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Société Publié le samedi 10 octobre 2020 | Le Nouveau Réveil

Election présidentielle du 31 octobre 2020 / FESACI, DIGNITE et UGTCI formelles : « Les conditions d’une élection présidentielle inclusive, incontestable et démocratique ne semblent pas réunies »

© Le Nouveau Réveil Par DR
Election présidentielle du 31 octobre 2020 / FESACI, DIGNITE et UGTCI formelles : « Les conditions d`une élection présidentielle inclusive, incontestable et démocratique ne semblent pas réunies »
Le secrétaire général de la FESACI-CG, Traoré Dohia Mamadou, a lu, hier, à la Bourse du travail de Treichville, une déclaration signée par lui et ses collègues de la Centrale DIGNITE, Elie Boga Dago et de l’UGTCI, Joseph Ebagnerin. De cette déclaration de ces organisations syndicales, relative à la paix sociale en Côte d’Ivoire, il ressort, entre autres, que “ les conditions de l'organisation d'une élection présidentielle inclusive, incontestable et démocratique, source d'une paix durable, ne semblent pas réunies“. Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration.

Depuis la fin du premier trimestre 2020, notre pays, la Côte d'Ivoire, traverse des moments difficiles.

En effet, outre la crise sanitaire due à la maladie à Coronavirus avec son corollaire de décès et de pertes d’emplois, la tenue de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et surtout les débats suscités par la question du respect de la Constitution soulèvent, à n’en point douter, de vives polémiques qui sont de nature à troubler la paix sociale.

Cet environnement singulièrement marqué interpelle les Centrales syndicales : UGTCI, CISL DIGNITE et FESACI-CG en leur qualité d’organisation régulatrice de la démocratie participative et de la cohésion sociale. Comme le disait Mme Sharan Burrow, Secrétaire Générale de la Confédération Syndicale Internationale : « La démocratie fait partie de l’ADN du mouvement syndical international. Mais si nous ne l’utilisons pas et si nous ne renforçons pas notre confiance dans la démocratie, dans les gouvernements transparents et responsables et dans l’Etat de droit, nous mettons en péril le fondement même de nos sociétés (…) [Mieux], la démocratie ne peut fonctionner qu’à partir du moment où chacun d’entre nous joue un rôle actif en tant que citoyen engagé. »

Fort de ce principe fondamental, nous, Centrales Syndicales signataires, jugeons nécessaire d’occuper la place qui est la nôtre sur la scène publique car, face aux risques multiformes qui s’installent insidieusement dans le quotidien des Ivoiriens depuis plus de deux mois maintenant, une réaction de notre part s’imposait.



RAPPEL DES FAITS

Le 06 Août 2020, lors de son adresse à la nation, le Chef de l’État annonçait sa candidature à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Cette annonce a provoqué une vague de protestations dans plusieurs villes du pays engendrant ainsi de nombreux dégâts matériels, des pertes en vie humaines, des arrestations de citoyens et de travailleurs.

Nous notons particulièrement le cas Gballet Pulchérie Edith, syndicaliste et militante des droits de l’homme, jusqu’à ce jour, privée de liberté.

Le 14 septembre 2020, le Conseil constitutionnel, dans sa déclaration relative aux candidatures aux prochaines élections présidentielles, ne retient que quatre (04) dossiers sur quarante-quatre (44) candidatures. Et parmi les rejets figurent celles de nombreuses personnalités politiques bien connues. Cette décision du juge constitutionnel a suscité une nouvelle vague de protestations tant en Abidjan qu’à l’intérieur du pays.

Selon les statistiques avancées, des morts sont dénombrés, de nombreuses personnes déplacées et des domiciles et autres biens endommagés.

Le 20 septembre 2020, ce bloc de l’opposition ordonne la dissolution du Conseil constitutionnel, la réforme de la CEI ; appelle à la désobéissance civile avec pour conséquences, le retrait de leurs représentants à la CEI : un acte qui contribue à assombrir davantage le climat préélectoral, et nous amène à craindre également les crises postélectorales que les Ivoiriens ne connaissent que trop déjà.



POUR MÉMOIRE

La Côte d’Ivoire, après quarante années de relative tranquillité, a surpris plus d’un, car jamais l’on ne s’était imaginé que notre pays connaîtrait, tout comme d’autres et notamment des pays limitrophes, des périodes d’incertitudes.

Les évènements se succédant, nous avons appris à nos dépens, les réalités crues de ce qu’étaient : un couvre-feu, un état d’urgence, une rébellion, une guerre et leurs effroyables effets collatéraux.

Notre indice de sécurité devenu des plus alarmants il s’en est suivi pour les travailleurs : chômage technique, délocalisation et fermeture d’entreprises, des maux dont les conséquences inéluctables sont les pertes d’emplois et le chômage de longue durée pour le plus grand nombre.

Aussi voudrions-nous préciser que depuis une vingtaine d'années, les élections sont la principale cause de conflits en Côte d’Ivoire dont les effets pervers sont multiformes avec des dégâts inestimables.

Lors des élections de 2000, une décision du Conseil constitutionnel jumelée à d’autres facteurs avait aussi créé une crise nationale. Deux années plus tard, précisément en septembre 2002, les Ivoiriens connaissaient les réalités d’un grave conflit militaro-politique sans précédent dans l’histoire du pays. Inutile de rappeler la partition du pays en deux zones et le lot de souffrances qui fut le quotidien des populations de façon générale et des travailleurs en particulier dans les zones dites CNO.

En 2010, une décision du Conseil constitutionnel a encore été au cœur de la crise électorale que nous avons connue, et dont la somme des conséquences désastreuses tant au plan humain que matériel ont été longuement documentées. Sans omettre les effets résiduels de cet épisode dans la conscience collective ; il y eut des milliers de déplacés et d’exilés ainsi que de nombreux emprisonnements dont des travailleurs.

Qui ne se souvient de l’effectif important de licenciements de travailleurs de la RTI et de la SOTRA, pour ne citer que ces deux entreprises !

Pour les élections présidentielles du 31 octobre 2020 prochain, une décision du Conseil constitutionnel se trouve encore au cœur des facteurs qui génèrent la peur dans la population. À cette décision, et aux mouvements de contestations que cela engendre, s’ajoutent d’autres indicateurs moins rassurants dont :

-Les affrontements inter-ethniques à Gagnoa, Divo, Bonoua et Daoukro, prouvent à suffisance que la réconciliation nationale, gage de la cohésion sociale, n’est pas encore effective ;

-La polémique s’accentuant autour de la Constitution, l’on assiste à la radicalisation des positions entre le pouvoir et l'opposition

-La contestation est de plus en plus vive autour de la CEI et du Conseil constitutionnel dont l'impartialité et la sincérité sont remises en question par certains. Bref, les conditions de l'organisation d'une élection présidentielle inclusive, incontestable et démocratique, source d'une paix durable, ne semblent pas réunies.

Il était, à notre sens, important de faire ce rappel succinct, quand on a conscience de savoir d’où l’on vient pour avoir suffisamment été instruit, l’on doit, en toute circonstance, savoir, donc, raison garder.



NOTRE POSITION

La Côte d’Ivoire ne saurait être sabordée par ses propres enfants et nous voudrions rappeler un membre de phrase d’un des nôtres : « malheur donc à celui par qui un tel scandale arrivera ». Nous souhaitons instamment que tous les acteurs sachent éteindre leurs égos et mesurer leurs propos, car « la langue est une arme fatale dont on guérit quelquefois difficilement des blessures ».

Nous, Organisations syndicales signataires, relevons la gravité de la situation et soucieuses de la préservation du climat de paix, gage de bien-être pour les populations en général et pour les travailleurs en particulier.


Aussi voudrions-nous :

1) Demander à son Excellence, Monsieur le Président de la république instamment de créer un cadre consensuel pour le déroulement d’élections crédibles, inclusives, transparentes et apaisées dont les résultats seront acceptables par tous, il y va de l’intérêt supérieur de la nation.


2) Inviter les acteurs politiques ivoiriens tant au pouvoir que dans l’opposition, à la retenue et à plus de responsabilité afin d’épargner aux Ivoiriens des affrontements avec leurs corollaires de dégâts matériels, de morts, de pertes d’emplois et d’arrestations au moment où nous subissons dans l’impuissance, les conséquences désastreuses de la pandémie à coronavirus.

3) Remercier le Chef de l’Etat pour la libération des travailleuses et travailleurs arrêtés et solliciter l’élargissement à cette décision de tous ceux qui attendent et qui espèrent.

Tout en nous félicitant de ce que notre appel sera entendu, appelons, avec insistance, tous les acteurs politiques, les organisations syndicales, la société civile, et toutes les populations vivant en Côte d’Ivoire à œuvrer à la construction d’une cohésion citoyenne et à la paix dans notre mère patrie, la Côte d’Ivoire.


Fait à Abidjan, le 08 Octobre 2020

Pour les organisations syndicales

UGTCI

Joseph Léon EBAGNERIN

DIGNITE

Elie BOGA DAGO

FESACI-CG

Dr. TRAORE Dohia Mamadou
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