Plusieurs détenus d’opinions croupissent dans les prisons ivoiriennes. Désirée Douati, présidente de l'Association des femmes et familles des détenus d'opinions de Côte d'Ivoire (Affdo-ci) n’entend pas baisser les bras, tant que l’entièreté de ceux-ci ne recouvrent pas la liberté. Dans cette interview, elle nous dresse le bilan de son combat et appelle le Gouvernement à emboucher la trompette de la paix et de la réconciliation.
Désirée Douati, on ne vous voit plus en activité comme avant, pourquoi ?
Nous sommes toujours en activité, seulement toutes nos activités ne font pas l’objet de battage médiatique. Les raisons sont multiples. La première raison est que l’Affdo-ci a atteint une certaine maturité qui lui permet de fonctionner désormais avec méthode, tactique et diplomatie. La seconde raison est que l’Affdo-Ci respecte les droits des détenus. Figurez-vous qu’il arrive que le détenu refuse que l’on diffuse de lui une image qu’il juge dégradante. Et la troisième et dernière raison est que depuis l’obtention de l’amnistie partielle du 06 août 2018, amnistie pour laquelle nous réitérons à l’endroit du chef de l’Etat nos sincères remerciements, l’Affdo-Ci a opté pour une stratégie d’actions de proximité loin des caméras et autres supports de communication.
Où en êtes-vous, à ce jour, avec cette lutte que vous menez ? Y-a-t-il eu des avancées ?
Dire qu’il n’y a pas eu d’avancées ne serait pas honnête de notre part. Aujourd’hui, nous ne sommes plus au stade de 2012 où l’on enregistrait 890 détenus, cependant nous sommes, de nos jours, à une phase un peu plus préoccupante de notre lutte car elle est relative à la santé des détenus. Etant d’un certain âge pour la plupart, comprenez qu’après 10 ans de détention, ils ont tous développé diverses pathologies, ce qui fait d’eux de grands malades et de sérieux prétendants à des morts tragiques. C’est pourquoi nous n’avons de cesse de tirer la sonnette d’alarme, car la mort est aux portes des différentes prisons dans lesquelles ils sont incarcérés. Si nous perdons notre sens de l’humain au profit absolument d’un processus politico- judiciaire, nous enregistrerons des morts par vagues et malheureusement, les efforts de réconciliation entrepris par le chef de l’Etat se limiteront à l’effet d’annonce et seront perçus par nombre de nos concitoyens comme une page de publicité, donc de la propagande politique. Ce qui serait bien dommage.
Pourquoi n’avez-vous pas inscrit les exilés dans votre agenda ?
Je vous remercie. Le champ d’action dans lequel nous exerçons est très complexe et le cas des exilés est également complexe. Ne dit-on pas que qui embrasse trop mal étreint ? Rire. Sérieusement, convaincus que le cas des exilés se règlerait concomitamment (cela allait de soi pour nous) avec celui du président Laurent Gbagbo (là également nous avions foi qu’il serait acquitté), nous avons opté pour les détenus d’opinions. Car à notre analyse, c’est le retour du président Laurent Gbagbo qui allait mettre tout le monde en confiance et favoriser le retour des exilés. Chose à quoi nous assistons avec joie, depuis la décision de son acquittement.
Quels sont vos rapports avec le Gouvernement sur les missions de votre organisation ?
Avoir des relations saines avec le gouvernement ivoirien était une de nos priorités afin d’atteindre nos objectifs. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, le gouvernement ivoirien est très attentif à nos actions et nos déclarations. Le ministre de la Justice que nous tenons à saluer ici est attentif à nos préoccupations toutefois, nous continuons à plaider pour un élargissement des autres prisonniers d’opinions (car il y en a malheureusement) qui sont encore dans les liens de la détention. Pour la paix et la réconciliation, aucun sacrifice ne doit être trop grand. Nous demandons leur libération effective et non conditionnelle.
Nous sommes dans la mouvance des préparatifs pour le retour du président Laurent Gbagbo, est-ce que votre organisation aura un rôle à jouer, à ce niveau ?
Notre organisation suit de près le processus du retour du Président Laurent Gbagbo et mène différentes actions auprès des voix autorisées afin que ce retour se fasse dans le calme, la paix et surtout dans la joie commune du retour d’un enfant du pays.
Avez-vous un dernier message et à l’endroit de qui ?
Oui, un dernier message mais en trois points :
• En autorisant la marche de monsieur Issiaka Diaby, le pouvoir public a démontré que d’une part, l’interdiction de manifester sur la voie publique était levée et d’autre part qu’il était possible de manifester sur la voie publique sans autorisation. Je demande donc la libération de toutes les personnes qui ont manifesté sans autorisation contre le troisième mandat.
• En second point, j’aimerais dire ceci à Monsieur Issiaka Diaby : Frère, je sais qu’on peut se tromper de bonne foi. Pour t’éviter cela dans le dossier du président Laurent GBAGBO, je te prie de prendre connaissance du document d’acquittement et là tu comprendras que son retour ne pourrait être empêché.
• Enfin, je voudrais demander humblement au président Alassane Ouattara de faire le dernier geste qui mettra véritablement la réconciliation nationale sur les rails. Qu’il se mette au-dessus des extrémistes de tout bord en agissant en chef qui rassemble, consolide la paix et la cohésion sociale ; bref, un chef qui sait accorder son pardon quand il le faut. Pour ce faire une grâce présidentielle serait la voie la plus indiquée. Pour le respect de la dignité humaine et une vraie réconciliation, libérez nos parents. Je vous remercie.
Interview réalisée par JB KOUADIO
Désirée Douati, on ne vous voit plus en activité comme avant, pourquoi ?
Nous sommes toujours en activité, seulement toutes nos activités ne font pas l’objet de battage médiatique. Les raisons sont multiples. La première raison est que l’Affdo-ci a atteint une certaine maturité qui lui permet de fonctionner désormais avec méthode, tactique et diplomatie. La seconde raison est que l’Affdo-Ci respecte les droits des détenus. Figurez-vous qu’il arrive que le détenu refuse que l’on diffuse de lui une image qu’il juge dégradante. Et la troisième et dernière raison est que depuis l’obtention de l’amnistie partielle du 06 août 2018, amnistie pour laquelle nous réitérons à l’endroit du chef de l’Etat nos sincères remerciements, l’Affdo-Ci a opté pour une stratégie d’actions de proximité loin des caméras et autres supports de communication.
Où en êtes-vous, à ce jour, avec cette lutte que vous menez ? Y-a-t-il eu des avancées ?
Dire qu’il n’y a pas eu d’avancées ne serait pas honnête de notre part. Aujourd’hui, nous ne sommes plus au stade de 2012 où l’on enregistrait 890 détenus, cependant nous sommes, de nos jours, à une phase un peu plus préoccupante de notre lutte car elle est relative à la santé des détenus. Etant d’un certain âge pour la plupart, comprenez qu’après 10 ans de détention, ils ont tous développé diverses pathologies, ce qui fait d’eux de grands malades et de sérieux prétendants à des morts tragiques. C’est pourquoi nous n’avons de cesse de tirer la sonnette d’alarme, car la mort est aux portes des différentes prisons dans lesquelles ils sont incarcérés. Si nous perdons notre sens de l’humain au profit absolument d’un processus politico- judiciaire, nous enregistrerons des morts par vagues et malheureusement, les efforts de réconciliation entrepris par le chef de l’Etat se limiteront à l’effet d’annonce et seront perçus par nombre de nos concitoyens comme une page de publicité, donc de la propagande politique. Ce qui serait bien dommage.
Pourquoi n’avez-vous pas inscrit les exilés dans votre agenda ?
Je vous remercie. Le champ d’action dans lequel nous exerçons est très complexe et le cas des exilés est également complexe. Ne dit-on pas que qui embrasse trop mal étreint ? Rire. Sérieusement, convaincus que le cas des exilés se règlerait concomitamment (cela allait de soi pour nous) avec celui du président Laurent Gbagbo (là également nous avions foi qu’il serait acquitté), nous avons opté pour les détenus d’opinions. Car à notre analyse, c’est le retour du président Laurent Gbagbo qui allait mettre tout le monde en confiance et favoriser le retour des exilés. Chose à quoi nous assistons avec joie, depuis la décision de son acquittement.
Quels sont vos rapports avec le Gouvernement sur les missions de votre organisation ?
Avoir des relations saines avec le gouvernement ivoirien était une de nos priorités afin d’atteindre nos objectifs. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, le gouvernement ivoirien est très attentif à nos actions et nos déclarations. Le ministre de la Justice que nous tenons à saluer ici est attentif à nos préoccupations toutefois, nous continuons à plaider pour un élargissement des autres prisonniers d’opinions (car il y en a malheureusement) qui sont encore dans les liens de la détention. Pour la paix et la réconciliation, aucun sacrifice ne doit être trop grand. Nous demandons leur libération effective et non conditionnelle.
Nous sommes dans la mouvance des préparatifs pour le retour du président Laurent Gbagbo, est-ce que votre organisation aura un rôle à jouer, à ce niveau ?
Notre organisation suit de près le processus du retour du Président Laurent Gbagbo et mène différentes actions auprès des voix autorisées afin que ce retour se fasse dans le calme, la paix et surtout dans la joie commune du retour d’un enfant du pays.
Avez-vous un dernier message et à l’endroit de qui ?
Oui, un dernier message mais en trois points :
• En autorisant la marche de monsieur Issiaka Diaby, le pouvoir public a démontré que d’une part, l’interdiction de manifester sur la voie publique était levée et d’autre part qu’il était possible de manifester sur la voie publique sans autorisation. Je demande donc la libération de toutes les personnes qui ont manifesté sans autorisation contre le troisième mandat.
• En second point, j’aimerais dire ceci à Monsieur Issiaka Diaby : Frère, je sais qu’on peut se tromper de bonne foi. Pour t’éviter cela dans le dossier du président Laurent GBAGBO, je te prie de prendre connaissance du document d’acquittement et là tu comprendras que son retour ne pourrait être empêché.
• Enfin, je voudrais demander humblement au président Alassane Ouattara de faire le dernier geste qui mettra véritablement la réconciliation nationale sur les rails. Qu’il se mette au-dessus des extrémistes de tout bord en agissant en chef qui rassemble, consolide la paix et la cohésion sociale ; bref, un chef qui sait accorder son pardon quand il le faut. Pour ce faire une grâce présidentielle serait la voie la plus indiquée. Pour le respect de la dignité humaine et une vraie réconciliation, libérez nos parents. Je vous remercie.
Interview réalisée par JB KOUADIO