Les cours n’ont pas repris, hier, au lycée moderne d’Aboisso. La tension étant vive dans la ville, les établissements secondaires privés ont libéré leurs élèves. Des écoles primaires publiques et privées ont également fermé. La traque aux élèves conjointement menée par la police et la gendarmerie s’est poursuivie jusqu’aux environs de 11 heures dans certains quartiers de la ville, au point que des élèves étaient obligés de jeter le kaki pour enfiler des tenues civiles. Les professeurs du lycée n’ont pas daigné faire le déplacement vers le lieu de travail. « Je n’y mettrai les pieds que le lundi. J’ai failli être brutalisé par des élèves, le mercredi dernier, » a confié un professeur de Physiques Chimie, sous le couvert de l’anonymat. Un groupuscule d’élèves a brièvement manifesté devant le lycée, tôt hier matin, avant de faire mouvement vers le commissariat de police. « Ils ont tenté d’incendier le domicile du proviseur ce matin (Ndlr : hier jeudi). Nous sommes intervenus pour les disperser, » explique un policier, grenade en main. Ils accusent le proviseur d’avoir fait arrêter leur collègue perturbateur de cours par la police. Les manifestants ont mis le cap sur le commissariat de police. Objectif : faire libérer leurs camarades détenus, depuis la veille, au violon. Mais, ils se sont heurtés à un impressionnant dispositif de sécurité. La police, appuyée par la gendarmerie, les a repoussés loin des lieux. Les manifestants ont donné jusqu’à hier soir à la police pour remettre leurs camarades, fauteurs de troubles, en liberté. A Bonoua, les cours, qui avaient timidement repris, le mercredi, ont été interrompus, hier matin, par des manifestants, sifflets à la bouche. Ils ont vidé toutes les classes, avant de se déverser dans la ville. Tous les établissements publics et privés ont été contraints de fermer. Un détachement de la préfecture de police d’Aboisso y a été dépêché en renfort. Chez des parents d’élèves, c’est le ras-le-bol. « Ici, à Bonoua, il n’y a véritablement pas eu de cours depuis mi-décembre. D’abord, ils ont précipité leur départ en congés de Noel. A leur retour, c’était la grève des fonctionnaires, qui a duré trois semaines. Depuis le 13 février, les cours sont constamment perturbés, soit pour réclamer des congés, soit pour appliquer des mots d’ordre de la FESCI. Nos enfants sont devenus très inconscients. Il faut que l’administration scolaire tape du poing sur la table, si, elle-même, n’est pas complice, » fulmine Wognin Jean Marc, parent d’élèves. On attend de voir le lundi, l’attitude qui sera encore adoptée par ces manifestants, si leurs camarades ne sont pas libérés.
Sam K.D
Sam K.D