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Société Publié le mercredi 4 mai 2022 | AIP

Agboville la "future banlieue" d’Abidjan avec son nouveau visage routier (Reportage)

Agboville, Les voyages entre Abidjan et Agboville et vice-versa, se déroulent sans interruption de jour comme de nuit, 24 heures sur 24. Une nouvelle voie relie la capitale économique au chef-lieu de région de l’Agneby-Tiassa avec une fluidité dans le trafic. A partir du carrefour de Thomasset, la route a été refaite et arrive à Agboville par une voie triomphale de deux fois deux voies, qui débouche sur le rond-point central de la ville, dont les travaux d’aménagement sont en cours. « Le paysage d’Agboville est plus reluisant au niveau des infrastructures routières », lance le préfet de région, Sihindou Coulibaly.


Le trajet, dans un véhicule de transport en commun ou de particulier, dure en moyenne 30 à 45 minutes, après le péage de Thomasset, pour une distance d’environ 67 km. Après avoir traversé la ville d’Abidjan avec quelques embouteillages, les passagers peuvent se détendre pour le reste du trajet à parcourir. Il en est de même pour le conducteur qui affiche un air décontracté ou qui essaie de "bien s’asseoir". Rouler sur le nouveau bitume, avec des panneaux de signalisation installés tout le long de la voie, fascine les conducteurs, comme ils le disent en français ivoirien, "la route est propre" jusqu’à Agboville et dans des quartiers.


Agboville-Abidjan, un voyage en tout confort en un temps réduit


La route a été bien faite à l’appréciation des conducteurs, des usagers et des spécialistes. Avec l’ancienne voie, les véhicules de transport en commun mettaient pratiquement trois à quatre heures de temps pour arriver à Abidjan à cause des nids-de-poule. Selon des conducteurs, les voitures tombaient régulièrement en panne du fait de l’état de la route. Mais aujourd’hui, ce souvenir est emporté par le nouveau bitume.


« La route est très bonne. Actuellement, quand on charge à Agboville ici, entre 45 et 50 mn, on est déjà à N’Dotré (Abobo). Avec la nouvelle route, c’est le confort. Même à 22h ou 23h, tu quittes Abidjan, tu arrives à Agboville sans problème », affirme un conducteur d’un car de la compagnie Société Bonkoungou transport de l'Agneby (SBTA), Badollo Yaya.


Pour le préfet de région, Sihindou Coulibaly, cette rapidité pour rallier Agboville, rend la ville plus fréquentable et cela va encore s’améliorer lorsque la portion trois fois trois voies, qui part de la forêt du Banco jusqu’au péage de Thomasset, sera achevée.


« Depuis que cette nouvelle voie est pratiquement achevée, d’Abidjan à Agboville, on met en moyenne 30 mn. Lorsque la partie de Thomasset-Yopougon sera terminée en une voie expresse, le maximum ça sera de 45 mn », soutient le président du conseil régional, Pierre Dimba.


Axe Agboville-Abidjan, une voie réhabilitée pour durer plus de 30 ans


Le trafic a été énormément perturbé, avec des déviations par endroits, pendant les travaux parce que c’était une route sous circulation. Selon M. Dimba, par ailleurs ancien directeur général de l'Agence de gestion des routes (AGEROUTE), la première route qui existait et qui a duré près de 30 ans, a été déformée non seulement par les poids lourds souvent surchargés mais surtout par le sous-sol riche en vase. Il y avait également la nappe qui a fleuré avec des remontés capillaires qui font qu’en période de saison pluvieuse, l’eau se retrouvait pratiquement au niveau de la chaussée.


« Il fallait traiter en profondeur toutes ces questions et c’est ce que nous avons fait. D’abord, il a fallu décaisser cette partie vaseuse, remplacer les matériaux, mais quelques fois on a été obligé de substituer ces matériaux et mettre ce qu’on appelle des graviers mais ce sont des granulats avec des tailles bien définies pour que sur le passage répété des véhicules on n’ait plus de compression des couches. Ça été fait. Les couches ont été dimensionnées pour durer plus de 30 ans, avec plusieurs couches en plus des couches en dessous au niveau de la fondation avec des graveleux renforcés par endroit par du granulat. Nous avons fait successivement deux couches de granulat 0/31 avec des épaisseurs de plus 30 cm et nous avons terminé avec un revêtement de 8 cm de béton bitumé », explique M. Dimba.


Pierre Dimba souligne que cette route « solide » a été réalisée en prévision d’un trafic intense de par la proximité d’Agboville avec Abidjan, pour ne pas revenir dans cinq ans à 10 ans pour refaire des travaux d’entretien.


A ce jour, la partie interurbaine, c’est-à-dire entre Thomasset et Agboville est pratiquement achevée mais les travaux se poursuivent dans la ville. Ce sont des « montants énormes » qui ont été consentis. Dans chaque village traversé, des voies internes ont été aménagées.


Les sillons du développement d’Agboville tracés


« Je suis très heureux de voir l’évolution de ma ville », se réjouit Edé Paulin, membre d’honneur du conseil des jeunes de Côte d’Ivoire.


Pour le conseiller municipal, N’Cho Adé Louis, cette voie vient désenclaver la ville et le département d’Agboville. « C’est une grande joie d’accueillir ces voies. Ce qui est fait, a une grande valeur pour la ville d’Agboville », ajoute-t-il.


Au niveau économique, la route va booster toute la production vivrière, dont Agboville se présente comme un grenier, selon le préfet de région, Sihindou Coulibaly. Il a fait savoir qu’un marché de gros est en train d’être bâti à Céchi (sous-préfecture située à 52 km d’Agboville sur voie nouvellement bitumée) pour approvisionner Abidjan et Yamoussoukro (à près de 150 km d’Agboville).


« Pendant les travaux, le nombre d’emploi créé se chiffre à plus de 600.000 personnes parce que dans chaque village, nous avons utilisé les jeunes pour débroussailler, creuser, tenir les jalons… Il ne se passe pas un jour sans que des travailleurs ne viennent à Agboville pour chercher à bâtir dans cette ville », soutient M. Dimba, par ailleurs ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle.


Pour un professeur de mathématiques, Agohi Oka André, la nouvelle voirie va contribuer à l’essor du département et va développer le secteur de l’éducation. « Les enfants qui seront dans nos différentes contrées, dans les villages, pourront avoir accès à l’éducation de par la route et pourront rester même chez leurs parents pour ceux qui habitent aux alentours de la ville comme Grand-Morié, Erymakoudjé, parce que les véhicules pourront aller dans ces villages et en un temps record, ils pourront regagner leurs écoles », justifie M. Agohi.


Agboville, la future banlieue d’Abidjan


Ils sont de plus en plus nombreux les travailleurs du privé comme du public qui ont choisi de s’installer à Agboville et qui vont chaque matin au service à Abidjan.


« On a beaucoup de clients qui vont travailler à Abidjan. A partir de 4 h du matin, les premiers cars, les massa, sont déjà sortis. Souvent à 3h30, on t’appelle pour te dire qu’il y a des clients à la gare », fait savoir un conducteur de SBTA, Badollo Yaya.


Son collègue, Kouala Arouna, estime qu’Agboville sera « un quartier d’Abidjan » puisque le bitume a fait qu’on part d’Agboville à Abidjan comme « si tu quittais Adjamé pour aller à Cocody ». « Aujourd’hui, Agboville fait partie d’Abidjan, selon nous. Les gens dorment ici et ils travaillent à Abidjan », dit-il avec un sourire, en relevant que des difficultés pour se loger dans la ville commencent à se ressentir.


« On devient une banlieue d’Abidjan. Mais en même temps, je pense qu’il y a plusieurs opérateurs économiques qui viennent s’installer dans cette ville », renchérit le président du conseil régional, Pierre Dimba.


Plus de 10 km de bitume prévus pour la ville d’Agboville


La ville d’Agboville est en chantier. Des travaux de bitumage et de reprofilage ont été réalisés ou sont en cours. Les principales artères de la ville ont été rénovées. Par exemple, du rond-point à Moutcho, la route a été reprise à plusieurs endroits et plusieurs quartiers vont bénéficier d’un bitumage.


« En plus de cette voie principale, il y a plus 10 km de voirie qui ont été réalisés pour desservir plusieurs quartiers, en reprenant certaines voies bitumées qui étaient dégradées et en créant de nouvelles voies pour que la circulation et la mobilité soit au rendez-vous », a signifié l’ex-directeur général de l’AGEROUTE, Pierre Dimba.


Pour Edé Paulin, un natif de la ville, Agboville est en train de fuir la poussière et les voies presqu’impraticables sont en train de disparaître. Pour lui, Agboville est en train de vivre une nouvelle ère, tout en saluant au passage, l’installation des feux tricolores aux carrefours dangereux pour la régulation de la circulation.


Les populations reconnaissantes au gouvernement


M. Dimba a signifié que ces travaux réalisés par le gouvernement s’inscrivent dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations. Aussi, ajoute-t-il, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, veut montrer qu’il est disposé à faire en sorte que son gouvernement s’investisse pour que les Ivoiriens aient les retombées de la croissance et du développement du pays partout où ils se trouvent.


« Nous les femmes, nous sommes vraiment contentes parce qu’Agboville, auparavant, l’accès était difficile et aujourd’hui c’est tout à fait différent. Nous disons merci au président de la République, merci au ministre Dimba et les autres autorités de l’Agneby-Tiassa qui font mains et pieds pour pouvoir désenclaver la ville et la région. Partout ce sont des infrastructures qui se créent et la ville est mouvementée », a exprimé la présidente des femmes handicapées de la région, Tébili Virginie.


« Je voudrais remercier tous ceux qui ont pensé à renouveler cette voie, je sais que c’est le gouvernement. Je remercie tous les cadres d’Agboville qui ont participé. Tout Agboville vous dit merci », a insisté Kouala Arouna, conducteur à SBTA.


Au nom de la mairie, N’Cho Adé Louis a aussi dit merci au gouvernement pour « cette grande œuvre ».


Un appel au civisme routier et au respect des codes de la route


La nouvelle route « belle et confortable » parle avec des panneaux et des indications de vitesse. Le président du conseil régional de l’Agneby-Tiassa, Pierre Dimba, appelle les usagers au respect du code de la route et les populations à bannir tout comportement qui peut contribuer à la destruction du bitume.


« Je voudrais dire à tous les usagers d’observer les consignes que ce soient les panneaux d’indication et les campagnes de sensibilisation que mène l’OSER pour ne pas qu’il y ait d’accident. Je voudrais dire à nos jeunes qui quelques fois, dans des moments d’euphorie, peuvent jeter des pneus enflammés sur les voies, cela détruit énormément les routes. Je voudrais que dans notre région, nous qui avons tant souffert pour refaire cette route, qu’on évite ce genre de comportements », a recommandé M. Dimba.


(AIP)


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