Ce n’était une surprise pour personne. Le dernier sommet des chefs d’Etat de la Cedeao, tenu au Palais des Congrès de Niamey, au Niger, avait un point principal à l’ordre du jour : la crise pré-électorale en Guinée-Bissau. Les chefs d’Etat ouest-africains se sont retrouvés pour trouver une issue à la situation confuse qui prévaut chez ce voisin. La Guinée Bissau, membre de la Cedeao, est en bute, en effet, à une profonde crise, qui fait planer de plus en plus d’incertitudes sur l’avenir de ce pays si rien n’est fait, dans les semaines à venir. Le processus électoral devant conduire aux élections présidentielles prévues le 24 novembre prochain, est dans la tourmente. La campagne électorale en cours depuis le 02 novembre 2019 est perturbée par les tensions politiques alimentées par les dernières positions prises par le président de la République sortant, candidat à sa propre succession, José Màrio Vaz (Jomav).
La goutte d’eau qui fait déborder le Vaz, c’est le limogeage, le 28 octobre dernier, du Premier ministre issu de la majorité parlementaire, Aristides Gomes. Contre toute attente, à un mois du scrutin, le président Vaz a décidé de se séparer du gouvernement qui a conduit le processus bientôt à son terme. Cette décision ne pouvait pas être comprise par ses pairs qui y voit un motif de déstabilisation eu égard aux réactions qui s’en suivent. Conséquence, avant qu’il ne soit trop tard, la Cedeao a décidé de prendre le taureau par les cornes. Au sommet de Niamey, aussi bien le président de la Commission, l’Ivoirien jean Claude Brou – qui a déjà mené des missions de bons offices à Bissau – que le président de Cedeao, Issouffou Mahamadou, président du Niger, ont tous décrié fermement l’attitude du président Vaz, qui a brillé par son absence à ce rendez-vous.
Mieux, afin de lui faire entendre raison, ce sont 6 chefs d’Etat de la Cedeao qui ont pris la décision de mener une mission auprès de leur pair. Cette mission, précédée par une première des chefs d’Etats majors des armées, s’est fixée des objectifs clairs : « porter un message sans ambigüité au président José Màrio Vaz ».
Pourquoi la Cedeao durcit le ton
« Les chefs d’État et de gouvernement ont exprimé leur vive préoccupation face à cette nouvelle tournure de la situation, faisant courir au pays des risques politiques et institutionnels, ainsi que d’une guerre civile potentielle ». Ce passage du communiqué de Niamey explique la fermeté du ton des dirigeants de la Cedeao contre leur homologue de Guinée Bissau. Le pays de feu Amilcar Cabral n’est, en effet, pas à l’abri d’une déstabilisation. Fait notable, la Guinée Bissau est le premier à in augurer une série de processus électoraux qui vont avoir lieux en 2020. Plusieurs pays de la sous-région, à l’instar de ce voisin, procéderont au renouvellement de leurs institutions dans les mois à venir. En haussant le ton sur ce qui se passe à Bissau, c’est un signal fort que le président de la Cedeao, président sortant du Niger, donne aux autres voisins. La Côte d’Ivoire, le Togo, le Burkina Faso, la Guinée et bien d’autres Etats qui suivront les Bissau-guinéens savent désormais à quoi s’attendre. C’est-à-dire à une réaction prompt de la Communauté dont la charte n’admet pas de rester passive face à la déstabilisation de l’un des Etats membres.
Vaz affaibli, Domingo Pereira sur orbite
José Màrio Vaz aura commis, sans doute l’impair de se mettre à dos ses pairs de la Cedeao. La réaction musclée de la Communauté devant les décisions impopulaires qu’il a prises ces dernières semaines affaiblit considérablement le président bissau-guinéen qui caresse le désir de se succéder pour un second mandat. En pleine campagne électorale, l’ambiance qui prévaut en ce moment et le ton menaçant des autres chefs d’Etat desservit considérablement Vaz au profit de ses adversaires qui gagnent en crédibilité aux yeux des futurs électeurs. Le climat tendu présentement dans son pays est loin de favoriser le maintien au pouvoir de celui qui préside aux destinées de son Etat depuis son élection en 2014. Incontestablement, Jomav précipite sa sortie vers la petite porte après avoir perdu le contrôle du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation politique qui l’a porté au pouvoir. C’est cette formation politique qui contrôle aujourd’hui le Parlement, sous le leadership de l’ancien Premier ministre Domingos Simoes Pereira, l’un des super-favoris au scrutin du 24 novembre prochain.
Parmi les 12 candidats lancés dans la course au fauteuil de Màrio Vaz, l’ancien chef du gouvernement, l’une des première victimes du président sortant de plus en plus contesté, même par ses pairs de la sous-région, a le plus le vent en poupe. Domingos Pereira peut compter, mathématiquement, sur le suffrages des populations qui lui ont permis de contrôler le Parlement avec le plus grand nombre d’élus à la tête du PAIGC. Mieux, l’actuel président du parti qui a toujours dirigé la Guinée Bissau jouit d’un fort ralliement d’une dizaine de partis de l’opposition qui conforte sa majorité à l’approche de la présidentielle. Propulsé par cette machine électorale, c’est sans stresse que Domingos Simoes Pereira mobilise sur son passage. A deux semaines des élections, les chances de succès de l’ancien Premier ministre de Vaz sont presqu’évidentes eu égard aux soutiens massifs dont il bénéficie, et à la confiance des populations toujours fidèles au parti qui a vu le pays arracher son indépendance.
A côté de lui, un autre ancien Premier ministre, un joker à ne pas négliger, Carlos Gomes Junior. Ce vieux briscard, candidat indépendant comme le président sortant éjecté par l’ex-parti qui l’a conduit au pouvoir, peut créer la surprise. L’ancien chef de gouvernement in amovible de Joao Bernado Vieira, en 2009, à Raimundo Pereira en février 2012, est sur la liste des favoris. Même si son âge (69 ans) actuellement, constitue un léger handicap contre Domingos Pereira (56 ans), plus jeune et plus actif sur le terrain.
F.D.BONY
La goutte d’eau qui fait déborder le Vaz, c’est le limogeage, le 28 octobre dernier, du Premier ministre issu de la majorité parlementaire, Aristides Gomes. Contre toute attente, à un mois du scrutin, le président Vaz a décidé de se séparer du gouvernement qui a conduit le processus bientôt à son terme. Cette décision ne pouvait pas être comprise par ses pairs qui y voit un motif de déstabilisation eu égard aux réactions qui s’en suivent. Conséquence, avant qu’il ne soit trop tard, la Cedeao a décidé de prendre le taureau par les cornes. Au sommet de Niamey, aussi bien le président de la Commission, l’Ivoirien jean Claude Brou – qui a déjà mené des missions de bons offices à Bissau – que le président de Cedeao, Issouffou Mahamadou, président du Niger, ont tous décrié fermement l’attitude du président Vaz, qui a brillé par son absence à ce rendez-vous.
Mieux, afin de lui faire entendre raison, ce sont 6 chefs d’Etat de la Cedeao qui ont pris la décision de mener une mission auprès de leur pair. Cette mission, précédée par une première des chefs d’Etats majors des armées, s’est fixée des objectifs clairs : « porter un message sans ambigüité au président José Màrio Vaz ».
Pourquoi la Cedeao durcit le ton
« Les chefs d’État et de gouvernement ont exprimé leur vive préoccupation face à cette nouvelle tournure de la situation, faisant courir au pays des risques politiques et institutionnels, ainsi que d’une guerre civile potentielle ». Ce passage du communiqué de Niamey explique la fermeté du ton des dirigeants de la Cedeao contre leur homologue de Guinée Bissau. Le pays de feu Amilcar Cabral n’est, en effet, pas à l’abri d’une déstabilisation. Fait notable, la Guinée Bissau est le premier à in augurer une série de processus électoraux qui vont avoir lieux en 2020. Plusieurs pays de la sous-région, à l’instar de ce voisin, procéderont au renouvellement de leurs institutions dans les mois à venir. En haussant le ton sur ce qui se passe à Bissau, c’est un signal fort que le président de la Cedeao, président sortant du Niger, donne aux autres voisins. La Côte d’Ivoire, le Togo, le Burkina Faso, la Guinée et bien d’autres Etats qui suivront les Bissau-guinéens savent désormais à quoi s’attendre. C’est-à-dire à une réaction prompt de la Communauté dont la charte n’admet pas de rester passive face à la déstabilisation de l’un des Etats membres.
Vaz affaibli, Domingo Pereira sur orbite
José Màrio Vaz aura commis, sans doute l’impair de se mettre à dos ses pairs de la Cedeao. La réaction musclée de la Communauté devant les décisions impopulaires qu’il a prises ces dernières semaines affaiblit considérablement le président bissau-guinéen qui caresse le désir de se succéder pour un second mandat. En pleine campagne électorale, l’ambiance qui prévaut en ce moment et le ton menaçant des autres chefs d’Etat desservit considérablement Vaz au profit de ses adversaires qui gagnent en crédibilité aux yeux des futurs électeurs. Le climat tendu présentement dans son pays est loin de favoriser le maintien au pouvoir de celui qui préside aux destinées de son Etat depuis son élection en 2014. Incontestablement, Jomav précipite sa sortie vers la petite porte après avoir perdu le contrôle du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation politique qui l’a porté au pouvoir. C’est cette formation politique qui contrôle aujourd’hui le Parlement, sous le leadership de l’ancien Premier ministre Domingos Simoes Pereira, l’un des super-favoris au scrutin du 24 novembre prochain.
Parmi les 12 candidats lancés dans la course au fauteuil de Màrio Vaz, l’ancien chef du gouvernement, l’une des première victimes du président sortant de plus en plus contesté, même par ses pairs de la sous-région, a le plus le vent en poupe. Domingos Pereira peut compter, mathématiquement, sur le suffrages des populations qui lui ont permis de contrôler le Parlement avec le plus grand nombre d’élus à la tête du PAIGC. Mieux, l’actuel président du parti qui a toujours dirigé la Guinée Bissau jouit d’un fort ralliement d’une dizaine de partis de l’opposition qui conforte sa majorité à l’approche de la présidentielle. Propulsé par cette machine électorale, c’est sans stresse que Domingos Simoes Pereira mobilise sur son passage. A deux semaines des élections, les chances de succès de l’ancien Premier ministre de Vaz sont presqu’évidentes eu égard aux soutiens massifs dont il bénéficie, et à la confiance des populations toujours fidèles au parti qui a vu le pays arracher son indépendance.
A côté de lui, un autre ancien Premier ministre, un joker à ne pas négliger, Carlos Gomes Junior. Ce vieux briscard, candidat indépendant comme le président sortant éjecté par l’ex-parti qui l’a conduit au pouvoir, peut créer la surprise. L’ancien chef de gouvernement in amovible de Joao Bernado Vieira, en 2009, à Raimundo Pereira en février 2012, est sur la liste des favoris. Même si son âge (69 ans) actuellement, constitue un léger handicap contre Domingos Pereira (56 ans), plus jeune et plus actif sur le terrain.
F.D.BONY