Lassina Diarra, spécialiste de l’islamisme en Afrique subsaharienne francophone a mené une étude du 15 au 22 décembre 2017 sur la radicalisation islamique dans la ville de San Pedro. L’étude publiée ce 25 août par le Centre consacre une large partie à l’introduction des écoles confessionnelles dans le système scolaire ivoirien et l’orientation d’élèves issus de l’enseignement général vers ces écoles. Pour le chercheur, le processus n’a pas respecté la rigueur des études préalables à mener.
« L’un des dévoiements les plus étonnants réside dans l’orientation d’élèves vers des établissements confessionnels d’obédience ‘’wahhabite’’. Sans avoir mené des enquêtes en amont sur le contenu de l’enseignement, le degré de mixité des sexes et le financement de l’école, la décision du ministère de l’Education nationale repose sur une lecture biaisée des objectifs du développement. Une bonne partie des 200 écoliers affectés dans cet établissement au titre de l’année académique 2017-2018 a refusé d’y aller », révèle le texte.
L’auteur de ‘’La Cedeao face au terrorisme transnational : mécanismes et stratégies’’ ; (L’Harmattan 2016 ) ; soutient qu’au lieu d’associer la vigilance au lien potentiel et empirique entre extrémisme religieux et violence, « la vision officielle se concentre plutôt sur les indicateurs quantitatifs d’alphabétisation et d’accès à l’emploi ; suivant une déformation économiste ». « La planification scolaire suppose, bien à tort, que l’enseignement du salafisme à des milliers d’enfants et d’adolescents, finit, quand même, par se rendre soluble dans le dessein rationnel de l’émergence », déduit-il.
Dans une démarche axée sur un recueil de propos tirés d’entretiens avec des agents des forces de Défense et de sécurité, de praticiens du culte, de fonctionnaires et de journalistes, il dit avoir remarqué que le ‘’wahhabisme’’ local (de San Pedro) est manifestement sensible aux discours communautaristes et identitaires. « Cela crée une passerelle et une solidarité entre les groupes ethniques, qu’ils soient ou non de même nationalité. Il y a lieu de l’admettre désormais, les postures, à motivation religieuse, contre l’Etat et ses politiques publiques, ressortissent aux indicateurs de radicalisation », remarque-t-il.
Pour lui, l’opinion ambiante d’insatisfactions sur la gestion du pays se mue progressivement en vox populi, autorisant l’intrication du politique et du sacré. « Une femme vêtue en burqa noire sous un soleil de plomb, nous répondait à quelques pas de la mosquée Kanté : ils veulent détruire l’Islam. Nos dirigeants sont complices du complot contre l’Islam. Nous avons l’obligation de le défendre, même s’il faut y laisser la vie. C’est d’ailleurs ce qui a été demandé par Dieu », met-il en exergue ce témoignage.
Le chercheur soutient que la matrice d’encadrement idéologique et pratique des salafistes dans la ville repose sur trois socles : la solidarité panislamique, la rectification anti-malékite et l’impérialisme de l’Occident.
« Nos sœurs qui n’ont pas encore compris le bien-fondé du port de la burqa sont encore dans la mécréance. Elles exhibent, exposent leurs corps aux hommes, alors que Dieu l’a interdit. Nous pensons qu’elles ne sont pas musulmanes. L’Islam a interdit cela. Chaque jour, nous sensibilisons nos camarades, afin de leur éviter l’enfer, au jour de la résurrection », rapporte-t-il un autre témoignage de femme en burqa.
Toutefois, l’étude souligne que le salafisme de San Pedro ne promeut pas encore le recours à la violence pour s’imposer. Comme le salafisme ivoirien, dans sa globalité, il tend à la radicalité sociale et, s’il demeure minoritaire, la hausse ininterrompue de son influence, commande, cependant, de commencer à en circonscrire la portée.
A cet égard, il parait utile et d’une relative urgence, préconise-t-il, de réunir des professionnels, de légitimité académique ou empirique, acquises durant de longues années de terrain, des parcours intellectuels et personnels variés, des méthodologies et des convictions diverses. Le souci de l’approche multidimensionnelle, se convainc-il, recoupe le scrupule d’une stratégie de de prévention adaptée, à la fois, aux réalités et contraintes mais surtout à une éthique du régime politique, qui doit être préservé, à tout prix, en l’occurrence l’état de laïcité.
S A une correspondance particulière
« L’un des dévoiements les plus étonnants réside dans l’orientation d’élèves vers des établissements confessionnels d’obédience ‘’wahhabite’’. Sans avoir mené des enquêtes en amont sur le contenu de l’enseignement, le degré de mixité des sexes et le financement de l’école, la décision du ministère de l’Education nationale repose sur une lecture biaisée des objectifs du développement. Une bonne partie des 200 écoliers affectés dans cet établissement au titre de l’année académique 2017-2018 a refusé d’y aller », révèle le texte.
L’auteur de ‘’La Cedeao face au terrorisme transnational : mécanismes et stratégies’’ ; (L’Harmattan 2016 ) ; soutient qu’au lieu d’associer la vigilance au lien potentiel et empirique entre extrémisme religieux et violence, « la vision officielle se concentre plutôt sur les indicateurs quantitatifs d’alphabétisation et d’accès à l’emploi ; suivant une déformation économiste ». « La planification scolaire suppose, bien à tort, que l’enseignement du salafisme à des milliers d’enfants et d’adolescents, finit, quand même, par se rendre soluble dans le dessein rationnel de l’émergence », déduit-il.
Dans une démarche axée sur un recueil de propos tirés d’entretiens avec des agents des forces de Défense et de sécurité, de praticiens du culte, de fonctionnaires et de journalistes, il dit avoir remarqué que le ‘’wahhabisme’’ local (de San Pedro) est manifestement sensible aux discours communautaristes et identitaires. « Cela crée une passerelle et une solidarité entre les groupes ethniques, qu’ils soient ou non de même nationalité. Il y a lieu de l’admettre désormais, les postures, à motivation religieuse, contre l’Etat et ses politiques publiques, ressortissent aux indicateurs de radicalisation », remarque-t-il.
Pour lui, l’opinion ambiante d’insatisfactions sur la gestion du pays se mue progressivement en vox populi, autorisant l’intrication du politique et du sacré. « Une femme vêtue en burqa noire sous un soleil de plomb, nous répondait à quelques pas de la mosquée Kanté : ils veulent détruire l’Islam. Nos dirigeants sont complices du complot contre l’Islam. Nous avons l’obligation de le défendre, même s’il faut y laisser la vie. C’est d’ailleurs ce qui a été demandé par Dieu », met-il en exergue ce témoignage.
Le chercheur soutient que la matrice d’encadrement idéologique et pratique des salafistes dans la ville repose sur trois socles : la solidarité panislamique, la rectification anti-malékite et l’impérialisme de l’Occident.
« Nos sœurs qui n’ont pas encore compris le bien-fondé du port de la burqa sont encore dans la mécréance. Elles exhibent, exposent leurs corps aux hommes, alors que Dieu l’a interdit. Nous pensons qu’elles ne sont pas musulmanes. L’Islam a interdit cela. Chaque jour, nous sensibilisons nos camarades, afin de leur éviter l’enfer, au jour de la résurrection », rapporte-t-il un autre témoignage de femme en burqa.
Toutefois, l’étude souligne que le salafisme de San Pedro ne promeut pas encore le recours à la violence pour s’imposer. Comme le salafisme ivoirien, dans sa globalité, il tend à la radicalité sociale et, s’il demeure minoritaire, la hausse ininterrompue de son influence, commande, cependant, de commencer à en circonscrire la portée.
A cet égard, il parait utile et d’une relative urgence, préconise-t-il, de réunir des professionnels, de légitimité académique ou empirique, acquises durant de longues années de terrain, des parcours intellectuels et personnels variés, des méthodologies et des convictions diverses. Le souci de l’approche multidimensionnelle, se convainc-il, recoupe le scrupule d’une stratégie de de prévention adaptée, à la fois, aux réalités et contraintes mais surtout à une éthique du régime politique, qui doit être préservé, à tout prix, en l’occurrence l’état de laïcité.
S A une correspondance particulière