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Société Publié le lundi 16 août 2021 | AIP

Quand l'électrification sonne la fin du pétrole lampant (Reportage)

Abengourou- Le pétrole lampant, autrefois principale source d’alimentation des lampes-tempêtes pour l’éclairage domestique dans le monde rural, est aujourd’hui introuvable sur les marchés des villes et villages de Côte d'Ivoire, même dans les hameaux les plus reculés : conséquence d'une politique d'électrification rurale à grande échelle.


L’absence de ce liquide inflammable à forte odeur, mais indispensable pour le pays profond est due, selon la direction régionale des Mines, du Pétrole et de l’Energie, à l’électrification des villages. Une « crise du pétrole" qui n'est pas sans inconvénients pour les populations des bourgs non encore électrifiés.


Des difficultés pour les non électrifiés  


A Abengourou, le pétrole lampant n’est plus vendu sur le marché. Il est introuvable dans la boutique des détaillants depuis deux ans ont signalé les habitants à Abengourou. « Ça a été une surprise pour nous de savoir que le pétrole n’est plus vendu », a affirmé Kouadio Honoré du village de N’Ziprikro. Il fait savoir que le manque du pétrole met en difficulté son village non encore électrifié où vivent de plus de 700 âmes dans l’obscurité, une fois la nuit tombée.


François Kouadio, un autre habitant du même village, laisse observer que les camions-citernes qui sillonnaient les villes et villages pour approvisionner les populations ont disparu de la circulation. Et même dans les stations-services, le pétrole n’est plus distribué.


« Le pétrole, ça ne marche plus », tranche laconiquement un gérant de station-service approché par l'AIP à Abengourou, sans donner d'explications. Ce dernier confie que les cuves à pétrole ont été transformées en cuves à essence.


Electrification rurale, principale cause


La Côte d’Ivoire a entrepris depuis plusieurs années un vaste programme d’électrification des villages de plus 500 habitants. Plus de 1330 localités ont été électrifiées dans le pays dont 441 au premier semestre 2020. Le taux d’électrification des villages dans l’Indénié-Djuablin selon le Conseil régional est passé de 20% en 2013 à 98% en 2020.


« La quasi-totalité des villages ayant été électrifiés, les populations n’avaient plus besoin de lampes-tempête et ne voient plus l’utilité du pétrole », remarque le directeur régional des Mines du Pétrole de l’Energie d’Abengourou Koua.


"Les stations et les marketeurs qui font la commande du pétrole ont constaté que le pétrole lampant ne sort pas. Ils ont tout simplement arrêté », explique M. Koua, soulignant que c’est la seule raison qui fait fait aujourd'hui de la vente du pétrole lampant, un lointain souvenir.


« On ne pouvait rien faire sans le pétrole », souvenirs d'anciens


Les anciens portent encore le souvenir du pétrole lampant, jadis indispensable pour alimenter les lampes-tempête dans les villages. « On ne pouvait rien faire sans le pétrole », a témoigné Serge Kassi âgé de 55 ans. Cet ancien élève du lycée moderne d’Abengourou devenu aujourd’hui planteur à N’Ziprikro un village de la sous- préfecture de Zaranou se souvient du rôle important de ce combustible. « Il nous permettait de disposer de la lumière émise par les lampes tempêtes pour étudier la nuit tombée.


Amouan Kassi affirme que le pétrole était indispensable et servait à tout faire dans les villages. « C’est la source d’énergie qui permettait d’avoir la lumière ici au village et grâce au pétrole on peut faire sans difficulté le feu de bois à tout moment », a fait remarquer cette mère de quatre enfants.


En plus d’alimenter les lampes pour l’éclairage de nos maisons, « en forêt on pouvait avec le pétrole et une boite d’allumette produire facilement le feu même en temps de pluie », ajoute Aman Koua, un spécialiste d’extraction de vin de palme à Apoisso village de la sous-préfecture de Zaranou. Il dit déplorer l’arrêt de la vente du pétrole dans les villages.


Des conséquences... des solutions...


Cette situation est non sans conséquences pour les populations des villages non encore raccordés au réseau électrique national. « Nous ne trouvons plus une seule goutte de pétrole pour les réservoirs de nos lampes alors que nous n’avons pas le courant », déplore Yao Kouadio Richard, président des jeunes du village de N’Ziprikro.


« Quand vient la nuit, il nous est difficile de faire quoi que ce soit », fait savoir le porte-parole du chef de N’Ziprikro, N’Guessan Kouassi Ignace. Il signale que la difficulté majeure, "c’est l’école qui paye le lourd tribut", insiste-t-il.


Il explique que dans ces conditions leurs enfants scolarisés n’arrivent plus à étudier la nuit ainsi que leurs maîtres qui n’arrivent pas non plus à travailler et à préparer les cours faute de lumière. Selon M. N’Guessan Kouassi, l’absence de lumière dans le village est lourde de conséquences pour leurs enfants et est à l’origine du départ des enseignants un an après leur affection dans le village.


A défaut de pouvoir éclairer les lampes-tempête à cause du manque de pétrole, les populations des villages concernés ont opté pour les ampoules rechargeables solaires achetées sur le marché.


« Elles viennent comme la solution pour remplacer le pétrole et les lampes tempête », a fait savoir Patrice Kouassi natif du village. « La difficulté, c’est que tout le monde n’a pas les moyens pour l’achat de ces ampoules qui ne sont pas de qualité et qui ont une courte durée de vie », a regretté la représentante des femmes de N’Ziprikro N’Guessan Marina.


D'un point de vue général, une "solution définitive" s'impose face à cette situation : l'électrification de tous les villages.


nam/tm

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