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Politique Publié le lundi 24 août 2020 | Le Nouveau Réveil

EDITORIAL (Par Dénis Kah ZION): non, Alassane Ouattara n’est pas Dieu!

© Le Nouveau Réveil
M. Denis Kah Zion, Président fondateur des Editions "Le Réveil"
Ave César! » Dans la Rome antique, ce salut que le peuple est obligé d’adresser à l’empereur Jules César vaut la totale soumission. Cet empire Romain créé, selon ses fondateurs, pour "l’éternité", a connu bien d’empereurs dont l’un des plus célèbres a été Jules César qui deviendra l’époux de Cléopâtre (impératrice) de l’Egypte alors vain- cue. César avait pour lui la Légion qui matait et matait les "barbares" (nom donné aux peuples qui ne pensent pas comme Rome et qui ne se soumettent pas). La principale distrac- tion de César était l’affrontement de sang des Gladiateurs qui se massacraient sous l’œil amusé dans les théâtres. Le Colisée, ce lieu des jeux des plus bruts, sanglants voire bes- tiaux. Avant les confrontations dans lesquelles beaucoup d’entre eux devaient mourir, les gladiateurs se pointaient devant la tribune officielle et lançaient: Ave Caesar morituri te salu- tant, ce qui signifie: « Salut César, ceux qui vont mourir te saluent ». César était déifié, mais César n’était pas Dieu. Cet empire Romain promis pour l’éternité a été vaincu, par la révolte des Barbares qui ont réussi à se mettre ensemble contre Rome et Rome est tombée. Actuellement, en Côte d’Ivoire, comme dans cette Rome antique, à regarder ce qui se passe sous nos yeux, à constater les jeux des plus macabres politiciens du pou- voir en place, les attaques à la machette (comme le glaive des gladiateurs) par les miliciens , le sang de ceux qui ne sont pas pro- ches du régime en place qu’on verse impunément, juste pour faire plaisir à l’empereur, on ne peut que déplorer la déification de ceux qui se donnent aujourd’hui le droit de vie et de mort sur les autres considérés comme des "barbares.

De 1933 à 1945, « Heil Hitler » était le salut fasciste des Nazi qui régnaient sur l’Allemagne et sur une très grande partie de l’Europe vaincue par la guerre éclair. C’est un salut exécuté par le bras et la main droite tendus, signe de ralliement adopté parle Parti national-socialiste des travailleurs allemands, signifiant « salut à » en allemand ; soit « Salut à Hitler », « Hommage à Hitler » ou, en substance, « Vive Hitler »). Il traduisait surtout la soumission à Adolf Hitler, le Fürher qui imposa sa main dure sur l’Allemagne en fondant le 3ème Reich qu’il projetait régner pour 1000 ans. Hitler avait pour lui la Gestapo ou Geheime Staatspolizei signifiant « Police secrète d'État », qui était la police politique du Troisième Reich. Cette force avait pour mission de massacrer tout ce qui ne sonne pas Nazi et ne chante pas Hitler et de faire régner la terreur sur tous les habitants. Le plus grand plaisir d’Hitler était de voir des millions de non Nazi (considérés comme des sous-hommes) déportés dans des camps de concentration où ils sont torturés, tués dans des chambres à gaz ou dans des fours crématoires. Par les Nazi, Hitler était déifié, pourtant, Hitler n’était pas Dieu. Ce troisième Reich que l’on disait établi pour 1000 ans, disparaitra au bout de 12 ans. Les peuples adeptes de la liberté et de la démocratie du monde se sont mis ensemble et ont vaincu les armées hitlériennes, le 8 mai 1945. Sous nos yeux et sous nos tropiques, d’autres concepts et d’autres endoctrinements politiciens sont en train de faire ravage contre les peuples qui ont le malheur de ne pas penser comme la caste au pouvoir.

Dans ce pays nôtre, la Côte d’Ivoire, de la propagande, ils sont passés à la déification du champion du parti RHDP. Alassane Ouattara est le seul par qui tout doit être. Il doit être le seul à décider de tout et à faire tout à sa guise. Au sein de son parti, le RHDP, il avait décidé de passer la main, mais après le décès de son poulain, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (paix à son âme !), il décide de se remettre en course, convaincu qu’il est que c’est lui et lui seul qui est présidentiable dans le contexte actuel. Oui, personne d’autre pour être candidat. En dehors de lui et lui seul. C’est ce qu’il appelle "force majeure" ou "can- didature du sacrifice", parce que si ce n’est pas lui, son parti est vide, si ce n’est pas lui, il n’y aura pas un autre candidat capable de faire l’unanimité au sein du RHDP. Il est donc, après le décès de Gon, au début et à la fin de ce parti dont il disait avoir en son sein tous les compétents de la Côte d’Ivoire dans la nouvelle génération. Ouattara est si Dieu que pour lui et ses partisans, c’est lui ou personne pour développer la Côte d’Ivoire. Oui, le Palais présidentiel qu’il a trouvé, les routes et échangeurs qu’il a trouvés, les ports et aéroports, les usines et groupes industriels, les écoles, lycées et collèges, grandes écoles et universités, les stades et parcs de sports, les espaces et salles de spectacle, les centrales thermiques et les barrages hydroélectriques, les plantations, la faune et la flore qu’il a trouvés en place en 2011, ne sont rien dans le développement de ce pays. C’est après la crise postélectorale de 2011 pour son installation au pouvoir qu’il a commencé le développement de ce pays. Et Dieu qu’il est, s’il n’est pas là demain, tout va fondre et il n’y aura plus rien. Pour Ouattara et ses partisans, il n’y a que lui pour sécuriser le pays.

Le coup d’Etat militaire qu’il a baptisé de "révolution des œillets à l’ivoirienne" en 1999, la rébellion de 2002, la crise puis la guerre postélectorale de 2010 et 2011 ne sont rien d’autre, et même le règne des microbes, des coupeurs de routes, des brouteurs, des voleurs à moto, des gnambro dans les gares routières, l’attaque des terroristes à Grand Bassam et contre des postes militaires ivoiriens et leurs menaces ne comptent pas, parce que Dieu qu’il est viendra avec des solutions dans son troisième mandat. Il avait promis un million d’emplois par an pour les jeunes. Après 10 ans de règne, c’est à peine 300.000 emplois aléatoires qui ont été créés. L’autonomisation des femmes qui est plus chantée que mise en pratique, le fonds très sélectif d’aide aux femmes ne profite qu’à une infime minorité, tout comme les filets sociaux. Mais qu’à cela ne tienne, c’est lui ou personne d’autre pour régler les problèmes des jeunes ou des femmes, des paysans ou du monde rural. Comme ils le disent et veulent le faire avaler aux Ivoiriens et observateurs, sans Ouattara de 2010 à 2020, la Côte d’Ivoire aurait disparu de la carte du monde. Tous les autres Ivoiriens étant des bons à rien. D’Houphouët-Boigny à Laurent Gbagbo en passant par Henri Konan Bédié et Robert Guei, aucun d’entre eux n’a rien fait. La Côte d’Ivoire était jusqu’à l’avènement de Ouattara, un carré vide de tout. Tout le monde doit croire, comme au Rhdp, que sans Ouattara, la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny ne serait pas la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny. Elle n’aurait pas son café dont elle est le 5ème producteur mondial, son cacao dont elle est le premier producteur au monde, toutes ses richesses dont ce régime a hérité et dont il fait ses choux gras.

Tous, nous sommes appelés et sans doute sommes obligés, contraints de nous prosterner devant celui que ses partisans déifient et prennent pour le seul Ivoirien présidentiable en 2020, malgré sa candidature frappée d’inéligibilité constitution- nellement. C’est pour cela qu’ils mettent tout en branle, sur fond de terreur pour la pérennisation de la dynastie, sinon du clan. Ils vont jusqu’à dire que le règne du RHDP ira jusqu’à cinquante ans, voire plus. Et pourtant, Ouattara n’est pas Dieu. Il ne sera jamais Dieu et humain qu’il est comme nous tous, son règne au pouvoir qu’il doit d’ailleurs au président Bédié, a une fin. Ouattara n’est pas au-dessus des autres Ivoiriens. Encore moins des autres fils de ce pays qui ont dirigé ce pays. Le peuple qui lui a confié les rênes de ce pays est en colère contre lui, n’a plus confiance en lui. Et il le manifeste sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Ainsi commence la fin de règne. Nonobstant les moyens mis en jeu, le déploiement des forces de l’ordre et l’intervention des forces parallèles, un règne qui est essoufflé et perdu, finit par finir. Parce que celui qui a instauré ce règne est loin d’êt- re Dieu. Seul le peuple ivoirien a le dernier mot. L’ancien Président du Mali, Ibrahim Boubakar Kéita qui, il y a quelques semaines, remplissait, lui aussi, le grand stade de Bamako, a dû démissionner sous la pression, le 19 août dernier. A la CEDEAO qui voulait sa réinstallation au pouvoir, IBK a dit, hier : « Je suis sensible à l’attention que mes pairs n’ont cessé de porter à mon pays depuis quelque temps. Sans entrer dans les détails du coup de force militaire, j’ai toujours dit qu’on n’est jamais un bon président, car la voix des peuples porte plus loin que nos capa- cités d’action. Ma décision est donc prise en toute conscience et liberté. Que nul ne fasse violence sur le peuple malien afin de satisfaire des ambitions autres que les actes clairement posés par mes soins. Je ne retournerai pas aux affaires, même pas pour une seconde. Toutefois, je vous suis reconnaissant. Je vous remercie… », comme par respect à son peuple, par respect à la Constitution de son pays, le Mali.

D.K.Z.
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