brusque retour en arrière.
S’appropriant la souveraineté du peuple et s’inscrivant dans une démarche de confiscation de la démocratie dont il se prévaut pourtant, le Front du refus, qui brandit comme un drapeau de la révolte le taux d’abstention lors du référendum sur la constitution du dimanche 30 octobre 2016, conteste la légitimité même du pouvoir actuel.
Il est demandé à Ouattara de partir, de remettre le pouvoir au peuple , car le taux d’abstention signifierait pour Koulibaly, Sangaré et alliés , que le peuple ne se reconnaît pas dans la majorité actuelle.
Selon cette façon de voir, le rendez-vous électoral de 2020 n'est même pas à l'ordre du jour, et il n'est pas non plus question, pour le Front du refus, de participer aux élections législatives du 18 décembre 2016. Ici et maintenant, Alassane Ouattara doit partir du pouvoir.
L'intention initiale de l'opposition est d'imposer immédiatement un cadre de discussion pour faire prendre en compte sa façon de voir qui serait la meilleure , qui serait majoritaire , en dehors de tout instrument de calcul à même de s'imposer à tous ; l'objectif est aussi de faire annuler la nouvelle constitution , pour obtenir, entre autres , la mise en place d'une nouvelle Commission électorale indépendante.
Le gouvernement actuel, s’appuyant sur le vote massif en faveur du « Oui » ne compte pas accepter les demandes d’une opposition qui refuse d’aller aux élections, parce que selon les autorités qui la créditent de 12%, elle sait qu’elle sera largement battue.
Les abstentionnistes ne sont pas tous, loin de là, des partisans du Front du refus. Très nombreux sont ceux qui acceptent la nouvelle constitution, mais qui ne sont pas allés voter, comme très nombreux sont ceux qui ne se déplacent jamais pour un vote référendaire.
Il ne reste plus, pour le FPI et ses alliés, que l’appel à l’insurrection et au soulèvement du peuple, contre le gouvernement.
Admettons que le peuple Fpi prenne le pouvoir. Quel peuple ? À quel moment cela se fera-t-il ? Avant la promulgation de la nouvelle constitution qui se fera sûrement d'ici le mercredi 9 novembre 2016 ? Après les élections législatives de 2016 ou bien avant ? Après la nomination du vice-président ou bien avant ?
Si Alassane Ouattara est chassé , comme Blaise Compaoré au Burkina Faso , par une rue mécontente , qui , en dehors de Laurent Gbagbo leader charismatique naturel de l'opposition , sera le candidat « nommé » président de la République de transition ?
Faut-il exiger que Gbagbo soit libéré pour être « nommé », puis élu Président à travers des élections qui ne seront ni libres , ni indépendantes ?
Sera-t-il possible d'empêcher une nouvelle élection sous prétexte que Laurent Gbagbo ayant été le vainqueur de 2010 , il doit sortir de prison pour venir terminer son mandat ?
Pendant ce temps puisqu'il faut une autorité, une transition avant ce retour du fils prodige qui peut prendre des jours , des semaines et même des mois , est-ce Aboudrahame Sangaré qui assurera l'intérim à la tête de l'État, comme seul compagnon légitime qui ne saurait trahir son "jumeau" ?
Quelles pourraient être les réactions de l'ex désormais parti au pouvoir face à cette situation ? Ses dirigeants seront-ils laissés en liberté avec la possibilité d'appeler leurs partisans à barrer la route aux insurgés et "putschistes" qui cherchent des raccourcis pour arriver au pouvoir ?
Contrairement aux réactions actuelles que dénonce l'opposition, les futurs ex-dirigeants du pays vont-ils pouvoir manifester librement pour dénoncer les méthodes de l'ex-opposition devenue membre de la transition mise en place après le départ éventuel de Ouattara, du pouvoir ?
Que compte faire le peuple du Fpi et la rue actuelle des militants du Rdr, du Pdci, des anciens chefs militaires reconvertis en grenadiers de la République ?
Ceux-ci resteront-ils sans réagir à cette opération de dépossession du pouvoir ?
Amadou Soumahoro, Joël N'guessan et autres, à défaut d'avoir pu aller en exil avec familles, seront-ils mis en prison ou bien resteront-ils en liberté ?
Le jeu démocratique sera-t-il une réalité avec la possibilité qu'aucun camp ne soit désormais exclu, ni ne soit victime d'aucun abus, d’aucun acte arbitraire ?
Combien de temps la transition peut-elle durer ? Jusqu'au retour de la légalité constitutionnelle ? Le pays peut-il alors être à l'abri d'affrontements armés et d'une guerre entre les différents détenteurs des armes , et même d'une vraie guerre civile à la rwandaise ?
La démocratie sera-t-elle alors une réalité avec une constitution consensuelle ?
Cette fiction sur ce qui peut arriver nous ramène aux heures sombres de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. En politique, la fiction n'est pas souvent loin de la réalité.
Il est temps de mettre chacun devant ses responsabilités, l’opposition qui s’approprie la souveraineté du peuple pour demander le départ de Ouattara, la majorité actuelle, qui veut instrumentaliser la victoire du « Oui » et refuser tout dialogue sans exclusion avec l'opposition.
L’Appel à l’insurrection, dans une Côte d’Ivoire qui reprend confiance en elle, est un crime contre la démocratie. C’est aussi un extraordinaire aveu de faiblesse de la part de l’opposition.
Que chacun réfléchisse sur les limites des stratégies « jusqu’au-boutistes ».
Le choix des urnes est , de loin , préférable au choix des armes ou de la rue. La rue n'est pas porteuse de démocratie. La rue est plutôt porteuse d'une logique populiste qui ne garantit pas une stabilité durable, parce qu'elle secrète et nourrit un désir de vengeance.
Les Ivoiriens ont soif de paix. La paix que promet et promeut l'opposition, ne paraît pas plus durable, que celle qu'elle combat ; cette paix nouvelle promise ne durera pas, parce qu'elle ne sera pas originellement fondée sur la logique des urnes, et d'une bataille électorale normale, régulière et classique.
Les autres citoyens et acteurs socio-politiques auront toujours des raisons de se révolter et de combattre la paix instaurée au nom du slogan le " Pouvoir au Peuple ", si le Front du refus réussit son coup. Oui oui d'autres citoyens créeront eux aussi leur Front du refus, en s'inspirant des méthodes actuelles de l'opposition...
Il est temps d'y songer

Alice Ouédraogo
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