Il est heureux de constater que le PDCI-RDA, si ce n’est sa nomenklatura insensible au temps qui passe et nostalgique de ses heures de gloire, et les Gardiens du Temple du FPI, qui avaient pris en otage le débat politique, aient consenti, enfin, à le libérer. Le premier a fini par renoncer à exiger une impossible et improbable alternance en 2020, qui lui aurait été promise. Ainsi, malgré ses lieux communs, ses manifestations convenues, ses mises en scène et autres orchestrations manquant souvent d’originalité, «l’Appel de Daoukro» n’a pas permis de faire avaler la pilule de l’alternance en 2020, la supercherie ayant été découverte. Quant au second, le retour du Président Laurent GBAGBO ne relève plus seulement de l’ordre d’une hypothétique révélation, mais apparaît et est vécue, depuis, comme une réalité tangible. Moyennant quoi, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, l’offre politique n’est plus parasitée par les prises de positions sur «l’alternance en 2020» et «la libération de Laurent Gbagbo». Celle qui est faite actuellement par l’opposition, il est vrai sans conviction, pour tenter de convaincre d’être une alternative crédible, est articulée, essentiellement, autour des thématiques de l’éligibilité ou non du Président du RHDP, le Président Alassane Ouattara, à l’élection présidentielle d’octobre 2020 et de la recomposition ou la réorganisation totale de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Sans être grand clerc en analyse politique, on peut affirmer que ces thématiques sont loin de figurer au nombre des préoccupations des Ivoiriens. Elles prouvent que l’opposition, ses caisses de résonnance avec elle, est, manifestement, désaxée, hébétée et en panne sèche d’offre politique, face au bilan du pouvoir en place.
En panne sèche d’offre politique, face au bilan du pouvoir
Concernant le premier sujet, on se souvient que dans l’interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire Panafricain Jeune Afrique, dans sa livraison du 3 au 9 juin 2018, le Président de la République avait déclaré «(…) La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes». Il n’en a pas fallu plus pour que la Toile s’embrase, la presse écrite avec, au moyen du combustible de déclarations théâtralement indignées et de prises de positions véhémentes mimées, fondées le plus souvent sur des confidences improbables, des messes basses suspectes et des rumeurs suffocantes. Dans cette mêlée digne d’un match de rugby, une interview accordée à une Web-TV, lors de la campagne référendaire de 2016, est mise en ligne, comme la preuve absolue ou ontologique de l’inéligibilité du Président de la République à l’élection d’octobre 2020. En effet, dans cet élément filmé, l’auteur du présent papier avait affirmé, en même temps que d’autres membres du Comité des Experts, que l’article 183 de la nouvelle Constitution constituait une preuve, parmi bien d’autres, que le Président de la République n’envisageait pas de se présenter à l’élection présidentielle de 2020.
Comme il a tenu, par intégrité intellectuelle, à le souligner dans un précédent papier, cette lecture faite de l’article susvisé par les membres du Comité d’Experts n’était, ni plus, ni moins qu’un avis susceptible d’avis contraires. C’est dire que toute personne, ivoirien ou non, juriste ou non, a le droit d’exprimer sa compréhension ou de donner son interprétation des dispositions de la Constitution, qui s’y prêtent, pourvu qu’elle en ait les ressources intellectuelles, scientifiques et techniques, au risque d’ajouter à la cacophonie et au vacarme général. Plus encore, le débat intellectuel, notamment en régime démocratique, doit être mené avec humilité, dans le doute constant, en ayant l’esprit de partage et le sens de la nuance, sans angoisse, ni crise intérieure, ni prévention et dans la sérénité.
Ils tentent vainement de convaincre que le fin mot sur le sujet se trouve dans l’avis de Cissé Bacongo
Qu’on comprenne bien la posture de tous les contradicteurs sur la Toile. Ils tentent vainement de convaincre que le fin mot sur le sujet se trouve dans l’avis de CISSE Ibrahim Bacongo, qu’ils élèvent généreusement, au passage, au rang d’éminent juriste constitutionnaliste, pour les besoins de leur cause, pour avoir la conscience tranquille de le vouer aux gémonies après sa mise au point. Mais, qu’ils se ravisent. L’auteur du présent papier n’est pas fait de la même cire que ceux dont les convictions, l’engagement et les ferveurs politiques varient au gré des contingences matérielles immédiates. Que CISSE Ibrahim Bacongo reconnaisse qu’il n’a pas pu clore le débat, s’il a jamais eu cette prétention ou celle d’avoir dit quelque vérité axiomatique ne saurait être considéré comme un rétropédalage de sa part. Tous les Prédicateurs chaleureux de la Toile doivent confesser à leurs fidèles de la Toile que les membres du Comité des Experts n’ont pas prêché quelque parole d’Evangile ou vérité révélée. Pour preuve, de nombreux avis ou positions contraires ont été publiées depuis, aussi bien dans la presse écrite que sur la Toile. Ainsi, Monsieur SOUMAREY Pierre Aly, Professeur de Droit, pour ne citer que lui, vient de publier, sur Facebook, une position fort argumentée et cohérente, sans effet de manches, ni aucune mise en scène théâtrale, qui prend le contrepied de celle de Bléou Martin, ci-devant Dieu le Fils vivant de Dieu le Père en qui Dieu le Saint Esprit a mis le souffle du Droit. Il en a toujours été ainsi, en droit comme d’ailleurs dans les tous domaines de la connaissance, y compris les disciplines de la science dite dure. Les mathématiciens et les physiciens sont logés à la même enseigne du débat critique… Averoès vs Thomas d’Aquin, Albert Einstein, père de la relativité générale, vs Alain Aspect, prodige de la relativité restreinte, etc.
Fort heureusement, dans le cas prosaïque qui nous concerne, pour départager les protagonistes, il n’est nullement besoin de faire appel au Ciel. Le juge constitutionnel, qu’est le Conseil du même substantif, est l’arbitre du jeu. Il lui appartient, seul, de prendre, en dernier ressort, la décision qui s’impose à tous, au regard des textes applicables en l’occurrence et selon son intime conviction, sans se laisser influencer par quelque avis, qu’il soit juridique ou politique. Donc, «A César, ce qui est à César !» Laissons au Conseil Constitutionnel le soin de trancher, le moment venu, la question de l’éligibilité des candidats à la prochaine élection présidentielle, sans lui faire de procès d’intention, par prévention.
Bien sûr, il y a des précédents fâcheux dans l’histoire de cette Haute Juridiction, comme le font observer les Oracles de la Toile. En effet, qui ne se souvient des mises en scène tragi-comiques d’octobre 2000 et de novembre 2010, avec TIA Koné et Paul YAO N’DRE «Pablo» comme principaux acteurs. A la suite de leur forfait, les deux ont reconnu, au confessionnal de l’opinion publique, avoir reçu la visite du Démon. Donc, à moins de n’avoir rien appris, ni rien oublié de ces précédents douloureux, il faut espérer et souhaiter qu’ils serviront d’enseignement pour le présent et le futur. En tout état de cause, entre KONE Mamadou, d’une part et de l’autre, TIA Koné et Paul YAO N’DRE «Pablo», il y a comme une différence de nature, qui tient à autre chose que l’envergure physique et la taille…
S’agissant de la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI), elle est devenue, depuis plusieurs mois, le cri de ralliement de l’opposition, qui a tenté de s’en servir, comme une mèche, pour embraser le front politique et social. C’était dans le cadre du dialogue politique ouvert sur la question par le Président de la République et conduit par Feu, le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly.
A cette occasion, que n’a-t-on pas enduré, à entendre certaines demandes formulées dans des postures nostalgiques et ringardes, d’un comique de bistro ! Mise en place de nouvelles Institutions de la République, tout particulièrement une nouvelle Cour Constitutionnelle «plus crédible» (sic), élaboration d’un nouveau code électoral «consensuel» (sic) ou encore organisation d’une conférence ou d’une concertation nationale, en vue de débattre de «toutes les questions touchant à la démocratie ou de définir de nouvelles règles du jeu démocratique dans notre pays» (sic) et bien d’autres billevesées, qu’il vaut mieux passer par pertes et profits et ne retenir que les embardées sur la CEI.
Il reste que cette décision impose à l’Etat de procéder à un équilibrage de la CEI, sans indiquer ce qu’il y a lieu d’entendre par ce terme.
A ce sujet, rappelons que la demande des partis politiques de l’opposition et de certaines organisations de la société civile politiquement alignées, qui continuent de peiner à en faire une cause nationale, tire sa légitimité dans l’arrêt qu’ils ont obtenu de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, à la suite d’un lobbying subversif. Il reste que cette décision impose à l’Etat de Côte d’Ivoire de procéder à un équilibrage de la CEI, sans indiquer ce qu’il y a lieu d’entendre par ce terme.
Mieux ou pis, en réponse à la correspondance que le pouvoir en place lui a adressée pour exécuter sa décision, la Cour n’a proposé, ni même suggéré, aucune mesure concrète à prendre. On pouvait en déduire que la Haute Juridiction africaine a été manipulée et impliquée, à son insu, dans un débat totalement étranger à ses attributions ou ses missions. Mais, sait-on jamais…
En effet, à l’issue du compromis obtenu dans le cadre du Dialogue Politique, le pouvoir en place (parti au pouvoir et structures étatiques) ne détient plus que le tiers des postes dans le nouveau bureau de la structure, contre deux tiers concédés aux partis politiques de l’opposition et aux organisations de la société civile. Or, la croisade se poursuit, pour exiger, désormais, la recomposition ou la réorganisation totale de la structure, en lieu et place de la demande initiale de son rééquilibrage. Mais, l’opinion publique n’est pas dupe. Elle sait que la CEI, dans sa composition ancienne, résultait d’un compromis, qui avait été obtenu avec l’assistance et l’expertise et grâce à la facilitation du National Democratic Institut (NDI), une ONG américaine au-dessus de tout soupçon. L’opinion publique est informée des guerres de positionnement et des divergences fondamentales survenues au sein de certaines forces politiques, qui sont à l’origine de la rupture de confiance entre elles et les membres de la CEI issus de leurs rangs.
Mieux ou plus encore, l’opinion publique se souvient de ce que les différentes consultations électorales qui ont eu lieu, aux lendemains de la crise post-électorale, à commencer par la Présidentielle de 2015, en passant par le scrutin référendaire jusqu’aux dernières élections régionales et municipales d’octobre 2018, ont été organisées par cette ancienne CEI, avec beaucoup de réussite, hormis quelques mouvements d’humeur, exprimés ici ou là par de mauvais perdants. Au fond, l’opinion publique se doute bien que la tempête dans un verre d’eau suscitée autour de la CEI, en vue de sa recomposition ou de sa réorganisation, n’est qu’un combat d’arrière- garde, une manœuvre politicienne de sérail.
Dans ce débat, mené désormais presque par orgueil ou pour l’honneur, la position du Président Bédié et de son parti frise l’indécence et fait désespérer d’une certaine classe politique et du discours public. Pour cause, la composition de la CEI n’a commencé à les préoccuper qu’à compter du moment où ils ont perdu tout espoir d’accéder au pouvoir, sans péril, le doigt dans le nez, grâce à une promesse d’alternance en 2020 et qu’ils ont décidé de ne plus reconnaître leur signature sur l’Accord Politique de transformation du Groupement politique RHDP, au pouvoir, en un parti. Dès lors, le jugement qu’ils portent sur la composition de la CEI a peu à voir avec quelque conviction ou une quelconque morale politique. C’est un jugement imprévisible et plutôt tributaire de la météo politique ou, à tout le moins, de leurs intérêts partisans du moment. Au demeurant, le Président Bédié devrait adopter un profil bien bas sur cette question, quand on se souvient des élections présidentielles, législatives et municipales de 1995-1996 et de leur metteur en scène, le Ministre et non moins grand-frère Emile Constant Bombet, passé orfèvre en technologie électorale… C’est pourquoi, il y a lieu de concéder à une voix ténor de l’opposition, parfois suspectée, il est vrai, pour ses positions bipolaires, à mille entrées et mille sorties, que la CEI ne vote pas. Elle n’a aucun moyen, ni de faire gagner les élections à un candidat, ni de les faire perdre à un autre. Elle a seulement vocation à créer les conditions d’un minimum de confiance entre des acteurs politiques qui se regardent de travers. De ce point de vue, 2019 n’a rien de comparable avec 1995, 2000 ou 2002. Quant à la confiance, elle-même, qui ressort de l’intersubjectivité ou de la psychologie de chaque individu, elle est une quête de tous les instants et non une donnée.
Comme on peut le noter, l’opposition constituée donne l’impression d’être groggy et de ne plus trop savoir quoi dire, ni quoi faire, malgré ses critiques sur la gouvernance du pays qu’elle a du mal à articuler et à rendre audibles et crédibles. Au-delà des sujets qui la mobilisent actuellement, ses prises de positions politiques, notamment sur la situation économique, socio-culturelle ou sécuritaire du pays, prouvent qu’elle est en déshérence. Ses déclarations résonnent comme un aveu d’impuissance ou un chant de désespérance. Le bilan, sinon les performances réalisées par le Pouvoir en place, en 9 ans et demi, ne sont pas, semble-t-il, étrangères à cet état de faits. Sinon, il parait pour le moins curieux que le changement de pouvoir ou l’inéligibilité du Président du RHDP, Alassane Ouattara, constitue sa seule offre politique alternative, sans l’avance de la moindre promesse de réponses aux problèmes concrets des ivoiriens.
Dans ces conditions, comment s’empêcher de prédire que le retour aux origines effectué par le Sphinx à Ansuta-Kumasi, au Ghana, le 6 avril 2018, tout un symbole, celui de la reconquête du pouvoir à partir du siège du Royaume et avec la bénédiction du Trône, n’aura servi à rien, dans la perspective des prochaines élections présidentielles de 2020. De même, il est permis d’affirmer que la nouvelle et énième alliance qui a été concrétisée par la rencontre entre les Présidents Henri Konan Bédié et Laurent GBAGBO, à Bruxelles, est vouée à l’échec, après que le premier ait fait son deuil de «l’alternance en 2020», qu’il avait exigée puis quémandée, quand le second semble être plus préoccupé par son retour au pays que par une hypothétique participation à la compétition d’octobre 2020.
La thématique de l’éligibilité ou non du Président Alassane Ouattara apparait ainsi comme l’ultime planche de salut de l’opposition pour accéder au pouvoir d’Etat. Or, le combat qu’elle mène sur ce terrain, en forme d’offre politique, est loin d’être gagné. Car, à l’ère du numérique, les Peuples du nouveau monde dans lequel nous vivons ne sont plus dupes. A longueur de journées et de nuits, ils communient et communiquent, en temps réel et dans la cohue, sur Facebook, WhatsApp, Viber, Tweeter, Instagram et autres réseaux sociaux. Désormais, ils savent faire la part des choses. Ils savent reconnaitre les marchands d’illusions, qu’ils appellent «les VI», sans vision et ayant pour seul projet de se hisser au sommet de l’Etat et ceux qui ont une vision et des rêves à partager avec eux et dont l’action politique a un impact tangible sur leur vécu quotidien. Ils attendent des hommes politiques qui ambitionnent de présider à leur destinée des réponses efficaces aux problèmes concrets qui se posent à eux, notamment en termes d’autonomisation des femmes, d’accès à l’eau potable et à l’électricité, d’alphabétisation, d’éducation-formation, d’emploi et de protection sociale, d’environnement, d’infrastructures socio-économiques, de santé, de sécurité, en un mot de bien-être individuel et collectif. Désormais, nul ne peut les distraire avec des recettes politiques datées et obsolètes reposant sur le déni, l’intox et la propagande.
Dès lors, plutôt que de s’éreinter, vainement, dans un débat sur l’éligibilité ou non d’un candidat, qui sera tranché, en dernier ressort, par le Conseil Constitutionnel, l’opposition gagnerait à présenter aux ivoiriens une offre politique alternative cohérente et crédible, pour les convaincre et espérer recueillir leurs suffrages. Faute de quoi, il y a lieu de craindre que ses rodomontades sur des sujets à la marge et très éloignés des préoccupations des ivoiriens, preuve qu’elle est en panne sèche, la perde définitivement, au détriment de la Démocratie…
CISSE Ibrahim Bacongo
En panne sèche d’offre politique, face au bilan du pouvoir
Concernant le premier sujet, on se souvient que dans l’interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire Panafricain Jeune Afrique, dans sa livraison du 3 au 9 juin 2018, le Président de la République avait déclaré «(…) La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes». Il n’en a pas fallu plus pour que la Toile s’embrase, la presse écrite avec, au moyen du combustible de déclarations théâtralement indignées et de prises de positions véhémentes mimées, fondées le plus souvent sur des confidences improbables, des messes basses suspectes et des rumeurs suffocantes. Dans cette mêlée digne d’un match de rugby, une interview accordée à une Web-TV, lors de la campagne référendaire de 2016, est mise en ligne, comme la preuve absolue ou ontologique de l’inéligibilité du Président de la République à l’élection d’octobre 2020. En effet, dans cet élément filmé, l’auteur du présent papier avait affirmé, en même temps que d’autres membres du Comité des Experts, que l’article 183 de la nouvelle Constitution constituait une preuve, parmi bien d’autres, que le Président de la République n’envisageait pas de se présenter à l’élection présidentielle de 2020.
Comme il a tenu, par intégrité intellectuelle, à le souligner dans un précédent papier, cette lecture faite de l’article susvisé par les membres du Comité d’Experts n’était, ni plus, ni moins qu’un avis susceptible d’avis contraires. C’est dire que toute personne, ivoirien ou non, juriste ou non, a le droit d’exprimer sa compréhension ou de donner son interprétation des dispositions de la Constitution, qui s’y prêtent, pourvu qu’elle en ait les ressources intellectuelles, scientifiques et techniques, au risque d’ajouter à la cacophonie et au vacarme général. Plus encore, le débat intellectuel, notamment en régime démocratique, doit être mené avec humilité, dans le doute constant, en ayant l’esprit de partage et le sens de la nuance, sans angoisse, ni crise intérieure, ni prévention et dans la sérénité.
Ils tentent vainement de convaincre que le fin mot sur le sujet se trouve dans l’avis de Cissé Bacongo
Qu’on comprenne bien la posture de tous les contradicteurs sur la Toile. Ils tentent vainement de convaincre que le fin mot sur le sujet se trouve dans l’avis de CISSE Ibrahim Bacongo, qu’ils élèvent généreusement, au passage, au rang d’éminent juriste constitutionnaliste, pour les besoins de leur cause, pour avoir la conscience tranquille de le vouer aux gémonies après sa mise au point. Mais, qu’ils se ravisent. L’auteur du présent papier n’est pas fait de la même cire que ceux dont les convictions, l’engagement et les ferveurs politiques varient au gré des contingences matérielles immédiates. Que CISSE Ibrahim Bacongo reconnaisse qu’il n’a pas pu clore le débat, s’il a jamais eu cette prétention ou celle d’avoir dit quelque vérité axiomatique ne saurait être considéré comme un rétropédalage de sa part. Tous les Prédicateurs chaleureux de la Toile doivent confesser à leurs fidèles de la Toile que les membres du Comité des Experts n’ont pas prêché quelque parole d’Evangile ou vérité révélée. Pour preuve, de nombreux avis ou positions contraires ont été publiées depuis, aussi bien dans la presse écrite que sur la Toile. Ainsi, Monsieur SOUMAREY Pierre Aly, Professeur de Droit, pour ne citer que lui, vient de publier, sur Facebook, une position fort argumentée et cohérente, sans effet de manches, ni aucune mise en scène théâtrale, qui prend le contrepied de celle de Bléou Martin, ci-devant Dieu le Fils vivant de Dieu le Père en qui Dieu le Saint Esprit a mis le souffle du Droit. Il en a toujours été ainsi, en droit comme d’ailleurs dans les tous domaines de la connaissance, y compris les disciplines de la science dite dure. Les mathématiciens et les physiciens sont logés à la même enseigne du débat critique… Averoès vs Thomas d’Aquin, Albert Einstein, père de la relativité générale, vs Alain Aspect, prodige de la relativité restreinte, etc.
Fort heureusement, dans le cas prosaïque qui nous concerne, pour départager les protagonistes, il n’est nullement besoin de faire appel au Ciel. Le juge constitutionnel, qu’est le Conseil du même substantif, est l’arbitre du jeu. Il lui appartient, seul, de prendre, en dernier ressort, la décision qui s’impose à tous, au regard des textes applicables en l’occurrence et selon son intime conviction, sans se laisser influencer par quelque avis, qu’il soit juridique ou politique. Donc, «A César, ce qui est à César !» Laissons au Conseil Constitutionnel le soin de trancher, le moment venu, la question de l’éligibilité des candidats à la prochaine élection présidentielle, sans lui faire de procès d’intention, par prévention.
Bien sûr, il y a des précédents fâcheux dans l’histoire de cette Haute Juridiction, comme le font observer les Oracles de la Toile. En effet, qui ne se souvient des mises en scène tragi-comiques d’octobre 2000 et de novembre 2010, avec TIA Koné et Paul YAO N’DRE «Pablo» comme principaux acteurs. A la suite de leur forfait, les deux ont reconnu, au confessionnal de l’opinion publique, avoir reçu la visite du Démon. Donc, à moins de n’avoir rien appris, ni rien oublié de ces précédents douloureux, il faut espérer et souhaiter qu’ils serviront d’enseignement pour le présent et le futur. En tout état de cause, entre KONE Mamadou, d’une part et de l’autre, TIA Koné et Paul YAO N’DRE «Pablo», il y a comme une différence de nature, qui tient à autre chose que l’envergure physique et la taille…
S’agissant de la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI), elle est devenue, depuis plusieurs mois, le cri de ralliement de l’opposition, qui a tenté de s’en servir, comme une mèche, pour embraser le front politique et social. C’était dans le cadre du dialogue politique ouvert sur la question par le Président de la République et conduit par Feu, le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly.
A cette occasion, que n’a-t-on pas enduré, à entendre certaines demandes formulées dans des postures nostalgiques et ringardes, d’un comique de bistro ! Mise en place de nouvelles Institutions de la République, tout particulièrement une nouvelle Cour Constitutionnelle «plus crédible» (sic), élaboration d’un nouveau code électoral «consensuel» (sic) ou encore organisation d’une conférence ou d’une concertation nationale, en vue de débattre de «toutes les questions touchant à la démocratie ou de définir de nouvelles règles du jeu démocratique dans notre pays» (sic) et bien d’autres billevesées, qu’il vaut mieux passer par pertes et profits et ne retenir que les embardées sur la CEI.
Il reste que cette décision impose à l’Etat de procéder à un équilibrage de la CEI, sans indiquer ce qu’il y a lieu d’entendre par ce terme.
A ce sujet, rappelons que la demande des partis politiques de l’opposition et de certaines organisations de la société civile politiquement alignées, qui continuent de peiner à en faire une cause nationale, tire sa légitimité dans l’arrêt qu’ils ont obtenu de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, à la suite d’un lobbying subversif. Il reste que cette décision impose à l’Etat de Côte d’Ivoire de procéder à un équilibrage de la CEI, sans indiquer ce qu’il y a lieu d’entendre par ce terme.
Mieux ou pis, en réponse à la correspondance que le pouvoir en place lui a adressée pour exécuter sa décision, la Cour n’a proposé, ni même suggéré, aucune mesure concrète à prendre. On pouvait en déduire que la Haute Juridiction africaine a été manipulée et impliquée, à son insu, dans un débat totalement étranger à ses attributions ou ses missions. Mais, sait-on jamais…
En effet, à l’issue du compromis obtenu dans le cadre du Dialogue Politique, le pouvoir en place (parti au pouvoir et structures étatiques) ne détient plus que le tiers des postes dans le nouveau bureau de la structure, contre deux tiers concédés aux partis politiques de l’opposition et aux organisations de la société civile. Or, la croisade se poursuit, pour exiger, désormais, la recomposition ou la réorganisation totale de la structure, en lieu et place de la demande initiale de son rééquilibrage. Mais, l’opinion publique n’est pas dupe. Elle sait que la CEI, dans sa composition ancienne, résultait d’un compromis, qui avait été obtenu avec l’assistance et l’expertise et grâce à la facilitation du National Democratic Institut (NDI), une ONG américaine au-dessus de tout soupçon. L’opinion publique est informée des guerres de positionnement et des divergences fondamentales survenues au sein de certaines forces politiques, qui sont à l’origine de la rupture de confiance entre elles et les membres de la CEI issus de leurs rangs.
Mieux ou plus encore, l’opinion publique se souvient de ce que les différentes consultations électorales qui ont eu lieu, aux lendemains de la crise post-électorale, à commencer par la Présidentielle de 2015, en passant par le scrutin référendaire jusqu’aux dernières élections régionales et municipales d’octobre 2018, ont été organisées par cette ancienne CEI, avec beaucoup de réussite, hormis quelques mouvements d’humeur, exprimés ici ou là par de mauvais perdants. Au fond, l’opinion publique se doute bien que la tempête dans un verre d’eau suscitée autour de la CEI, en vue de sa recomposition ou de sa réorganisation, n’est qu’un combat d’arrière- garde, une manœuvre politicienne de sérail.
Dans ce débat, mené désormais presque par orgueil ou pour l’honneur, la position du Président Bédié et de son parti frise l’indécence et fait désespérer d’une certaine classe politique et du discours public. Pour cause, la composition de la CEI n’a commencé à les préoccuper qu’à compter du moment où ils ont perdu tout espoir d’accéder au pouvoir, sans péril, le doigt dans le nez, grâce à une promesse d’alternance en 2020 et qu’ils ont décidé de ne plus reconnaître leur signature sur l’Accord Politique de transformation du Groupement politique RHDP, au pouvoir, en un parti. Dès lors, le jugement qu’ils portent sur la composition de la CEI a peu à voir avec quelque conviction ou une quelconque morale politique. C’est un jugement imprévisible et plutôt tributaire de la météo politique ou, à tout le moins, de leurs intérêts partisans du moment. Au demeurant, le Président Bédié devrait adopter un profil bien bas sur cette question, quand on se souvient des élections présidentielles, législatives et municipales de 1995-1996 et de leur metteur en scène, le Ministre et non moins grand-frère Emile Constant Bombet, passé orfèvre en technologie électorale… C’est pourquoi, il y a lieu de concéder à une voix ténor de l’opposition, parfois suspectée, il est vrai, pour ses positions bipolaires, à mille entrées et mille sorties, que la CEI ne vote pas. Elle n’a aucun moyen, ni de faire gagner les élections à un candidat, ni de les faire perdre à un autre. Elle a seulement vocation à créer les conditions d’un minimum de confiance entre des acteurs politiques qui se regardent de travers. De ce point de vue, 2019 n’a rien de comparable avec 1995, 2000 ou 2002. Quant à la confiance, elle-même, qui ressort de l’intersubjectivité ou de la psychologie de chaque individu, elle est une quête de tous les instants et non une donnée.
Comme on peut le noter, l’opposition constituée donne l’impression d’être groggy et de ne plus trop savoir quoi dire, ni quoi faire, malgré ses critiques sur la gouvernance du pays qu’elle a du mal à articuler et à rendre audibles et crédibles. Au-delà des sujets qui la mobilisent actuellement, ses prises de positions politiques, notamment sur la situation économique, socio-culturelle ou sécuritaire du pays, prouvent qu’elle est en déshérence. Ses déclarations résonnent comme un aveu d’impuissance ou un chant de désespérance. Le bilan, sinon les performances réalisées par le Pouvoir en place, en 9 ans et demi, ne sont pas, semble-t-il, étrangères à cet état de faits. Sinon, il parait pour le moins curieux que le changement de pouvoir ou l’inéligibilité du Président du RHDP, Alassane Ouattara, constitue sa seule offre politique alternative, sans l’avance de la moindre promesse de réponses aux problèmes concrets des ivoiriens.
Dans ces conditions, comment s’empêcher de prédire que le retour aux origines effectué par le Sphinx à Ansuta-Kumasi, au Ghana, le 6 avril 2018, tout un symbole, celui de la reconquête du pouvoir à partir du siège du Royaume et avec la bénédiction du Trône, n’aura servi à rien, dans la perspective des prochaines élections présidentielles de 2020. De même, il est permis d’affirmer que la nouvelle et énième alliance qui a été concrétisée par la rencontre entre les Présidents Henri Konan Bédié et Laurent GBAGBO, à Bruxelles, est vouée à l’échec, après que le premier ait fait son deuil de «l’alternance en 2020», qu’il avait exigée puis quémandée, quand le second semble être plus préoccupé par son retour au pays que par une hypothétique participation à la compétition d’octobre 2020.
La thématique de l’éligibilité ou non du Président Alassane Ouattara apparait ainsi comme l’ultime planche de salut de l’opposition pour accéder au pouvoir d’Etat. Or, le combat qu’elle mène sur ce terrain, en forme d’offre politique, est loin d’être gagné. Car, à l’ère du numérique, les Peuples du nouveau monde dans lequel nous vivons ne sont plus dupes. A longueur de journées et de nuits, ils communient et communiquent, en temps réel et dans la cohue, sur Facebook, WhatsApp, Viber, Tweeter, Instagram et autres réseaux sociaux. Désormais, ils savent faire la part des choses. Ils savent reconnaitre les marchands d’illusions, qu’ils appellent «les VI», sans vision et ayant pour seul projet de se hisser au sommet de l’Etat et ceux qui ont une vision et des rêves à partager avec eux et dont l’action politique a un impact tangible sur leur vécu quotidien. Ils attendent des hommes politiques qui ambitionnent de présider à leur destinée des réponses efficaces aux problèmes concrets qui se posent à eux, notamment en termes d’autonomisation des femmes, d’accès à l’eau potable et à l’électricité, d’alphabétisation, d’éducation-formation, d’emploi et de protection sociale, d’environnement, d’infrastructures socio-économiques, de santé, de sécurité, en un mot de bien-être individuel et collectif. Désormais, nul ne peut les distraire avec des recettes politiques datées et obsolètes reposant sur le déni, l’intox et la propagande.
Dès lors, plutôt que de s’éreinter, vainement, dans un débat sur l’éligibilité ou non d’un candidat, qui sera tranché, en dernier ressort, par le Conseil Constitutionnel, l’opposition gagnerait à présenter aux ivoiriens une offre politique alternative cohérente et crédible, pour les convaincre et espérer recueillir leurs suffrages. Faute de quoi, il y a lieu de craindre que ses rodomontades sur des sujets à la marge et très éloignés des préoccupations des ivoiriens, preuve qu’elle est en panne sèche, la perde définitivement, au détriment de la Démocratie…
CISSE Ibrahim Bacongo