La Haye - Au plus fort de la crise post-électorale qui a déchiré la Côte d’Ivoire en 2010-2011, le chef d’état-major de l’armée ivoirienne avait conseillé à l’ex-président Laurent Gbagbo de démissionner, a-t-il déclaré mardi devant la Cour pénale internationale (CPI).
En guise de représailles, sa résidence privée avait été attaquée quelques jours plus tard, a affirmé Philippe Mangou au deuxième jour de son témoignage au procès.
"Pour avoir seulement proposé au président de démissionner, on a voulu me tuer", a déclaré cet ancien pilier du pouvoir sous Gbagbo devenu témoin de l’accusation.
Barbe poivre et sel et regard fatigué, Laurent Gbagbo, 72 ans, est poursuivi pour des crimes contre l’humanité commis lors de violences post-électorales qui avaient fait 3.000 morts en cinq mois.
En décembre 2010, il avait occupé le palais présidentiel après avoir refusé de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara.
Lâché par la communauté internationale, il convoque le 11 mars 2011 le général qui dit l’avoir conseillé en ces termes : "Monsieur le président, démissionnez. (...) Il y a déjà trop de morts." "N’en parle à personne", rétorque M. Gbagbo.
Le soir-même, le général reçoit Charles Blé Goudé, chef du mouvement des Jeunes Patriotes (milice pro-Gbabgo). Sa "venue (...), c’était un peu pour me donner le baiser de la mort".
Des hommes qui tiraient "à la kalach, au RPG" attaquent le 14 mars sa résidence située à Yopougon, fief de M. Gbagbo à Abidjan. Lorsqu’il rapporte les faits au président Gbagbo, celui-ci dit simplement à propos de l’identité des assaillants : "J’ai ma petite idée là-dessus".
Ainsi, la demande de confidence "était un test" pour "savoir si j’étais franc et loyal", a affirmé l’ancien militaire.
Nommé chef d’état-major en novembre 2004, Philippe Mangou était demeuré fidèle à Gbagbo jusqu’en 2011 même si il était resté en retrait et avait perdu une bonne part du contrôle de ses hommes.
En pleine bataille d’Abidjan entre forces pro-Gbagbo et combattants pro-Ouattara appuyés par la France et l’ONU, il fait défection et se réfugie le 30 mars chez l’ambassadeur sud-africain.
"J’avais compris que j’étais entre deux feux: mon propre camp qui me rejetait, qui pensait que j’étais en train de le trahir, et les autres frères (pro-Ouattara) qui étaient en train d’arriver".
Finalement, à la suite d’une demande de Ouattara d’organiser un cessez-le-feu, il se rend à la résidence présidentielle, avec l’intention de tenter à nouveau de convaincre Laurent Gbagbo de démissionner : "Mais je n’ai pas eu le courage."
Le cessez-le-feu échoue et "le 11 (avril), on voit le président (Gbagbo) sortir encagoulé".
Il fait ensuite allégeance "au nom de toutes les forces" à Ouattara. Il sera nommé ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon en 2012.
Le procès de Gbagbo, premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, s’est ouvert le 28 janvier 2016 et devrait durer trois à quatre ans.
Les juges ont révélé mardi avoir refusé sa demande de libération pour le reste de son procès, la défense n’ayant "pas fourni des conditions concrètes et solides qui garantiraient la présence de M. Gbagbo à son procès s’il est libéré".
shm/jkb/cvo/jh
En guise de représailles, sa résidence privée avait été attaquée quelques jours plus tard, a affirmé Philippe Mangou au deuxième jour de son témoignage au procès.
"Pour avoir seulement proposé au président de démissionner, on a voulu me tuer", a déclaré cet ancien pilier du pouvoir sous Gbagbo devenu témoin de l’accusation.
Barbe poivre et sel et regard fatigué, Laurent Gbagbo, 72 ans, est poursuivi pour des crimes contre l’humanité commis lors de violences post-électorales qui avaient fait 3.000 morts en cinq mois.
En décembre 2010, il avait occupé le palais présidentiel après avoir refusé de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara.
Lâché par la communauté internationale, il convoque le 11 mars 2011 le général qui dit l’avoir conseillé en ces termes : "Monsieur le président, démissionnez. (...) Il y a déjà trop de morts." "N’en parle à personne", rétorque M. Gbagbo.
Le soir-même, le général reçoit Charles Blé Goudé, chef du mouvement des Jeunes Patriotes (milice pro-Gbabgo). Sa "venue (...), c’était un peu pour me donner le baiser de la mort".
Des hommes qui tiraient "à la kalach, au RPG" attaquent le 14 mars sa résidence située à Yopougon, fief de M. Gbagbo à Abidjan. Lorsqu’il rapporte les faits au président Gbagbo, celui-ci dit simplement à propos de l’identité des assaillants : "J’ai ma petite idée là-dessus".
Ainsi, la demande de confidence "était un test" pour "savoir si j’étais franc et loyal", a affirmé l’ancien militaire.
Nommé chef d’état-major en novembre 2004, Philippe Mangou était demeuré fidèle à Gbagbo jusqu’en 2011 même si il était resté en retrait et avait perdu une bonne part du contrôle de ses hommes.
En pleine bataille d’Abidjan entre forces pro-Gbagbo et combattants pro-Ouattara appuyés par la France et l’ONU, il fait défection et se réfugie le 30 mars chez l’ambassadeur sud-africain.
"J’avais compris que j’étais entre deux feux: mon propre camp qui me rejetait, qui pensait que j’étais en train de le trahir, et les autres frères (pro-Ouattara) qui étaient en train d’arriver".
Finalement, à la suite d’une demande de Ouattara d’organiser un cessez-le-feu, il se rend à la résidence présidentielle, avec l’intention de tenter à nouveau de convaincre Laurent Gbagbo de démissionner : "Mais je n’ai pas eu le courage."
Le cessez-le-feu échoue et "le 11 (avril), on voit le président (Gbagbo) sortir encagoulé".
Il fait ensuite allégeance "au nom de toutes les forces" à Ouattara. Il sera nommé ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon en 2012.
Le procès de Gbagbo, premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, s’est ouvert le 28 janvier 2016 et devrait durer trois à quatre ans.
Les juges ont révélé mardi avoir refusé sa demande de libération pour le reste de son procès, la défense n’ayant "pas fourni des conditions concrètes et solides qui garantiraient la présence de M. Gbagbo à son procès s’il est libéré".
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