Dans cette interview exclusive, l’écrivain Paul Koffi Koffi parle de l’industrie du livre en Afrique. Lui qui a déjà sorti deux livres à la fois cette année évoque sa propre expérience. « Moi j’écris pour mon propre plaisir… », dit-il. Non sans revenir sur les thèmes qu’il aborde dans le dernier ouvrage.
Début juin, il a été a été annoncé le grand retour du Salon du livre de Paris pour mars 2022 après l’annulation des éditions 2020 et 2021 due à la crise du Coronavirus. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
Merci d’abord, de l’opportunité que vous m’offrez pour répondre ici en tant qu’écrivain. Après six ouvrages en 13 ans d’écriture soit une moyenne d’un livre tous les deux ans j’accueille avec beaucoup de plaisir cette décision, car l’écriture s’alimente d’échanges d’idées. Ensuite, les maisons d’éditions ont noté que le nombre de manuscrits reçus pendant les périodes de confinement a doublé voire plus, car les gens sont à la maison et ont le temps d’écrire pour s’occuper davantage. Ce Salon doit donc se tenir pour faire rencontrer les auteurs et les lecteurs, de même que la critique.
En attendant, pouvez-vous nous présentez vos derniers ouvrages dont le dernier, intitulé « le monde, l’Afrique et la Côte d’Ivoire : d’hier à l’horizon 2040 » est sorti il y a seulement trois mois ?
Cet ouvrage avait été annoncé en fin d’année 2020 lors de notre dernière interview, pour sa parution en 2021. C’est chose faite après celui sur « l’employabilité des diplômés du secteur éducation-formation en Côte d’Ivoire » qui est une traduction de ma thèse de doctorat en économie sur recommandation du jury. Il est sorti en janvier 2021. Le second, celui que vous indiquez à savoir « le monde, l’Afrique et la Côte d’Ivoire : d’hier à l’horizon 2040 » est paru en avril 2021.
Il aborde trois espaces : le monde, l’Afrique et la Côte d’Ivoire. Il fait un tour d’horizon assez diversifié de l’évolution historique des évènements majeurs qu’a connu le monde et l’Afrique depuis l’antiquité, les conflits , les grandes découvertes scientifiques et techniques, notamment les révolutions industrielles, l’économie, la gouvernance mondiale, mais aussi en identifiant les grands défis qui menacent l’équilibre mondial et le continent dont la sécurité, l’environnement (le changement climatique), la pauvreté, le coronavirus, etc puis en se projetant à l’horizon 2040 avec en ligne de mire la compétition Etats-Unis / Chine et ses conséquences. J’ai abordé aussi l’évolution de la Côte d’Ivoire notamment la question du développement économique et social depuis 1960, les succès et les défis 60 ans après, mais aussi une vision prospective sur l’horizon 2040. Je m’appuie aussi sur ma propre expérience longue de près de 40 ans dans l’administration publique nationale, internationale et régionale.
Quel regard jetez-vous sur l’industrie du livre en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire ?
Les Africains écrivent très peu. D’aucuns disent qu’ils sont plus de tradition orale donc l’industrie du livre en Afrique ou en Côte d’Ivoire peine à s’équilibrer et à faire vivre convenablement les auteurs. Ensuite, les conditions mêmes de l’édition, sortir un livre coûte cher même si vous avez le talent, depuis le manuscrit ou le tapuscrit jusqu’à l’impression et l’édition. Les contrats avec les éditeurs et les gains de l’auteur (ça se joue sur le nombre de tirages) ne sont pas très consistants pour celui qui veut vivre de l’écriture uniquement en Afrique voire en Côte d’Ivoire. Enfin, dans certains pays, il n’est pas facile d’exercer librement sa plume au risque d’être menacé par les autorités ou par les limites de la règlementation. Ecrire et exprimer ses opinions par l’écrit ne sont pas tolérés partout. Il y a naturellement des best sellers mais combien les auteurs dans notre continent ou espace en produisent pendant toute une carrière, bien vrai qu’il y ait de grands écrivains Africains et Ivoiriens mondialement connus et reconnus. Combien sont-ils ? Il ne faut pas désespérer pour autant, moi j’écris pour mon propre plaisir peut être qu’à ma retraite je serai un écrivain de métier.
Entretien réalisé par
Barthélemy KOUAME
(Une correspondance particulière)