Abengourou-Campe belle petite bourgade ivoirienne qui fait frontière avec la Ghana est situé à environ 15 kilomètres de la ville Niablé (Est région de l’Indénié-Djuablin) mais le village manque de tout, eau, électricité, route et centre de santé.
Après près d'une heure de route en voiture sur une route sablonneuse et difficilement praticable, le maire de Niablé Messou Bouadou Edouard et sa délégation parviennent dans un nuage de poussière dans le village de Campe accueillis par une population en liesse. Le maire et ses conseillers municipaux y sont pour l’inauguration de la première école.
Une route impraticable en toute saison
Des véhicules sous un nuage de sable sur la route de Campe
Situé à une quinzaine de kilomètres de la ville de Niablé, le village de Campe fait frontière avec le Ghana. Cette zone de grande production de cacao connait un problème crucial en matière de route. Le village construit au cœur d’une bande marécageuse n’est pas facile d’accès. La route desservant le village et ses campements satellites est impraticable et quasi inexistante en toute saison. En saison pluvieuse, le trajet se transforme en un massif et long étang.
Quand vient la sécheresse, comme c’est le cas en ce moment d’harmattan, l’eau fait place à une route sablonneuse parsemée de grands trous. De grands réservoirs d’eau verdâtres restent encore visibles et jalonnent le long de la route venant à Campe. « Imaginez-vous les difficultés de voyage en saison pluvieuse. Tous les camions s’embourbent sur cette route », relate un des conseillers municipaux de la commune de Niablé.
LeDes véhicules sous un nuage de sable sur la route de Campe pont effondré sur la route de Campe
« Pendant la campagne de commercialisation du cacao, nous éprouvons toutes les peines pour évacuer notre production vers Niablé », a fait savoir Kouadio Mian, un planteur à Campe. Grah Aka, directeur de l’école primaire locale et porte-parole des populations, plaide pour le reprofilage de la route reliant Zouhounou, le plus gros village proche de Niablé et Campe, « car nous souffrons en saison pluvieuse, le pont est foutu ». Ce pont de fortune construit à un point d’eau critique n’a pas résisté à la zone marécageuse.
L’école naissante a besoin d’être soutenue
L’école a démarré à Campe en 2014 sous l’appellation d’école communautaire conduite durant quatre ans par un bénévole, Yao Kouadio Apollinaire. Les salles de classe étaient construites en matériau provisoire et les cours étaient dispensés sous les hévéas. Avec l’ouverture de l’inspection de l’enseignement préscolaire et primaire (IEPP) de Niablé en 2018, l’école de Campe a reçu un nouveau statut avec la nomination d’un nouveau directeur affecté par l’État de Côte d’Ivoire.
Les élèves de Campe lors de l''inauration de la première école du village
Avec l’inauguration, samedi 08 janvier 2022, de la toute première école du village de Campe, le problème de logement maître se pose. « Il faut des logements décents pour sédentariser les enseignants affectés, afin d’éviter les demandes de réaffectation ou de départ en cours d’année ou après seulement une année scolaire passée comme c’est le cas », a fait savoir Grah Aka, premier directeur de l’école de Campe. L’école de six classes dispose seulement de trois enseignants titulaires aidés de trois bénévoles. Avec un effectif de 191 élèves dont 88 filles et 103 garçons « Nous souhaitons la construction d’une cantine scolaire pour soulager les élèves », a plaidé M. Grah, faisant savoir que la majorité de ces élèves parcourent chaque matin sept kilomètres en provenance des campements éloignés
Le village s'agrandit sans infrastructures de base
village de Campe la rue séparant le Ghana (à gauche) et la Côte d'Ivoire (à droite)
« Campe commence à grandir, et nous avons besoin aussi de l’électricité pour sortir le village de l’obscurité d’autant plus qu’en face du côté ghanéen, il y a de l’électricité », a affirmé le porte-parole des populations. Une route de deux mètres de large sépare le village de Campe des villages ghanéens. Le long de cette voie, en territoire ghanéen, sont implantés des lampadaires alimentés par des panneaux solaires. « A la nuit tombée, le territoire ghanéen est illuminé par des lampadaires même dans les campements, et nous côté ivoirien sommes plongés dans le noir, il faut que quelque chose soit fait », plaide Adou Koffi, un fils du village.
Une vue de l'électrifiction des village ghanéen en bordure de la route séparant les deux pays
L’eau potable reste un des problèmes significatifs de Campe. Le village n’en dispose pas. Quelques forages appartenant à des particuliers n’arrivent pas à satisfaire la demande en cette denrée vitale surtout en cette saison sèche. « La réalisation des pompes hydrauliques villageoises est souhaitée pour sous soulager les populations»,a plaidé Grah Aka.
Un infirmier ghanéen au secours des populations
Un autre problème soulevé par les habitants de ce village et qui hante le quotidien des 800 âmes de Campe, c’est l'absence d'un centre de santé. « Quand nos enfants sont malades et nos mamans en difficulté, nous sommes obligés d’aller au Ghana pour nous faire soigner. C’est difficile », a fait savoir M. Grah. L’infirmier Ghanéen est installé juste de l’autre côté de la route, en territoire du Ghana.
nam/ask