Abidjan - Dans un entretien avec l'AIP, Claude Alain Kra, juriste, expert en Santé publique et en droits humains, apporte des éclairages sur la loi sur la Santé de la reproduction (SR), point d’orgue du Protocole de Maputo auquel la Côte d’Ivoire a ratifié depuis 2003.
Pour M. Kra, l’Etat a marqué sa ferme volonté d’aller dans le sens de ses engagements en initiant le processus de la loi sur la SR en ratifiant ce Protocole et même en renouvelant son engagement en 2019 au Sommet de Nairobi (Kenya). Il y a un comité de suivi qui a été mis en place. « En tout état de cause, la loi sur la SR a pour vocation de lever les barrières socioculturelles et religieuses, notamment, promouvoir la liberté et le choix de vie. Ces barrières se heurtent à des valeurs, à des entités sociales conservatrices qui ne facilitent pas encore l’aboutissement du processus ». Il affirme que pour garder toute sa valeur et sa véritable appropriation par les populations, cette loi « doit être consensuelle, car la recherche du consensus (qui n’est pas encore pleinement acquise), serait une cause majeure de blocage ».
Il a expliqué que si pour l’instant la Côte d’Ivoire ne dispose pas encore de loi sur la SR, il n’y a cependant pas de vide juridique ou programmatique en la matière car « des textes connexes comme le code pénal, la loi sur le VIH, des programmes nationaux sur la santé de la mère et de l’enfant, éducation et jeunesse, santé scolaire et des documents de politiques sectorielles permettent d’aborder la question ».
En effet, le deuxième alinéa de l’article 14 du protocole de Maputo stipule que "les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».
En ce qui concerne les actions que les ONG/la société civile et autres activistes peuvent mener afin de parvenir à l’obtention de cette loi en Côte d’Ivoire, il conseille que « l’action des ONG devrait s’inscrire dans un plan de plaidoyer à construire de manière consensuelle. Ce plan identifiera les problèmes (barrières légales, santé publique, culturels et/ou religieux...), proposera des activités adaptées, ciblées et autres objectifs, aux fins d’un aboutissement à terme du processus ».
Sur la question des chiffres alarmants en Côte d’Ivoire sur la mortalité maternelle (645 pour 100.000 naissances vivantes dont 18% dus aux avortements clandestins, compris entre 210.000 et 300.000 par an), en tant qu’également expert en santé publique, Alain Kra soutient que l’une des réponses se trouve dans l’esprit et la lettre du Protocole de Maputo, qui devait être mis en évidence dans la loi sur la SR.
« Chez les jeunes filles, surtout pour les grossesses en milieu scolaire, une réflexion plus globale des conditions d’étude est à mener par les autorités en charge de l’éducation et de la santé. Cette réflexion portera sur la vie extra-scolaire, les conditions d’hébergement et de survie, qui déterminent une bonne santé sexuelle et reproductive », affirme M. Kra.
« Aussi, avant d'arriver à la répression ou au pire, il faut procéder en amont par l’éducation sexuelle des jeunes et la communication +parents-enfants+ sur la sexualité, ce sont de très bonnes pistes à explorer et à consolider. Cela permettra de lever les préjugés ainsi que les pesanteurs religieuses et culturelles. Car en famille, le parent est le premier conseiller des enfants », a-t-il conclu.
tls/cmas
Pour M. Kra, l’Etat a marqué sa ferme volonté d’aller dans le sens de ses engagements en initiant le processus de la loi sur la SR en ratifiant ce Protocole et même en renouvelant son engagement en 2019 au Sommet de Nairobi (Kenya). Il y a un comité de suivi qui a été mis en place. « En tout état de cause, la loi sur la SR a pour vocation de lever les barrières socioculturelles et religieuses, notamment, promouvoir la liberté et le choix de vie. Ces barrières se heurtent à des valeurs, à des entités sociales conservatrices qui ne facilitent pas encore l’aboutissement du processus ». Il affirme que pour garder toute sa valeur et sa véritable appropriation par les populations, cette loi « doit être consensuelle, car la recherche du consensus (qui n’est pas encore pleinement acquise), serait une cause majeure de blocage ».
Il a expliqué que si pour l’instant la Côte d’Ivoire ne dispose pas encore de loi sur la SR, il n’y a cependant pas de vide juridique ou programmatique en la matière car « des textes connexes comme le code pénal, la loi sur le VIH, des programmes nationaux sur la santé de la mère et de l’enfant, éducation et jeunesse, santé scolaire et des documents de politiques sectorielles permettent d’aborder la question ».
En effet, le deuxième alinéa de l’article 14 du protocole de Maputo stipule que "les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».
En ce qui concerne les actions que les ONG/la société civile et autres activistes peuvent mener afin de parvenir à l’obtention de cette loi en Côte d’Ivoire, il conseille que « l’action des ONG devrait s’inscrire dans un plan de plaidoyer à construire de manière consensuelle. Ce plan identifiera les problèmes (barrières légales, santé publique, culturels et/ou religieux...), proposera des activités adaptées, ciblées et autres objectifs, aux fins d’un aboutissement à terme du processus ».
Sur la question des chiffres alarmants en Côte d’Ivoire sur la mortalité maternelle (645 pour 100.000 naissances vivantes dont 18% dus aux avortements clandestins, compris entre 210.000 et 300.000 par an), en tant qu’également expert en santé publique, Alain Kra soutient que l’une des réponses se trouve dans l’esprit et la lettre du Protocole de Maputo, qui devait être mis en évidence dans la loi sur la SR.
« Chez les jeunes filles, surtout pour les grossesses en milieu scolaire, une réflexion plus globale des conditions d’étude est à mener par les autorités en charge de l’éducation et de la santé. Cette réflexion portera sur la vie extra-scolaire, les conditions d’hébergement et de survie, qui déterminent une bonne santé sexuelle et reproductive », affirme M. Kra.
« Aussi, avant d'arriver à la répression ou au pire, il faut procéder en amont par l’éducation sexuelle des jeunes et la communication +parents-enfants+ sur la sexualité, ce sont de très bonnes pistes à explorer et à consolider. Cela permettra de lever les préjugés ainsi que les pesanteurs religieuses et culturelles. Car en famille, le parent est le premier conseiller des enfants », a-t-il conclu.
tls/cmas