Président Kipré, l’UNG, à l’instar du bloc dit du ’’Gbagbo ou rien’’, a décidé de ne pas présenter de candidat aux élections législatives prochaines. Qu’est-ce qui motive ce choix ?
Je ne sais pas ce vous appelez « Gbagbo ou rien ». Je sais qu’il y a des hommes, des femmes et des partis politiques pour qui la libération du Président Laurent GBAGBO est un impératif catégorique pour le retour de la paix et de la réconciliation en Côte d’Ivoire et d’autres qui ont décidé de l’enterrer politiquement en s’accoquinant avec le pouvoir actuel.
Pour revenir à votre question, je voudrais rappeler à toutes fins utiles que c’est notre parti, l’Union des Nouvelles Générations (UNG) qui a été la première formation politique en Côte d’Ivoire, à l’occasion de sa convention extraordinaire à Divo, à avoir décidé du boycott du referendum initié par M. Alassane Ouattara et de l’élection législative. J’ai, alors par la suite, moi-même appelé l’ensemble des partis politiques engagés dans le combat à nous emboiter le pas dans notre logique. Bien heureusement concernant le referendum l’opposition dans son ensemble nous a suivi et c’est dommage que concernant l’élection législative certains aient décidé d’y participer car les raisons de ce boycott sont les mêmes depuis 2011 et elles sont notamment liées à la sincérité du scrutin et l’état actuel du pays au niveau socio-politique.
La politique de chaise vide est-elle la solution, si l’opposition veut aspirer à changer la donne un jour ?
Encore faudrait-il qu’il y ait une chaise. Dans tous les états démocratiques du monde, il y a le pouvoir qui gouverne et l’opposition qui fait des contre-propositions avec des droits garantis par la Constitution. En Côte d’Ivoire, depuis 2011, l’on étouffe l’opposition et la brime. On bafoue totalement les libertés individuelles et publiques. Notre combat consiste donc à tout faire pour qu’il y ait une chaise qui est incarnée pour nous par l’exercice d’une véritable démocratie. Les gens oublient le plus souvent, soit par méprise ou par ignorance, que la dynamique démocratique se nourrit certes de l’animation de la vie politique par les acteurs politiques mais aussi elle trouve tout son sens dans la crédibilité des instruments en charge de l’organisation des scrutins démocratiques et surtout de la proclamation des résultats issus de ces scrutins. L’UNG refuse de participer à une élection juste pour le plaisir d’y participer.
N’est-ce pas que cette opposition fait le jeu du pouvoir, qui semble avoir tout intérêt qu’il n’y ait d’adversaire en face ?
Ceux qui font le jeu du pouvoir, ce sont ceux qui l’accompagnent pour légitimer la fraude. Nous autres, nous dénonçons et nous nous battons pour le retour de la démocratie alors comment faisons-nous le jeu du pouvoir ? Le boycott est un acte démocratique et un régime tel que celui qui règne à Abidjan actuellement doit être isolé et non accompagné dans sa forfaiture.
Appréhendez-vous ce qu’auraient pesé des députés à l’Assemblée nationale si vous en aviez ?
Ecoutez, tout le monde sait que nous sommes majoritaires en Côte d’Ivoire donc nous aurions forcement obtenu des députés mais il ne s’agit pas d’être candidat pour le plaisir de concourir mais pour gagner. Comment cela est possible quand le parti au pouvoir avec le découpage électoral s’est déjà octroyé 70 sièges et qu’il bénéficie du soutien de la Commission Electorale dite indépendante pour tripatouiller les chiffres ?
Il faut simplement admettre que M. Ouattara a décidé de nommer une partie de parlementaires comme au temps du parti unique afin d’attendre d’eux une soumission sans précèdent. Regardez d’ailleurs le sort qui a été réservé aux députés qui ont émis des réserves sur son projet de constitution ? Ils n’ont pas été reconduits parce que dans l’esprit de M. Ouattara, l’Assemblée Nationale n’est pas un contre pouvoir mais une caisse de résonnance.
Vous aviez appelé au boycott au référendum qui a adopté la nouvelle Constitution promulguée récemment par le chef de l’Etat. Quelle analyse aviez-vous fait des résultats proclamés à l’issu de ce vote ?
Nous sommes globalement satisfaits de l’appel au boycott puisqu’il a été largement suivi contraignant M. Youssouf Bakayoko à se livrer à son sport favori qui est de manipuler les chiffres pour les rendre non conformes à la réalité des urnes. L’opinion nationale et internationale sait pourtant que le taux de participation ne dépasse pas 10%. Mais en plus, il faut dire que le nombre de personnes ayant approuvé la Constitution de 2000 dite conflictuelle par nos contradicteurs est supérieur à ceux qui ont donné leur accord à celle de M. Ouattara en dépit du fait que le nombre d’inscrits sur la liste électorale ait largement augmenté. C’est un désaveu total dont le pouvoir en place aurait dû tenir compte pour en tirer les conséquences.
L’opposition remet en cause le taux de participation de 42,42% publié par la Commission électorale indépendante. A qui la faute, si cette opposition était absente dans les urnes ?
Nous ne sommes pas les seuls à douter de ces chiffres. Tous les observateurs nationaux et internationaux qui ont couvert le scrutin sont sceptiques sur le taux rendu public par la CEI. En boycottant cette mascarade a, si besoin l’était, nous avons démontré à tous que ce pouvoir est minoritaire. Si au contraire, nous avions appelé nos militants à se rendre massivement aux urnes pour dire NON à cette Constitution, nous aurions commis une grave erreur politique car d’une part cette large participation aurait légitimé un taux falsifié plus largement et encore plus gravement et d’autre part notre NON aurait été comme d’habitude transformé en un OUI plus massif.
Comment peut-on se fier aux différents taux affichés par l’opposition (5%, 7%, 9 à 11% selon les différentes tendances) alors qu’elle n’était pas présente dans les urnes ?
Nous avions des points relais et les chiffres que nous avançons sont le résultat d’un travail efficace sur le terrain. Cependant, au delà de la guerre des chiffres dans laquelle je ne souhaite pas m’éterniser, il faut admettre que le taux de participation était très faible et en deçà de celui de 2000 pour une Constitution que l’on a présenté comme devant réconcilier les ivoiriens.
Au fond, n’est-ce pas une politique suicidaire pour l’opposition ivoirienne que de s’abonner absente aux différentes élections, au détriment de ces militants ?
Concernant l’UNG, ce sont les militants eux-mêmes qui ont décidé du boycott lors de notre convention. Et vous voyez que le peuple nous a suivi. Ce qui aurait été suicidaire c’est d’aller contre la volonté du peuple. En plus ce qui parait suicidaire est plutôt de participer à un scrutin juste pour le plaisir d’y participer sans avoir en main les moyens de veiller à la sincérité, à l’impartialité du scrutin et de la crédibilité de l’institution en charge d’en proclamer les résultats.
Un maire, un président de Conseil régional, c’est une équipe, ce sont des emplois, ce sont des localités sous tutelle. N’est-ce pas que par la politique de la chaise vide, vous faite toute la place à vos adversaires pour consolider davantage leurs assises ?
Pour le moment nous nous sommes prononcés sur le Référendum et sur les législatives et pas encore sur les autres élections. Notre volonté est d’avoir un dialogue franc avec le pouvoir afin de créer les conditions propices à la participation de toute l’opposition aux prochaines élections.
Concrètement, que visent l’UNG et ses alliés du front du refus en adoptant cette stratégie ?
Notre seule ambition est de prendre en compte les aspirations du peuple et jusqu’à présent nous n’avons pas encore failli puisque le peuple est avec nous et respecte les mots d’ordre.
10 ans d’absence sur le terrain, n’est-ce pas trop pour espérer rebondir sérieusement ?
Nous ne sommes pas couchés ou tombés pour qu’on parle de rebondir. Retenez juste qu’aucun sacrifice n’est jamais trop grand pour sauver son pays.
L’opposition récuse les élections mais tente d’utiliser en vain la rue pour obtenir des résultats. La rue n’a-t-elle pas montré ses limites avec les résultats déjà obtenus ?
Ce sont les conditions d’organisation des élections que nous récusons et non pas les élections. La rue comme vous dites est une expression démocratique de revendications et de protestations et c’est parce que nous avons fais le choix d’une alternance démocratique que nous revendiquons des élections libres et transparentes. Pour nous, il vaut mieux la rue que la voie de la prise des armes empruntée par ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir en Côte d’Ivoire.
Pour obtenir le changement, les américains ont voté. Ils ont surpris le monde entier avec l’arrivée inattendue au pouvoir de Donald Trump. Comment avez-vous appréhendé cette victoire du Républicain sur Hillary Clinton, donnée super-favorite jusqu’au dernier jour ?
Après le Brexit anglais, c’est l’élection présidentielle américaine qui vient de faire déjouer tous les pronostics en portant M. Donald Trump à la Maison Blanche. Je voudrais faire remarquer que l’establishment politique mondial vient de prouver encore une fois de plus qu’il est loin et déconnecté des préoccupations des peuples. Les peuples affirment de plus en plus leur choix et c’est la première leçon à retenir de cette élection pour les peuples en Afrique qui doivent comprendre qu’ils sont ceux qui ont le vrai pouvoir et qu’ils doivent refuser que des dictateurs confisquent leur liberté.
L’avènement de Donald Trump annonce la fin d’un système qui, selon certains observateurs, a vu la chute et le transfèrement à la Cour pénale internationale du Président Gbagbo. L’arrivée de ce président iconoclaste vous donne-t-il de l’espoir quant à la suite du débat s’agissant de la libération de l’’ex-président ivoirien ?
Nous espérons juste que le Président Donald Trump comprendra et décèlera très vite les erreurs de jugement de son précédent sur la crise ivoirienne et qu’ainsi il participera à l’éclatement de la vérité qui est en cours en ce moment.
Aujourd’hui tout le monde voit la vérité et tous les pays qui sortent de la Cour Pénale Internationale sont la preuve que notre combat porte et que notre message est entendu.
Certains pays africains ont engagé des procédures pour leur retrait de la CPI. Quelle lecture faites-vous de leurs positions ?
C’est ce qu’il faut faire. C’est dans cette voie qu’il faut aller car l’Afrique doit se faire respecter et quitter la CPI dès lors qu’elle a dévoyé sa mission qui était de combattre l’impunité sans partis pris. En Côte d’Ivoire, il suffit juste de voir la partialité avec laquelle le procureur se penche sur la crise post-électorale née du refus de M. Alassane Ouattara d’accepter sa défaite à l’élection présidentielle de 2010 pour se convaincre de l’usage de cet instrument juridique pour régler des comptes, mettre sous l’éteignoir des adversaires politiques et asseoir de plus en plus l’hégémonie des impérialistes et de leurs satellites sur ceux qui refusent de se soumettre.
D’aucuns vous diront que c’est parce que les présidents de ces pays se sentent menacés qu’ils veulent retirer leurs pays. Qu’en dites-vous ?
Les Présidents Poutine de la Russie et Zuma de l’Afrique du Sud sont-ils menacés ? Non. Je crois que c’est une analyse facile. Les tenants de cette thèse refusent de voir les lignes qui bougent dans le monde.
M. Kipré, comment entrevoyez-vous l’horizon 2020 en Côte d’Ivoire ?
Pour moi 2020 marquera la fin d’un gros problème en Côte d’Ivoire qui est Ouattara. C’est une nouvelle ère qui s’ouvrira et c’est pourquoi il doit comprendre qu’il fait désormais partie du passé et que toute tentative de prolonger sa présence à la tête de l’Etat va déboucher sur une crise sans précédent dans notre pays. Je n’attends plus rien de M. Ouattara car il a donné la preuve qu’il est incapable de se mettre au dessus des camps pour penser à la Côte d’Ivoire et son avenir.
Auriez-vous des ambitions à ces échéances ?
Nous en sommes très loin. Sachez néanmoins qu’on ne rentre pas en politique si l’on n’a pas d’ambitions. Mais en toutes ambitions, il faut déterminer ses priorités. Pour l’heure, mes priorités sont ailleurs.
Il semblerait que vous travaillerez pour une grande coalition susceptible de surpasser toutes les tendances et autres divergences pour rassembler toute l’opposition autour d’un idéal de reconquête de vos positions. Confirmez-vous l’information ?
Je ne sais pas de quoi il s’agit…
Vous seriez prêt à rencontrer toutes les tendances, y compris celle de M. Pascal Affi N’guessan pour ressouder les morceaux du FPI qui volent en éclat ?
Je n’ai aucun problème avec M. AFFI N’guessan. J’ai un problème avec la ligne politique actuelle qui consiste à escorter un pouvoir qui viole les règles élémentaires de la démocratie et qui se met à dos le peuple.
On l’impression que toutes vos ambitions tournent autour de la libération du président Gbagbo
Nous avons fais le choix de la cohérence en politique mais aussi et surtout de la fidélité, fidélité à notre mentor et à la ligne politique qu’il a tracée. Pour nous, la libération du Président Laurent GBAGBO, des autres prisonniers politiques ainsi que le retour des milliers d’ivoiriens d’exil seraient synonymes de Paix, de stabilité et de cohésion sociale pour la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, fondement de celle de demain.
Que vous inspire la décision de la Cour Africaine des Droits de l’Home et des Peuples portant sur l’illégalité de la Commission Electorale Indépendante de la Côte d’Ivoire?
La Cour ne vient par cette décision que de confirmer une chose que nous dénoncions depuis belle lurette qui est que cette CEI est illégale. Nous sommes toutefois heureux que les magistrats de cette cour nous ait donné raison sur ce fait. Les uns et les autres devront donc en tirer les conséquences et éviter de siéger au sein de cette institution dans sa composition actuelle car pour nous en plus d’être illégale, elle n’est pas crédible.
Je ne sais pas ce vous appelez « Gbagbo ou rien ». Je sais qu’il y a des hommes, des femmes et des partis politiques pour qui la libération du Président Laurent GBAGBO est un impératif catégorique pour le retour de la paix et de la réconciliation en Côte d’Ivoire et d’autres qui ont décidé de l’enterrer politiquement en s’accoquinant avec le pouvoir actuel.
Pour revenir à votre question, je voudrais rappeler à toutes fins utiles que c’est notre parti, l’Union des Nouvelles Générations (UNG) qui a été la première formation politique en Côte d’Ivoire, à l’occasion de sa convention extraordinaire à Divo, à avoir décidé du boycott du referendum initié par M. Alassane Ouattara et de l’élection législative. J’ai, alors par la suite, moi-même appelé l’ensemble des partis politiques engagés dans le combat à nous emboiter le pas dans notre logique. Bien heureusement concernant le referendum l’opposition dans son ensemble nous a suivi et c’est dommage que concernant l’élection législative certains aient décidé d’y participer car les raisons de ce boycott sont les mêmes depuis 2011 et elles sont notamment liées à la sincérité du scrutin et l’état actuel du pays au niveau socio-politique.
La politique de chaise vide est-elle la solution, si l’opposition veut aspirer à changer la donne un jour ?
Encore faudrait-il qu’il y ait une chaise. Dans tous les états démocratiques du monde, il y a le pouvoir qui gouverne et l’opposition qui fait des contre-propositions avec des droits garantis par la Constitution. En Côte d’Ivoire, depuis 2011, l’on étouffe l’opposition et la brime. On bafoue totalement les libertés individuelles et publiques. Notre combat consiste donc à tout faire pour qu’il y ait une chaise qui est incarnée pour nous par l’exercice d’une véritable démocratie. Les gens oublient le plus souvent, soit par méprise ou par ignorance, que la dynamique démocratique se nourrit certes de l’animation de la vie politique par les acteurs politiques mais aussi elle trouve tout son sens dans la crédibilité des instruments en charge de l’organisation des scrutins démocratiques et surtout de la proclamation des résultats issus de ces scrutins. L’UNG refuse de participer à une élection juste pour le plaisir d’y participer.
N’est-ce pas que cette opposition fait le jeu du pouvoir, qui semble avoir tout intérêt qu’il n’y ait d’adversaire en face ?
Ceux qui font le jeu du pouvoir, ce sont ceux qui l’accompagnent pour légitimer la fraude. Nous autres, nous dénonçons et nous nous battons pour le retour de la démocratie alors comment faisons-nous le jeu du pouvoir ? Le boycott est un acte démocratique et un régime tel que celui qui règne à Abidjan actuellement doit être isolé et non accompagné dans sa forfaiture.
Appréhendez-vous ce qu’auraient pesé des députés à l’Assemblée nationale si vous en aviez ?
Ecoutez, tout le monde sait que nous sommes majoritaires en Côte d’Ivoire donc nous aurions forcement obtenu des députés mais il ne s’agit pas d’être candidat pour le plaisir de concourir mais pour gagner. Comment cela est possible quand le parti au pouvoir avec le découpage électoral s’est déjà octroyé 70 sièges et qu’il bénéficie du soutien de la Commission Electorale dite indépendante pour tripatouiller les chiffres ?
Il faut simplement admettre que M. Ouattara a décidé de nommer une partie de parlementaires comme au temps du parti unique afin d’attendre d’eux une soumission sans précèdent. Regardez d’ailleurs le sort qui a été réservé aux députés qui ont émis des réserves sur son projet de constitution ? Ils n’ont pas été reconduits parce que dans l’esprit de M. Ouattara, l’Assemblée Nationale n’est pas un contre pouvoir mais une caisse de résonnance.
Vous aviez appelé au boycott au référendum qui a adopté la nouvelle Constitution promulguée récemment par le chef de l’Etat. Quelle analyse aviez-vous fait des résultats proclamés à l’issu de ce vote ?
Nous sommes globalement satisfaits de l’appel au boycott puisqu’il a été largement suivi contraignant M. Youssouf Bakayoko à se livrer à son sport favori qui est de manipuler les chiffres pour les rendre non conformes à la réalité des urnes. L’opinion nationale et internationale sait pourtant que le taux de participation ne dépasse pas 10%. Mais en plus, il faut dire que le nombre de personnes ayant approuvé la Constitution de 2000 dite conflictuelle par nos contradicteurs est supérieur à ceux qui ont donné leur accord à celle de M. Ouattara en dépit du fait que le nombre d’inscrits sur la liste électorale ait largement augmenté. C’est un désaveu total dont le pouvoir en place aurait dû tenir compte pour en tirer les conséquences.
L’opposition remet en cause le taux de participation de 42,42% publié par la Commission électorale indépendante. A qui la faute, si cette opposition était absente dans les urnes ?
Nous ne sommes pas les seuls à douter de ces chiffres. Tous les observateurs nationaux et internationaux qui ont couvert le scrutin sont sceptiques sur le taux rendu public par la CEI. En boycottant cette mascarade a, si besoin l’était, nous avons démontré à tous que ce pouvoir est minoritaire. Si au contraire, nous avions appelé nos militants à se rendre massivement aux urnes pour dire NON à cette Constitution, nous aurions commis une grave erreur politique car d’une part cette large participation aurait légitimé un taux falsifié plus largement et encore plus gravement et d’autre part notre NON aurait été comme d’habitude transformé en un OUI plus massif.
Comment peut-on se fier aux différents taux affichés par l’opposition (5%, 7%, 9 à 11% selon les différentes tendances) alors qu’elle n’était pas présente dans les urnes ?
Nous avions des points relais et les chiffres que nous avançons sont le résultat d’un travail efficace sur le terrain. Cependant, au delà de la guerre des chiffres dans laquelle je ne souhaite pas m’éterniser, il faut admettre que le taux de participation était très faible et en deçà de celui de 2000 pour une Constitution que l’on a présenté comme devant réconcilier les ivoiriens.
Au fond, n’est-ce pas une politique suicidaire pour l’opposition ivoirienne que de s’abonner absente aux différentes élections, au détriment de ces militants ?
Concernant l’UNG, ce sont les militants eux-mêmes qui ont décidé du boycott lors de notre convention. Et vous voyez que le peuple nous a suivi. Ce qui aurait été suicidaire c’est d’aller contre la volonté du peuple. En plus ce qui parait suicidaire est plutôt de participer à un scrutin juste pour le plaisir d’y participer sans avoir en main les moyens de veiller à la sincérité, à l’impartialité du scrutin et de la crédibilité de l’institution en charge d’en proclamer les résultats.
Un maire, un président de Conseil régional, c’est une équipe, ce sont des emplois, ce sont des localités sous tutelle. N’est-ce pas que par la politique de la chaise vide, vous faite toute la place à vos adversaires pour consolider davantage leurs assises ?
Pour le moment nous nous sommes prononcés sur le Référendum et sur les législatives et pas encore sur les autres élections. Notre volonté est d’avoir un dialogue franc avec le pouvoir afin de créer les conditions propices à la participation de toute l’opposition aux prochaines élections.
Concrètement, que visent l’UNG et ses alliés du front du refus en adoptant cette stratégie ?
Notre seule ambition est de prendre en compte les aspirations du peuple et jusqu’à présent nous n’avons pas encore failli puisque le peuple est avec nous et respecte les mots d’ordre.
10 ans d’absence sur le terrain, n’est-ce pas trop pour espérer rebondir sérieusement ?
Nous ne sommes pas couchés ou tombés pour qu’on parle de rebondir. Retenez juste qu’aucun sacrifice n’est jamais trop grand pour sauver son pays.
L’opposition récuse les élections mais tente d’utiliser en vain la rue pour obtenir des résultats. La rue n’a-t-elle pas montré ses limites avec les résultats déjà obtenus ?
Ce sont les conditions d’organisation des élections que nous récusons et non pas les élections. La rue comme vous dites est une expression démocratique de revendications et de protestations et c’est parce que nous avons fais le choix d’une alternance démocratique que nous revendiquons des élections libres et transparentes. Pour nous, il vaut mieux la rue que la voie de la prise des armes empruntée par ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir en Côte d’Ivoire.
Pour obtenir le changement, les américains ont voté. Ils ont surpris le monde entier avec l’arrivée inattendue au pouvoir de Donald Trump. Comment avez-vous appréhendé cette victoire du Républicain sur Hillary Clinton, donnée super-favorite jusqu’au dernier jour ?
Après le Brexit anglais, c’est l’élection présidentielle américaine qui vient de faire déjouer tous les pronostics en portant M. Donald Trump à la Maison Blanche. Je voudrais faire remarquer que l’establishment politique mondial vient de prouver encore une fois de plus qu’il est loin et déconnecté des préoccupations des peuples. Les peuples affirment de plus en plus leur choix et c’est la première leçon à retenir de cette élection pour les peuples en Afrique qui doivent comprendre qu’ils sont ceux qui ont le vrai pouvoir et qu’ils doivent refuser que des dictateurs confisquent leur liberté.
L’avènement de Donald Trump annonce la fin d’un système qui, selon certains observateurs, a vu la chute et le transfèrement à la Cour pénale internationale du Président Gbagbo. L’arrivée de ce président iconoclaste vous donne-t-il de l’espoir quant à la suite du débat s’agissant de la libération de l’’ex-président ivoirien ?
Nous espérons juste que le Président Donald Trump comprendra et décèlera très vite les erreurs de jugement de son précédent sur la crise ivoirienne et qu’ainsi il participera à l’éclatement de la vérité qui est en cours en ce moment.
Aujourd’hui tout le monde voit la vérité et tous les pays qui sortent de la Cour Pénale Internationale sont la preuve que notre combat porte et que notre message est entendu.
Certains pays africains ont engagé des procédures pour leur retrait de la CPI. Quelle lecture faites-vous de leurs positions ?
C’est ce qu’il faut faire. C’est dans cette voie qu’il faut aller car l’Afrique doit se faire respecter et quitter la CPI dès lors qu’elle a dévoyé sa mission qui était de combattre l’impunité sans partis pris. En Côte d’Ivoire, il suffit juste de voir la partialité avec laquelle le procureur se penche sur la crise post-électorale née du refus de M. Alassane Ouattara d’accepter sa défaite à l’élection présidentielle de 2010 pour se convaincre de l’usage de cet instrument juridique pour régler des comptes, mettre sous l’éteignoir des adversaires politiques et asseoir de plus en plus l’hégémonie des impérialistes et de leurs satellites sur ceux qui refusent de se soumettre.
D’aucuns vous diront que c’est parce que les présidents de ces pays se sentent menacés qu’ils veulent retirer leurs pays. Qu’en dites-vous ?
Les Présidents Poutine de la Russie et Zuma de l’Afrique du Sud sont-ils menacés ? Non. Je crois que c’est une analyse facile. Les tenants de cette thèse refusent de voir les lignes qui bougent dans le monde.
M. Kipré, comment entrevoyez-vous l’horizon 2020 en Côte d’Ivoire ?
Pour moi 2020 marquera la fin d’un gros problème en Côte d’Ivoire qui est Ouattara. C’est une nouvelle ère qui s’ouvrira et c’est pourquoi il doit comprendre qu’il fait désormais partie du passé et que toute tentative de prolonger sa présence à la tête de l’Etat va déboucher sur une crise sans précédent dans notre pays. Je n’attends plus rien de M. Ouattara car il a donné la preuve qu’il est incapable de se mettre au dessus des camps pour penser à la Côte d’Ivoire et son avenir.
Auriez-vous des ambitions à ces échéances ?
Nous en sommes très loin. Sachez néanmoins qu’on ne rentre pas en politique si l’on n’a pas d’ambitions. Mais en toutes ambitions, il faut déterminer ses priorités. Pour l’heure, mes priorités sont ailleurs.
Il semblerait que vous travaillerez pour une grande coalition susceptible de surpasser toutes les tendances et autres divergences pour rassembler toute l’opposition autour d’un idéal de reconquête de vos positions. Confirmez-vous l’information ?
Je ne sais pas de quoi il s’agit…
Vous seriez prêt à rencontrer toutes les tendances, y compris celle de M. Pascal Affi N’guessan pour ressouder les morceaux du FPI qui volent en éclat ?
Je n’ai aucun problème avec M. AFFI N’guessan. J’ai un problème avec la ligne politique actuelle qui consiste à escorter un pouvoir qui viole les règles élémentaires de la démocratie et qui se met à dos le peuple.
On l’impression que toutes vos ambitions tournent autour de la libération du président Gbagbo
Nous avons fais le choix de la cohérence en politique mais aussi et surtout de la fidélité, fidélité à notre mentor et à la ligne politique qu’il a tracée. Pour nous, la libération du Président Laurent GBAGBO, des autres prisonniers politiques ainsi que le retour des milliers d’ivoiriens d’exil seraient synonymes de Paix, de stabilité et de cohésion sociale pour la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, fondement de celle de demain.
Que vous inspire la décision de la Cour Africaine des Droits de l’Home et des Peuples portant sur l’illégalité de la Commission Electorale Indépendante de la Côte d’Ivoire?
La Cour ne vient par cette décision que de confirmer une chose que nous dénoncions depuis belle lurette qui est que cette CEI est illégale. Nous sommes toutefois heureux que les magistrats de cette cour nous ait donné raison sur ce fait. Les uns et les autres devront donc en tirer les conséquences et éviter de siéger au sein de cette institution dans sa composition actuelle car pour nous en plus d’être illégale, elle n’est pas crédible.