Le 03 mai de chaque année commémore la Journée mondiale de la liberté de la presse. A l’occasion de cette 29ème édition, qui s’est tenue au stade de la Haute fréquence de la RTI, les organisations de la presse et des professionnels des médias ivoiriens ont fait l’état des lieux de la presse en Côte d’Ivoire, marqué par la précarité, les interpellations et les violences contre les journalistes. Pour le président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI), Jean Claude Coulibaly « Du fait du changement des habitudes de lecture de nombre d’Ivoiriens, la situation tourne en effet au désastre dans le secteur de la presse imprimée. L’impression des journaux est en réduction constante et subséquemment, les chiffres de ventes eux-aussi sont en chute libre. La fragilité des entreprises de presse précarise inévitablement les journalistes qu’elles emploient ». Toutefois, s’est-il voulu optimiste. « Il ne faut cependant pas se résoudre à la fatalité et se laisser mourir tel un désespéré. L’ère de l’Internet doit être appréhendée comme une opportunité à saisir. Certes, comme le soutient à juste titre, Anatole France « Tous les changements, même les plus souhaités ont leur mélancolie. » A fortiori, ceux qui nous sont imposés par la marche du monde » a conseillé Jean Claude Coulibaly. Pour lui, il revient aux journalistes de « saisir l’opportunité de l’avènement de l’Internet et nous y adapter. Le métier d’informer lui ne changeant pas. Seules ont évolué l’habitude de consommation de l’information et surtout la vitesse à laquelle le consommateur entend désormais qu’il soit servi. Alors donnons de la vitesse à la circulation de l’information que nous donnons à lire ou à écouter. » Et d’indiquer en substance qu’il faut réinventer l’écriture journalistique pour l’adapter à la consommation rapide des internautes qui sont assaillis d’informations venant de tous horizons. En particulier des réseaux sociaux. Il ne s’agit certes pas de violer les règles de base de l’écriture journalistique, mais simplement de la mettre au goût du jour.
Eveline Deba, au nom des organisations de la presse et des professionnels des médias ivoiriens, est revenue sur la situation des journalistes notamment les interpellations et les violences à l’encontre des journalistes. « Au titre des interpellations et des violences exercées contre les journalistes, il y a encore du chemin à faire. Les agressions contre les journalistes de la part des forces de l’ordre, des mouvements de jeunes dans le milieu politique ou universitaire, en marge des manifestations, continuent. » Elle a aussi souligné que « la suppression de la peine privative de liberté est gravement remise en cause ». Et Eveline Deba d’insister sur le fait qu’« il faut absolument que des mesures vigoureuses soient prises pour sortir de l’impasse d’une précarité qui n’a que trop duré ». La présidente du Conseil national des droits de l’homme (CNDHCI), Namizata Sangaré, a rappelé à l’endroit de tous que « Les journalistes sont des partenaires importants pour la promotion et la défense des droits de l’Homme. Leurs actions contribuent à la réalisation des droits de l’Homme. Les droits de l’Homme, eux, renforcent les médias, les protègent à travers le respect de ses principes qui fondent la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ils se nourrissent de la force dynamique des médias et de ses acteurs, dans l’éducation des populations à la paix et à la citoyenneté, à la construction de la démocratie et de l’Etat de Droit ».
JEAN PRISCA