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Économie Publié le lundi 23 décembre 2019 | Abidjan.net

Franc CFA : le président du Conseil des ministres de l’UMOA explique toute la réforme (Interview)

© Abidjan.net Par MC
Ouverture de la session ordinaire du Conseil des ministre de l`UEMOA
Dakar, le 22 mars 2019 - La première session ordinaire du Conseil des ministres de l`Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), au titre de l`année 2019, s`est ouverte, ce vendredi, à Dakar, au siège de la BCEAO. Photo : Le ministre de l’Economie du Bénin, Romulad Wadagni
Le Ministre des Finances du Bénin, Monsieur Romuald Wadagni, président du Conseil des Ministres de l’UMOA (Union Monétaire Ouest-Africaine) a bien voulu répondre aux questions d’Abidjan.net, suite à la réforme du franc CFA annoncée samedi 21 décembre à Abidjan. Interview.


Quels sont les principaux changements, suite à la réforme du Franc CFA qui devient Eco?

Trois évolutions majeures sont actées : le changement du nom de la monnaie de l’UEMOA, qui deviendra l’« ECO »; la fin de la centralisation des réserves de change de la BCEAO au Trésor français ; le retrait des représentants de la France du Comité de Politique Monétaire, du Conseil d’Administration et de la Commission Bancaire. Le rôle de la France est transformé en celui de garant financier. Les accords de coopération monétaire entre l’UEMOA et la France prévoyaient jusqu’ici d’une part la centralisation d’une partie des réserves de change de la BCEAO sur un compte d’opérations, ouvert dans les écritures du Trésor français, d’autre part la présence de la France dans un certain nombre d’instances. Ces deux aspects vont disparaître. La centralisation en France d’une partie des réserves de change sera supprimée dans le cadre de la réforme. La France ne nommera plus aucun représentant dans les instances de l’Union où elle était présente : le Conseil d’administration et le Comité de politique monétaire de la BCEAO, ainsi que la Commission bancaire de l’UMOA. Pour mémoire, la France ne participait pas aux principales instances décisionnelles que sont le conseil des ministres de l’UEMOA et la conférence des chefs d’État.



Que signifie la fin de l’obligation de centralisation et la suppression du compte d’opérations ?

Alors qu’elle est actuellement obligée de centraliser auprès du Trésor français 50% du montant de ses réserves, tout en disposant en retour et à tout moment de ces avoirs, la BCEAO n’aura à l’avenir plus d’obligation particulière concernant le placement de ses réserves de change. Elle sera désormais libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix, en fonction des rémunérations proposées par les différents actifs.



Comment fonctionnera la garantie à l’avenir ?

La garantie apportée par la France fonctionnera sur le même principe qu’actuellement : si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France. En plus de 60 années d’’existence, cette situation ne s’est présentée que deux fois dans l’histoire : en décembre 1982 et en juin 1988. Depuis lors, la garantie n’a plus jamais été actionnée.

Les paramètres économiques fondamentaux que sont la parité fixe avec l’euro et la garantie de la France sont-ils remis en cause par cette réforme ?La réforme ne remet pas en cause la parité fixe avec l’euro et la garantie de la France. L’adoption de la nouvelle monnaie unique par tous les pays de la CEDEAO pourra amener le moment venu d’autres évolutions. Dans la phase actuelle, les paramètres fondamentaux que sont la fixité du régime de change et la garantie sont maintenus. Ils représentent des éléments clefs de la stabilité macroéconomique et monétaire de la zone UEMOA.



Pourquoi cette réforme intervient-elle aujourd’hui ?

La réforme actée ce samedi 21 décembre 2019 à Abidjan est le fruit de la volonté de l’ensemble des États de l’UEMOA et traduit la confiance de chaque partenaire l’un envers l’autre. Elle est aussi une étape préalable pour s’inscrire dans la feuille de route du projet de monnaie unique de la CEDEAO. Elle s’inscrit dans la dynamique d’émergence déjà bien établie depuis plusieurs années au sein de l’Union.Comment la réforme sera-t-elle concrètement mise en œuvre ?La réforme prendra effet dès la signature de deux documents : un nouvel accord de coopération monétaire, qui remplace l’accord actuel qui avait été signé en 1973, et une nouvelle convention de garantie.



Quel est le lien entre la réforme des relations de coopération monétaire entre l’UEMOA et la France et le projet de monnaie unique de la CEDEAO ?



La réforme des relations de coopération monétaire entre l’UEMOA et la France s’inscrit dans le contexte de la création d’une monnaie unique à l’échelle de la CEDEAO, dont certains paramètres ont été définis par les chefs d’État de la CEDEAO en juin 2019, et qui permettra d’accroître l’intégration régionale des pays d’Afrique de l’Ouest.La mise en œuvre de ce projet pourrait débuter dès 2020, comme l’ont annoncé les autorités de la région. Pour autant, de nombreuses étapes restent encore à franchir et le respect des critères de convergence par chacun des États membres sera déterminant. C’est notamment pour s’inscrire dans ce processus et pour se préparer aux échéances à venir que les autorités de l’UEMOA ont souhaité refondre les modalités de leur coopération monétaire avec la France.



À quel horizon la monnaie unique de la CEDEAO pourrait-elle remplacer le franc CFA ? Un élargissement de l’UEMOA est-il envisagé à court-terme ?

Les autorités de la CEDEAO ont annoncé en juin 2019 avoir retenu le nom « ECO » pour leur future monnaie. C’est donc en toute logique que les autorités de l’UEMOA ont décidé de transformer le nom de leur monnaie, du « Franc CFA » en « ECO ».



Par R. KRA
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