Le monde dispose d'outils nécessaires pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie de COVID-19, mais de profondes inégalités compromettent cette chance de mettre fin à la maladie, a alerté jeudi 10 mars 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Nous sommes à la croisée des chemins car, si nous disposons des outils nécessaires pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie, de profondes inégalités compromettent cette chance », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, cité dans un communiqué de presse publié par ONU Info.
S’exprimant à l’ouverture d’une réunion-débat du Conseil des droits de l’homme à Genève sur « L’accès équitable aux vaccins », le chef de l’OMS a détaillé les profondes inégalités compromettant la répartition appropriée des sérums.
En effet, a-t-il expliqué, les pays où les taux de vaccination sont élevés rouvrent petit à petit, tandis que d’autres, où les taux de vaccination et de dépistage sont faibles, sont laissés pour compte. « Il en résulte plus de 60.000 décès par semaine, avec un risque accru d’émergence de nouveaux variants du coronavirus », a fait valoir Dr Tedros.
Ces profondes inégalités se sont notamment traduites dans le déploiement des vaccins. Si plus de de 10,7 milliards de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, « leur répartition raconte une histoire d’inégalité ». Près de 70% des vaccinations ont lieu dans des pays à revenu élevé, tandis que moins de 14% des personnes vivant dans des pays en développement ont reçu une seule dose.
Pour sa part, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a qualifié cette iniquité vaccinale d’injuste et immorale. D’autant que cet « échec est aussi profondément contre-productif, car les hospitalisations et les décès continuent de survenir principalement chez les personnes non vaccinées, tandis que les faibles taux de vaccination dans de nombreux pays créent des conditions idéales pour l’émergence de variantes plus contagieuses du coronavirus », a dit dans un message vidéo, la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.
Dans la même veine, Mme Bachelet a fustigé le nationalisme vaccinal qui prive les gens de leur droit inaliénable au développement, aggrave la pauvreté et creuse les inégalités.
« À moins que l’on puisse garantir un accès universel et équitable aux vaccins dans le monde, la thésaurisation des vaccins contre la COVID-19 n’est pas conforme aux obligations des États en matière de droits de l’homme », a averti la Haute-Commissaire. Elle a relevé qu’un retard dans la vaccination peut signifier une décennie perdue pour le développement et la perte d’une génération entière de jeunes gens à cause d’une mauvaise éducation et du chômage.
Pour éviter un tel scénario, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU préconise de soutenir les transferts de technologie et la dérogation temporaire aux droits de propriété intellectuelle dans le cadre de l’accord sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).
Plus de 448,3 millions de cas de COVID-19 ont été confirmés dans le monde dont 6.011.482 décès, selon un décompte établi par l’OMS, le mercredi 9 mars 2022.
(AIP)
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