Mon cher lecteur,
La technologie permet d’affronter seuls des problèmes que nous n’aurions jamais eus ensemble.
Demain, nous aurons un bracelet électronique sanitaire à la cheville comme en Corée du Sud aujourd’hui (déjà 57 000 « distribués ») et nous l’aurons à cause de la défiance généralisée entre nous et la dérive d’États autoritaires dégénérés.
À défaut de confiance réciproque, nous allons nous en remettre à la technologie.
Mais ce n’est pas un pis-aller, même pas un ersatz.
Partagez cette lettre, elle est importante : envoyez-là à votre carnet d'adresses, partagez-là sur les réseaux sociaux. Nous ne pouvons pas nous laisser avoir si facilement.
Si seulement nous avions eu confiance en notre gouvernement qui n’est jamais que notre émanation, nos proches, au sens littéral du terme et plus généralement nos concitoyens, tous ceux avec qui nous partageons notre citoyenneté française, cette « communauté de destin » selon le mot de Philippe Séguin.
Communauté de destin. Il y a quelques semaines encore, le terme pouvait paraître bien abstrait. Il ne l’est plus. Peu importe que nous fassions face à cette crise ensemble ou non, nous en partagerons les conséquences.
Notez la corrélation entre les pays qui s’en sortent le mieux et la confiance en leurs gouvernements lors de l’entrée en crise : Suède, Allemagne, Autriche, Suisse, Pays Bas.
Pas tant la discipline que la confiance
Ce ne sont pas les pays qui ont pris les mesures les plus drastiques le plus vite.
La Suisse par exemple applique des mesures moins sévères que la France avec à chaque fois plusieurs jours de retards. Et pourtant la situation dans le canton de Vaud était au moins aussi sévère qu’en Alsace voisine et pourtant, ils n’ont pas été débordés (Lausanne et Genève ont la même densité de population que Strasbourg).
J’habite en Suisse et si les commerces sont fermés, nous ne sommes pas confinés. Le canton de Vaud a distribué 400 amendes depuis le début du confinement contre 700 000 en France, un rapport de 1 à 20 à population égale.
Quelle injustice que ceux qui respectent les mesures les plus drastiques ne soient pas récompensés pour leurs efforts.
Et ne croyez pas que les Suisses soient plus disciplinés. 40 % de la population vaudoise n’est pas suisse, avec Portugais et Français comme premiers contingents d’immigrés et rien de ce que j’ai pu observer m’a permis de conclure à une plus grande discipline.
Discipline non, mais confiance oui, partout à tous les étages.
En Suisse, on n’avait pas jeté les stocks de masques, on n’a jamais manqué d’équipements, on n’a pas craché de mensonge à la face des gens et une deuxième fois en prétendant que c’était pour les protéger d’eux-mêmes, on n’a pas tenté de minimiser le problème en évitant de tester.
Personne n’a exercé de droit de retrait ou n’a brandi un arrêt maladie de complaisance, la poste fonctionne normalement ainsi que tous les services restés ouverts comme les notaires.
Et ce n’est pas grâce à une application sur un smartphone.
La technologie est le nouvel opium du peuple et le scientisme notre religion
Non, ce n’est pas grâce à une application sur un smartphone.
Pourtant, maintenant que nous devons bien nous rendre compte de notre indigence, à défaut de nous l’avouer, nous nous en remettons à la technologie et plus largement la science, je devrais dire le scientisme : vaccin, tests virologiques,
« passeport » immunitaire digital, applications de traçage…
Nous n’avons jamais trouvé de vaccin contre un coronavirus en 20 ans de recherche, et quand bien même nous en trouvions un, encore faudrait-il qu’il soit efficace pour la grosse quarantaine de souches de SARS-CoV-2 déjà identifiées ainsi que toutes les autres mutations à venir.
Les tests virologiques si attendus afin de déconfiner les populations immunisées n’existent pas encore et une simple application de statistiques bayesiennes montre qu’avec un test virologique fiable à 95 % (selon les objectifs de l’OMS), vous déconfinerez 2 fois moins de personnes réellement immunisées que de personnes susceptibles d’attraper et propager le virus [1].
Nous sommes loin d’un passeport immunitaire un tant soit peu efficace. Tester est très efficace pour un confinement ciblé, c’est en revanche largement inutile pour déconfiner.
Venons-en maintenant à la fameuse application de traçage : StopCovid.
Cette application serait plébiscitée par 62 % des Français mais comme d’habitude, le sondage a été trafiqué. Un sondage public est un morceau de propagande, jamais de l’info.
Exemple de manipulation grossière d’opinion
J’ai travaillé dans une agence de communication parisienne et je sais lire un sondage selon les intentions de celui qui l’a commandé.
Je me suis retrouvé en réunion avec des instituts de sondage, j’ai pu voir comment cela se passait, comment nous expliquions aux sondeurs les réponses que nous espérions trouver à nos questions et comment, oh génie des communiquants, nos « intuitions » étaient systématiquement confirmées.
Ici, le sondage sur l’application StopCovid a été commandé par Leyton, un cabinet international de conseil en innovation.
Ces gens ont mis en ligne un dossier complet « la tech agit contre le Covid-19 ».
Croyez-vous qu’ils auraient voulu un sondage qui dise que nous ne voulions pas particulièrement de leur innovation ? Auraient-ils payé pour un sondage qu’ils ne peuvent pas ensuite présenter à leurs clients pour leur vendre des projets similaires ? Rien qu’au commanditaire, vous pouvez flairer l’arnaque.
La manipulation mon cher lecteur, ce n’est pas de vous faire croire que le traçage est bon pour vous, il suffit de vous faire croire que tout le monde pense que le traçage est bon pour eux et pour vous et que vous êtes seuls à vous faire du souci. C’est très différent.
Et c’est très facile à faire, il suffit de regarder dans le détail la question posée :
« Le gouvernement envisage de proposer une application de traçage/tracking sur la base du volontariat comme celle mise en place en Corée du Sud. Concrètement, contaminées ou non, les personnes qui téléchargeraient cette application pourraient connaître en temps réel les endroits à risque, seraient alertées si elles ont été en contact avec des personnes touchées et communiqueraient via l’application leur géolocalisation. »
Il y a deux énormes biais cognitifs dans cette question qui invalident le sondage (et un sondeur sait mieux que personne ce qu’est un biais cognitif).
Il y a tout d’abord un effet de halo. En proposant une application « comme en Corée du Sud », le sondeur capitalise sur l’image de bonne gestion de la crise par la Corée. Peu importe que les résultats de la Corée soient plus en lien avec l’ampleur des tests et les habitudes sanitaires des Coréens.
Si les Coréens le font, cela doit être bien et peu importe que la Corée ait été une dictature jusqu’en 1997 et en ait gardé un certain nombre de pratiques jusqu’à aujourd’hui.
Ils ne vous ont pas demandé en revanche si vous étiez en faveur d’un bracelet électronique sanitaire pour tous les malades et les confinés. C’est pourtant ce que vient de faire la Corée du Sud en obligeant 57 000 personnes à porter un bracelet électronique de peur qu’ils laissent leur téléphone à la maison et ne respectent pas leur confinement.
Deuxième biais, on mélange deux sujets largement indépendants : connaître les endroits à risque d’un côté et savoir si nous avons été en contact avec des malades de l’autre.
Bien sûr que nous voudrions connaître les endroits à risque « en temps réel » mais vous n’avez pas besoin d’être tracé pour obtenir les endroits à risque, seuls les malades doivent l’être et encore, rien ne dit qu’il ne suffise pas de cartographier les domiciles des malades.
Mais de là à recevoir une alerte parce que nous aurions été en contact avec un malade… Cela serait-il seulement fiable ? Il faut aujourd’hui des équipements importants pour pouvoir localiser un téléphone précisément (localisation indoor haute précision en temps réel ou RTLS). Autrement les marges d’erreurs sont de l’ordre de la dizaine de mètre.
Un mauvais cache-misère de notre indigence
Surtout pour qu’une telle mesure soit efficace… Encore faudrait-il que nous sachions qui est malade, c’est-à-dire tester en masse, ce que nous ne faisons toujours pas. La Corée du Sud est montrée en exemple ? Ils ont mis en place des cabines de rue qui vous permettent d’être testé et d’avoir le résultat en 7 minutes.
Et si nous commencions par là ? Si nous commencions par regarder les effets d’une vraie politique de test avant de nous mettre des bracelets électroniques
Mais cela demande de l’organisation, de la logistique, de l’efficacité… Qualités dont notre gouvernement manque complètement depuis le début de cette crise.
Serait-ce à nous de payer pour leur incompétence ?
Ils ne se sont pas montrés dignes de notre confiance alors ils comptent s’en passer en nous mettant un fil à la patte.
Mais la technologie n’est pas un pis-aller. La technologie n’est pas bonne ou mauvaise par nature, elle n’est qu’un outil.
La technologie est une simple chambre de résonance qui augmente nos vices autant que nos vertus.
A fool with a tool is still a fool / un imbécile avec un outil est toujours un imbécile.
Ce qui compte, oh nous le savons bien, c’est la confiance.
Comme l’écrivait Peyrefitte dans Le Mythe de Pénélope :
« La confiance est la loi cachée de la condition humaine ; la structure intime de la matière sociale. Une confiance inébranlable est le secret des grandes actions : pour qui ne désespère pas, le destin peut se retourner. La confiance crée l'avenir qu'elle attend ; elle transforme les batailles perdues en guerres gagnées. »
Il est à la mode en France pour nos dirigeants de tourner en dérision leur impopularité comme une vertu du maître qui sait mieux que le serviteur ce qui est bon pour lui.
Sauf que cette défiance aujourd’hui fait des morts par milliers et en présage bien d’autres.
Par où commencer
Je n’ai pas de recette miracle pour retrouver une confiance. Il ne suffit pas de quelques jours ou d’un beau discours, quoi qu’il en pense, pour restaurer un quart de siècle de sabotage de notre confiance.
Mais il serait trop facile de tout remettre sur le dos de ceux d’en haut.
Nous savons qu’il y a une symétrie entre l’organisation d’une nation et celle de ses foyers (lisez Emmanuel Todd à ce sujet, il est nul en politique mais c’est un très bon démographe et son œuvre fleuve sur les structures familiales est importante).
Commençons par construire cette confiance entre nous, nos foyers, nos quartiers, nos familles.
Étonnamment, les mathématiques ont des choses intéressantes à nous apprendre, ce sera le sujet de ma lettre de demain.
En tout cas, ils veulent trouver des solutions globales à la crise, mondiales, indifférenciées. Ils veulent plus de mondialisation, plus d’indifférenciation. Nous savons aujourd’hui que c’est l’inverse qui est efficace.
Pour vos investissements cela signiffie vous tourner vers le local, ce qui est proche de vous, pas Apple mais la PME à succès de votre région. Pour cela, je vous recommande de ne pas confier votre argent aux banquiers et économistes mais directement aux entreprises les plus prometteuses de votre région : voici comment.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Note :
[1] Aujourd’hui les estimations hautes de la population infectées sont autour de 3%. Si vous testez 1 000 000 de personnes avec un test fiable à 95%, cela signifie que vous identifierez bien 95% des 30 000 personne effectivement infectées, soit 28 500.
Mais vous vous tromperez aussi sur 5% des 970 000 personnes qui N’ont PAS été infectées (votre test a une marge d’erreur de 5%). Cela signifie que vous identifierez 48 500 personnes comme immunisées alors qu’elles ne le sont pas.
Vous trouverez donc 28500 + 48500 = 77 000 personnes immunisées mais parmi elles, seules 1 personne sur 3 serait vraiment immunisée.
La technologie permet d’affronter seuls des problèmes que nous n’aurions jamais eus ensemble.
Demain, nous aurons un bracelet électronique sanitaire à la cheville comme en Corée du Sud aujourd’hui (déjà 57 000 « distribués ») et nous l’aurons à cause de la défiance généralisée entre nous et la dérive d’États autoritaires dégénérés.
À défaut de confiance réciproque, nous allons nous en remettre à la technologie.
Mais ce n’est pas un pis-aller, même pas un ersatz.
Partagez cette lettre, elle est importante : envoyez-là à votre carnet d'adresses, partagez-là sur les réseaux sociaux. Nous ne pouvons pas nous laisser avoir si facilement.
Si seulement nous avions eu confiance en notre gouvernement qui n’est jamais que notre émanation, nos proches, au sens littéral du terme et plus généralement nos concitoyens, tous ceux avec qui nous partageons notre citoyenneté française, cette « communauté de destin » selon le mot de Philippe Séguin.
Communauté de destin. Il y a quelques semaines encore, le terme pouvait paraître bien abstrait. Il ne l’est plus. Peu importe que nous fassions face à cette crise ensemble ou non, nous en partagerons les conséquences.
Notez la corrélation entre les pays qui s’en sortent le mieux et la confiance en leurs gouvernements lors de l’entrée en crise : Suède, Allemagne, Autriche, Suisse, Pays Bas.
Pas tant la discipline que la confiance
Ce ne sont pas les pays qui ont pris les mesures les plus drastiques le plus vite.
La Suisse par exemple applique des mesures moins sévères que la France avec à chaque fois plusieurs jours de retards. Et pourtant la situation dans le canton de Vaud était au moins aussi sévère qu’en Alsace voisine et pourtant, ils n’ont pas été débordés (Lausanne et Genève ont la même densité de population que Strasbourg).
J’habite en Suisse et si les commerces sont fermés, nous ne sommes pas confinés. Le canton de Vaud a distribué 400 amendes depuis le début du confinement contre 700 000 en France, un rapport de 1 à 20 à population égale.
Quelle injustice que ceux qui respectent les mesures les plus drastiques ne soient pas récompensés pour leurs efforts.
Et ne croyez pas que les Suisses soient plus disciplinés. 40 % de la population vaudoise n’est pas suisse, avec Portugais et Français comme premiers contingents d’immigrés et rien de ce que j’ai pu observer m’a permis de conclure à une plus grande discipline.
Discipline non, mais confiance oui, partout à tous les étages.
En Suisse, on n’avait pas jeté les stocks de masques, on n’a jamais manqué d’équipements, on n’a pas craché de mensonge à la face des gens et une deuxième fois en prétendant que c’était pour les protéger d’eux-mêmes, on n’a pas tenté de minimiser le problème en évitant de tester.
Personne n’a exercé de droit de retrait ou n’a brandi un arrêt maladie de complaisance, la poste fonctionne normalement ainsi que tous les services restés ouverts comme les notaires.
Et ce n’est pas grâce à une application sur un smartphone.
La technologie est le nouvel opium du peuple et le scientisme notre religion
Non, ce n’est pas grâce à une application sur un smartphone.
Pourtant, maintenant que nous devons bien nous rendre compte de notre indigence, à défaut de nous l’avouer, nous nous en remettons à la technologie et plus largement la science, je devrais dire le scientisme : vaccin, tests virologiques,
« passeport » immunitaire digital, applications de traçage…
Nous n’avons jamais trouvé de vaccin contre un coronavirus en 20 ans de recherche, et quand bien même nous en trouvions un, encore faudrait-il qu’il soit efficace pour la grosse quarantaine de souches de SARS-CoV-2 déjà identifiées ainsi que toutes les autres mutations à venir.
Les tests virologiques si attendus afin de déconfiner les populations immunisées n’existent pas encore et une simple application de statistiques bayesiennes montre qu’avec un test virologique fiable à 95 % (selon les objectifs de l’OMS), vous déconfinerez 2 fois moins de personnes réellement immunisées que de personnes susceptibles d’attraper et propager le virus [1].
Nous sommes loin d’un passeport immunitaire un tant soit peu efficace. Tester est très efficace pour un confinement ciblé, c’est en revanche largement inutile pour déconfiner.
Venons-en maintenant à la fameuse application de traçage : StopCovid.
Cette application serait plébiscitée par 62 % des Français mais comme d’habitude, le sondage a été trafiqué. Un sondage public est un morceau de propagande, jamais de l’info.
Exemple de manipulation grossière d’opinion
J’ai travaillé dans une agence de communication parisienne et je sais lire un sondage selon les intentions de celui qui l’a commandé.
Je me suis retrouvé en réunion avec des instituts de sondage, j’ai pu voir comment cela se passait, comment nous expliquions aux sondeurs les réponses que nous espérions trouver à nos questions et comment, oh génie des communiquants, nos « intuitions » étaient systématiquement confirmées.
Ici, le sondage sur l’application StopCovid a été commandé par Leyton, un cabinet international de conseil en innovation.
Ces gens ont mis en ligne un dossier complet « la tech agit contre le Covid-19 ».
Croyez-vous qu’ils auraient voulu un sondage qui dise que nous ne voulions pas particulièrement de leur innovation ? Auraient-ils payé pour un sondage qu’ils ne peuvent pas ensuite présenter à leurs clients pour leur vendre des projets similaires ? Rien qu’au commanditaire, vous pouvez flairer l’arnaque.
La manipulation mon cher lecteur, ce n’est pas de vous faire croire que le traçage est bon pour vous, il suffit de vous faire croire que tout le monde pense que le traçage est bon pour eux et pour vous et que vous êtes seuls à vous faire du souci. C’est très différent.
Et c’est très facile à faire, il suffit de regarder dans le détail la question posée :
« Le gouvernement envisage de proposer une application de traçage/tracking sur la base du volontariat comme celle mise en place en Corée du Sud. Concrètement, contaminées ou non, les personnes qui téléchargeraient cette application pourraient connaître en temps réel les endroits à risque, seraient alertées si elles ont été en contact avec des personnes touchées et communiqueraient via l’application leur géolocalisation. »
Il y a deux énormes biais cognitifs dans cette question qui invalident le sondage (et un sondeur sait mieux que personne ce qu’est un biais cognitif).
Il y a tout d’abord un effet de halo. En proposant une application « comme en Corée du Sud », le sondeur capitalise sur l’image de bonne gestion de la crise par la Corée. Peu importe que les résultats de la Corée soient plus en lien avec l’ampleur des tests et les habitudes sanitaires des Coréens.
Si les Coréens le font, cela doit être bien et peu importe que la Corée ait été une dictature jusqu’en 1997 et en ait gardé un certain nombre de pratiques jusqu’à aujourd’hui.
Ils ne vous ont pas demandé en revanche si vous étiez en faveur d’un bracelet électronique sanitaire pour tous les malades et les confinés. C’est pourtant ce que vient de faire la Corée du Sud en obligeant 57 000 personnes à porter un bracelet électronique de peur qu’ils laissent leur téléphone à la maison et ne respectent pas leur confinement.
Deuxième biais, on mélange deux sujets largement indépendants : connaître les endroits à risque d’un côté et savoir si nous avons été en contact avec des malades de l’autre.
Bien sûr que nous voudrions connaître les endroits à risque « en temps réel » mais vous n’avez pas besoin d’être tracé pour obtenir les endroits à risque, seuls les malades doivent l’être et encore, rien ne dit qu’il ne suffise pas de cartographier les domiciles des malades.
Mais de là à recevoir une alerte parce que nous aurions été en contact avec un malade… Cela serait-il seulement fiable ? Il faut aujourd’hui des équipements importants pour pouvoir localiser un téléphone précisément (localisation indoor haute précision en temps réel ou RTLS). Autrement les marges d’erreurs sont de l’ordre de la dizaine de mètre.
Un mauvais cache-misère de notre indigence
Surtout pour qu’une telle mesure soit efficace… Encore faudrait-il que nous sachions qui est malade, c’est-à-dire tester en masse, ce que nous ne faisons toujours pas. La Corée du Sud est montrée en exemple ? Ils ont mis en place des cabines de rue qui vous permettent d’être testé et d’avoir le résultat en 7 minutes.
Et si nous commencions par là ? Si nous commencions par regarder les effets d’une vraie politique de test avant de nous mettre des bracelets électroniques
Mais cela demande de l’organisation, de la logistique, de l’efficacité… Qualités dont notre gouvernement manque complètement depuis le début de cette crise.
Serait-ce à nous de payer pour leur incompétence ?
Ils ne se sont pas montrés dignes de notre confiance alors ils comptent s’en passer en nous mettant un fil à la patte.
Mais la technologie n’est pas un pis-aller. La technologie n’est pas bonne ou mauvaise par nature, elle n’est qu’un outil.
La technologie est une simple chambre de résonance qui augmente nos vices autant que nos vertus.
A fool with a tool is still a fool / un imbécile avec un outil est toujours un imbécile.
Ce qui compte, oh nous le savons bien, c’est la confiance.
Comme l’écrivait Peyrefitte dans Le Mythe de Pénélope :
« La confiance est la loi cachée de la condition humaine ; la structure intime de la matière sociale. Une confiance inébranlable est le secret des grandes actions : pour qui ne désespère pas, le destin peut se retourner. La confiance crée l'avenir qu'elle attend ; elle transforme les batailles perdues en guerres gagnées. »
Il est à la mode en France pour nos dirigeants de tourner en dérision leur impopularité comme une vertu du maître qui sait mieux que le serviteur ce qui est bon pour lui.
Sauf que cette défiance aujourd’hui fait des morts par milliers et en présage bien d’autres.
Par où commencer
Je n’ai pas de recette miracle pour retrouver une confiance. Il ne suffit pas de quelques jours ou d’un beau discours, quoi qu’il en pense, pour restaurer un quart de siècle de sabotage de notre confiance.
Mais il serait trop facile de tout remettre sur le dos de ceux d’en haut.
Nous savons qu’il y a une symétrie entre l’organisation d’une nation et celle de ses foyers (lisez Emmanuel Todd à ce sujet, il est nul en politique mais c’est un très bon démographe et son œuvre fleuve sur les structures familiales est importante).
Commençons par construire cette confiance entre nous, nos foyers, nos quartiers, nos familles.
Étonnamment, les mathématiques ont des choses intéressantes à nous apprendre, ce sera le sujet de ma lettre de demain.
En tout cas, ils veulent trouver des solutions globales à la crise, mondiales, indifférenciées. Ils veulent plus de mondialisation, plus d’indifférenciation. Nous savons aujourd’hui que c’est l’inverse qui est efficace.
Pour vos investissements cela signiffie vous tourner vers le local, ce qui est proche de vous, pas Apple mais la PME à succès de votre région. Pour cela, je vous recommande de ne pas confier votre argent aux banquiers et économistes mais directement aux entreprises les plus prometteuses de votre région : voici comment.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Note :
[1] Aujourd’hui les estimations hautes de la population infectées sont autour de 3%. Si vous testez 1 000 000 de personnes avec un test fiable à 95%, cela signifie que vous identifierez bien 95% des 30 000 personne effectivement infectées, soit 28 500.
Mais vous vous tromperez aussi sur 5% des 970 000 personnes qui N’ont PAS été infectées (votre test a une marge d’erreur de 5%). Cela signifie que vous identifierez 48 500 personnes comme immunisées alors qu’elles ne le sont pas.
Vous trouverez donc 28500 + 48500 = 77 000 personnes immunisées mais parmi elles, seules 1 personne sur 3 serait vraiment immunisée.