Arrêté en tenu de combat, bâton de commandement en main, pistolet sur le côté, le commandant supérieur de la gendarmerie est vu dans bien des clichés en train de s’exprimer face à des jeunes apeurés qui, quelques heures avant, s’affrontaient. Il tente de jouer une médiation ou apaiser les protagonistes. Pourquoi le général Alexandre Apalo Touré, commandant supérieur de la gendarmerie nationale, est-il médiateur dans les conflits qui frappent plusieurs localités avec des relents communautaires ? Que font nos guides religieux, chefs de communauté et les occupants de cette « grosse » Chambre des rois et chefs traditionnels quand des villes, jadis havre de paix et de cohésion, sont déchirées par des crises fratricides ? Sont-ils réduits à pondre des communiqués après que les dégâts sont constatés? Voir un chef militaire en tenue de combat, face à des populations qu’il est censé calmer, fait peur. Voir un chef militaire face à des populations qui se regardent en chiens de faïence, tenter de les apaiser, est improductif et les résultats, après chaque passage du commandant supérieur de la gendarmerie, ne disent pas le contraire. Il n’en a pas la qualité, ni les compétences. En plus de cela, les citoyens ont perdu toute confiance aux régulateurs sociaux que sont les forces de l’ordre, l’administration et la justice à plus forte raison un commandant d’une unité comme la gendarmerie bien souvent au premier rang dans les crises pour les maîtriser avec des jets de grenades lacrymogènes et coups de matraques. Se retrouver, quelques minutes après en médiateur…Combien de fois les forces de l’ordre n’ont-elles pas été accusées d’être de connivence avec ces voyous au col blanc et d’un autre âge appelés "microbes" devenus milice au service… Quand un tel cliché frappe un corps, quel discours d’apaisement ou quelle médiation crédible peut-il mener (même s’il est de bonne foi) ? Nombreux sont ceux qui vont plus loin en indiquant que c’est quand les assaillants sont malmenés dans les conflits qu’apparaissent le général Apalo et ses hommes pour s’interposer. Ça aussi, ça a été entendu un peu partout où les conflits ont fait rage notamment à Daoukro, Dabou et M’batto. A Dabou par exemple, il n’a pas manqué de menacer les populations en disant « on peut s’arrêter à Abidjan et lancer une bombe qui va s’abattre sur vous ici ». On peut l’interpréter comme on veut bien, mais c’est cela son rôle, le combat, et le discours tenu est le discours qui va avec. Mais la cible n’était pas la bonne…
Et pourtant, au regard des tensions que vivent les localités, les meilleurs médiateurs pourraient être les guides religieux et pourquoi pas les locataires de la Chambre des rois et chefs traditionnels en faisant intervenir le jeu d’alliances etc… et tout autre message puisé dans la pure tradition pour ramener la paix. Pour les leaders religieux, les livres saints sont remplis de messages d’apaisement et de conciliation, garant spirituel des localités. Est-ce parce qu’ils se disent qu’ils ne sont pas écoutés ? Peut-être qu’ils attendent d’y être invités officiellement…
Si souvent, les conflits resurgissent, c’est bien parce que le bon message fait défaut surtout quand le messager n’est pas le bon.
JEAN PRISCA
Et pourtant, au regard des tensions que vivent les localités, les meilleurs médiateurs pourraient être les guides religieux et pourquoi pas les locataires de la Chambre des rois et chefs traditionnels en faisant intervenir le jeu d’alliances etc… et tout autre message puisé dans la pure tradition pour ramener la paix. Pour les leaders religieux, les livres saints sont remplis de messages d’apaisement et de conciliation, garant spirituel des localités. Est-ce parce qu’ils se disent qu’ils ne sont pas écoutés ? Peut-être qu’ils attendent d’y être invités officiellement…
Si souvent, les conflits resurgissent, c’est bien parce que le bon message fait défaut surtout quand le messager n’est pas le bon.
JEAN PRISCA