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Politique Publié le mardi 25 décembre 2018 | Partis Politiques

Interview / Le maire Georges Philippe Ezaley, candidat du Pdci-Rda à Grand-Bassam: « Pourquoi exclure 6700 personnes de la liste électorale ? »

© Partis Politiques Par DR
Un mois après l’attaque terroriste de Bassam / Georges Ezaley (maire) face à la presse, hier : « La ville a repris ses couleurs de ville accueillante et tout le monde y est attendu »
13 mars 2016-13 avril 2016. Cela fait un mois que Grand Bassam a été victime d’une attaque terroriste. Hier, le maire de Grand Bassam, M Georges Philippe Ezaley, a animé une conférence de presse à cet effet.
Dans l’entretien qui suit, le candidat du Pdci-Rda aux élections municipales à Grand-Bassam, Georges Philippe Ezaley qui nous a reçu, samedi dernier, à son domicile, se désole des violences enregistrées dans la ville, vendredi dernier, lors de la marche que les exclus de la liste électorale projetaient de faire. Il exhorte au calme et marque sa confiance en la Cour suprême auprès de laquelle, un recours a été déposé.



Monsieur le maire, comment réagissez-vous aux incidents survenus à Grand-Bassam, votre commune, vendredi dernier, soldés par plusieurs blessés ?

J’ai été très profondément attristé par ce qui s’est passé. Simplement parce que, de ce que je sais, puisque je n’étais pas partie prenante de cette marche, il y a quelques jours en arrière, les partisans de l’autre campa avaient marché pour réclamer leur victoire. Et il me semble que ceux qui avaient essayé de marcher, hier (Ndlr Vendredi dernier), sont ceux qui ont été exclus des votes. Ils ont donc décidé d’organiser une marche pacifique, m’a-t-on dit, d’aller voir le préfet. Ils ont même eu l’autorisation du préfet pour cette marche. Les forces régulières avaient été informées. Et puis, à leur grande surprise, au moment où ils se déployaient à la préfecture pour remettre une motion, c’est une cohorte de personnes sorties de on ne sait où, qui ont nettement semé le désordre, il faut le dire.



Qui sont ces gens selon vous ?

Moi, je n’étais pas sur les lieux. Mais, de ce qui m’est revenu, il semble qu’ils se réclamaient du Rhdp. Des responsables du Rhdp ont discuté avec madame le Sous-préfet avec des propos très durs d’ailleurs selon ce qui m’a été dit. Mais, bon, c’est regrettable qu’on en arrive à une telle violence. Un camp marche, il n’y a pas de problème, ça se passe bien, c’est bien encadré, on fait ce qu’il y a lieu de faire. Mais quand des électeurs exclus du vote décident de marcher pour dire qu’ils ont eux aussi, droit au vote, ça ne devrait pas poser de problème normalement ce genre de situation. J’ai vu des images de personnes qui ont été molestées, blessées. Je suis propriétaire à mes temps perdus d’un maquis que je tiens depuis près de 20 ans, qui a été saccagé avec une tentative d’incendie. C’est triste tout ceci. Juste pour une marche pacifique, j’estime que ce n’était pas nécessaire.



Est-ce qu’on a vraiment tiré les leçons de passé selon vous ?

Il ne s’agit pas de ça. Je veux dire, les élections sont terminées. Des résultats ont été proclamés. Moi, candidat légaliste parrainé par un parti, j’ai remis les résultats à mon parti, le Pdci-Rda, pour la conduite à tenir. Mes avocats avec le Pdci ont donc décidé de faire un recours. On attend tranquillement que le recours se fasse. S’il devrait y avoir des affrontements, c’est peut être pendant la campagne électorale. Mais là, le vote, c’est terminé. Qu’est-ce qu’il y a à empêcher des citoyens libres, qui ont eu en plus l’autorisation du préfet, de marcher pour lui remettre une motion, pourquoi s’attaquer à eux ?



N’avez-vous, des craintes que ces violences débouchent sur des affrontements entre communautés ?

Des violences intercommunautaires, je ne pense pas qu’on en arriverait à là. A Bassam, on a le vivre ensemble qui date de depuis longtemps. Cette ville a été la première capitale de la Côte d’Ivoire. Et donc, le brassage culturel est ancré dans nos us et coutumes. Et donc, je ne pense qu’on en arriverait à là. Evidemment, il y a des extrémistes qui vont surfer sur ce genre de chose, mais je sais le peuple de Bassam assez mature pour se laisser entrainer dans une telle démarche. Il faut chacun parle pour qu’on n’en arrive pas à une situation pareille. Mais, c’est extraordinaire qu’on empêche des personnes de faire une marche pacifique, c’est inadmissible d’autant que le jour de la proclamation des résultats, leurs partisans ont marché. Ils sont allés même au quartier pour manifester, il n’y a rien eu. Ils ont fait le tour pour manifester leur joie, ils ont eu des propos assez injurieux. Mais, les populations de cette partie de la ville sont restées calmes. Deux jours après, ils ont fait une marche. Rien ne s’est passé. Mais, parce qu’une partie décide de marcher parce que le vote d’une bonne frange de la population du quartier France n’a pas été pris en compte, de manière manifeste, ils ont été exclus du nombre d’inscrits, puisque de 42 OOO inscrits, on s’est retrouvé à 35000. Ce qui veut dire qu’il y a un gap de 6000 personnes exclues du vote. C’est donc normal qu’ils manifestent. Je suis tombé des nues quand j’ai vu les images. Ce n’est pas croyable. On a atteint le seuil de …C’est inimaginable qu’on empêche des citoyens qui manifestent de manière pacifique pour aller passer un message à l’autorité. Quel mal y a-t-il à cela ?



La requête introduite auprès de la Chambre administrative de la Cour suprême vise quoi au juste selon vous ?

Le collège électoral qui a été convoqué pour les élections du 13 octobre et le collège électoral convoqué pour les élections du 16 décembre par décret présidentiel, c’est bien 42 000. A la proclamation des résultats du 16 décembre, la Cei indique qu’en nombre de personnes inscrites, ce n’est plus 42 000, mais c’est 35 000. Où sont donc passés les 6000 qui ont été soustraits du nombre total de 42000 ? Ces 6000, environ 7000 n’ont-ils pas droit au vote ? N’ont-ils pas le droit d’exprimer leur suffrage pour choisir le maire qui, pendant 5 ans, va être à la tête de la commune ? C’est de ça qu’il s’agit. Pourquoi exclure 6700 personnes alors qu’au vote précédent, en nombre d’inscrits, c’était 42000 et lors des résultats, c’était également 42000. Donc, manifestement, ces personnes ont voté, certainement pas toutes, mais des chiffres dont je dispose, une bonne partie de ces 6000 a voté. Mais voyez-vous, l’adversaire a une avance de 900 voix. S’il y a 6000 personnes qui n’ont pas pu exercer leur droit de vote, même si c’est la moitié, c’est-à-dire 3000, ça fausse naturellement la sincérité des votes. Si la différence de voix entre le premier et le deuxième était de 7000, 8000 voix, ça n’aurait pas d’influence sur le résultat. Mais là, de ce que j’ai comme chiffre, il a 8000 voix et il y a plus de 6000 qui n’ont pas voté. Ça pose, d’un point de vue démocratique, un problème.



En clair, quelle est la nature de cette autre requête que vos avocats ont déposée auprès de la Cour suprême ?

On fait quoi des plus de 6000 qui n’ont pas eu droit au vote ? Quand on calcule les voix des 14 ou 15 bureaux de vote qui ont été vandalisés, c’est moi qui étais en tête au précédent scrutin. Si on ajoute ces voix qu’on a extraites, évidemment, je passe encore en tête. Mais, pour moi, ce n’est pas ça le débat. Le débat, je pense que normalement, l’adversaire aurait pu prendre de la hauteur en reconnaissant lui-même qu’on a exclut une partie des électeurs, pour qu’ensemble, on fasse en sorte que tous les inscrits de la liste électorale puissent exercer librement leur droit de vote. On veut des Institutions fortes, mais ça passe par la démocratie. Mais, en démocratie, il faut permettre à ceux qui veulent s’exprimer de s’exprimer. Mais là, on exclu des personnes, environ 7000, pourquoi ? Ne serait-ce qu’une partie de ces 7000 personnes votent, ça change la donne au niveau des résultats où il n’y a que 9OO voix de différence.



Pour vous, doit-on reprendre entièrement les votes à Bassam où uniquement dans les bureaux de vote où il y a eu problème ?

Je ne suis pas juge.



Qu’est-ce que vous auriez souhaité ?

Moi, j’ai confié cette affaire à mes avocats qui sont les avocats du Pdci. J’ai été parrainé par le Pdci-Rda qui, n’acceptant pas ce qui s’est passé, a décidé de mettre en mission les avocats qui ont fait le travail. On attend de voir. Il faut être calme, tranquille, serein.



Si la Justice vous déboute, que feriez-vous ?

Je suis légaliste. Si la Justice prend une telle décision, c’est qu’elle a eu des raisons. Mais, avec quelle raison la Justice exclurait elle-même des électeurs ? Surtout qu’il y a eu plusieurs cas de jurisprudence en Côte d’Ivoire pour de tels cas. Je fais entièrement confiance à ces hauts magistrats de la Cour suprême. Leur dernier meeting, où est-ce qu’ils l’ont fait ? C’est à la place Abissa. Ils sont allés parler à des électeurs pour demander leur suffrage. Vous faites votre dernier meeting d’éclat dans une zone pour demander que ces électeurs soient avec vous et aujourd’hui, vous ne cherchez pas à savoir ce qui se passe de leur vote. C’est bien eux qui devraient dire, on fait campagne dans cette zone, on n’accepte pas que ces électeurs soient exclus.



Vos adversaires vous taxent de mauvais perdant. Que leur répondez-vous ?

Mauvais perdant, je ne le suis pas. Je constate que chaque fois qu’ils font des choses, c’est toujours l’autre qu’ils accusent. Des casses ont été perpétrées, c’est l’adversaire. Hier, des personnes connues sont venues faire des choses extraordinaires, blesser des citoyens qui manifestaient pacifiquement, ils disent encore que c’est moi. C’est jamais eux, c’est toujours l’autre. Je ne suis pas mauvais perdant parce que la première fois, j’ai fait un recours, si la Chambre a décidé de faire reprendre les élections, ça veut dire que je ne suis pas perdant. J’ai eu raison de faire le recours si non, la Chambre m’aurait dit, monsieur, vous êtes mauvais perdant, on valide les résultats proclamés par la Cei. C’est une question d’éthique. On doit porter des valeurs en tant que leader politique par rapport à nos populations, des valeurs de sincérité, de respect.
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