Longtemps proche de Guillaume Soro, Kanigui s’est rapproché de la majorité présidentielle et conforte, par des actes, cette proximité. Fin février, son pompeux déplacement dans le canton du Kafigue en est une illustration, occasion pour lui de mobiliser ce fief en soutien à un autre pilier du parti au pouvoir, Amadou Coulibaly. Un acte qui, sans déplaire au ministre ivoirien de la communication, solidifie l’implication du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).
26 février. Une foule immense à Sirasso au nord de la Côte d’Ivoire. Rassemblant les militants de son nouveau mouvement politique, Soro Kanigui a fait part de sa gratitude à l’égard des populations qui l’ont toujours soutenu. Il n’a de cesse de remercier Alassane Ouattara, saluant la nomination de Amadou Coulibaly, présent, par le chef de l’Etat. Le fils du milieu a regretté la mort de l’autre baobab politique, Amadou Gon Coulibaly. L’ancien Premier ministre est mort alors qu’arrêté en décembre 2019, Soro Kanigui était encore en prison. A défaut de ce dauphin de Ouattara dont le décès a contraint le président ivoirien à faire un troisième mandat, c’est vers Amadou Coulibaly dit Am’s que se tourne Kanigui. La présence du ministre l’a d’ailleurs ému et il n’a de cesse d’en louer les qualités. Et quoi qu’il arrive, il devrait aux côtés de ce dernier et jouer d’importants rôles dans les prochains rendez-vous politiques de la Côte d’Ivoire.
Une perte pour le GPS
Député de Sirasso (Nord) à un peu plus de 600 Km d’Abidjan, Soro Kanigui a été, pendant longtemps, une tête de pont du GPS de Soro Guillaume qui se trouve mis à l’épreuve par son départ. Plutôt proche de l’ex rebelle, il a pris le risque, pour ce qu’il pensait être juste, de faire la prison pour son soutien qui l’a poussé à poser des actes interprétés par la justice comme une tentative d’atteinte à la sureté de l’état. Libéré à l’initiative de gestes de réconciliation posés par le chef de l’Etat ivoirien, Soro Kanigui n’a de cesse de se rapprocher de la majorité présidentielle. « On peut se tromper » dit-on dans son entourage, « mais persister est diabolique » insistent ses proches qui le soutiennent dans sa nouvelle orientation et dans la création du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (Raci) dont il est le principal leader. En appelant les populations de sa circonscription électorale à saluer la nomination d’Amadou Coulibaly au ministère de la communication et des médias, en charge de la francophonie, il se présente comme un « pneu secours » sur lequel le ministre peut compter pour les prochaines victoires. C’est aussi une valeur ajoutée pour la majorité présidentielle.
En renfort à la majorité
Même si la majorité présidentielle a raflé les dernières élections, à la fois les régionales, législatives et présidentielle, « trop de viandes ne gâtent pas la sauce » comme on le dit en Côte d’Ivoire. Et ce, d’autant qu’avec la nouvelle République, le président Alassane Ouattara peut faire un second mandat en 2025. Ces ralliements qui ont débuté depuis quelques années confortent l’assise du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix et constituent, venant du camp Soro, des victoires. L’ancien président de l’Assemblée nationale qui s’impatientait de remplacer Ouattara à la tête du pays est en exil depuis 2018 et multiplie des initiatives pour déstabiliser vainement le pays. Il est d’ailleurs condamné à 20 ans de prison. « Nous avons pu nous tromper » a confessé Soro Kanigui dont le départ du GPS a fragilisé ce mouvement qui soutient Soro Guillaume. Depuis, le tribun a fondé le Raci qui devrait continuer à se rapprocher du parti au pouvoir, sans doute pour les prochaines joutes électorales.
Am’s se frotte les mains
Le ministre ivoirien de la communication, l’un des piliers de la majorité dans la région ne peut que se frotter les mains de ce soutien. Ce d’autant que ce dernier est un assoiffé du terrain. Conseiller municipal dans la région de Korhogo et député de Korhogo sous-préfecture, l’ancien professeur de lettres est un leader proche de la base qui a toujours accordé de prix au terrain. Alors que tous les regards sont tournés, depuis le retour de Laurent Gbagbo au pays vers 2025 et la présidentielle, Am’s saura compter sur ce « rallié » pour porter le candidat de la majorité présidentielle. Ce geste est aussi un soutien de proximité qui contente les militants à la base. « J’avais vraiment besoin de cette cérémonie. Je reconnais avoir fait la rébellion à un moment donné. Nous sommes en famille, appelons les choses par leur nom. Aujourd’hui, je suis de retour dans ma famille politique, le RHDP. Je ne peux pas revenir dans mon parti sur la pointe des pieds », avait indiqué le président fondateur du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (Raci). Il a déjà promis « ne plus s’associer à aucune activité qui met à mal la sécurité de son pays », noble crédo en cette période de menace terroriste.
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