Le ministre ivoirien de la Réconciliation et de la cohésion nationale, Kouadio Konan Bertin "KKB" a annoncé vendredi l'organisation de la journée nationale de la paix, prévue chaque 15 novembre, dans la région du Guémon (Ouest).
M. Kouadio Konan Bertin s'exprimait à l'occasion d'une rencontre avec les populations, les chefs coutumiers, les autorités politiques et administratives de la région du Guémon (Duékoué), se félicitant qu'ils soient "venus au rendez-vous de la paix, du pardon et de l'oubli".
L'année dernière, Yamoussoukro a accueilli la journée nationale de la paix. "Cette année, le 15 novembre, je vais proposer au président de la République qu'on vienne célébrer la fête de la paix ici dans le Guémon", a assuré le ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale.
Il a rappelé que chaque 15 novembre, le pays célèbre la journée nationale de la paix et c'est même leur fils Émile Constant Bombet, alors ministre de l'Intérieur qui a institué cette journée de la paix, et cela fait "la 25e année qu'elle a été célébrée".
"Cette fois, ce n'est pas la journée de la paix seulement, c'est la journée nationale de la paix, du pardon et du souvenir" qui sera célébrée, a-t-il fait savoir, disant être venu écouter les populations sur ce que l'Etat doit faire pour apaiser les coeurs de ceux qui vivent dans la région.
Dans cette optique, il a relevé que durant une semaine, ses équipes sont venues pour les écouter afin de préparer ces festivités. De plus, il a passé une semaine pour également recueillir leurs besoins relatifs à une paix définitive.
Rassurant avoir entendu et pris bonne de ce qu'ils ont sur le coeur, le ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale, a indiqué qu'il ira proposer au gouvernement des actions pour que la paix ait un ancrage fort dans le Guémon.
Après cette rencontre avec les peuples Wê dans le Guémon, il a souligné qu'il envisageait d'écouter ceux dans la région du Cavally. En outre, il se rendra en France parce qu'il y a des Wê qui y sont et qui l'ont invité le 4 juin pour les écouter en vue d'"une réconciliation définitive".
Ici dans la région, "je n'ai pas de position à donner, mais j'ai remarqué qu'il y a trop de manipulation ici à Duekoué, trop de manipulation, et le premier mal qui ronge le Guémon, c'est la manipulation et tout le monde fait de la manipulation: on va mettre fin à cela", a-t-il déclaré.
"Nous allons faire rejaillir la vérité ici à Duekoué, la vérité qui rassemble, la vérité qui unit, qui nous met ensemble", a-t-il poursuivi, faisant observer que c'est le respect mutuel qui envoie la cohésion, l'entente et la paix dans une région.
Il n'a mas manqué de mentionner que ce sont les hommes politiques qui sont pour la plupart à l'origine de leurs divisions. C'est pourquoi, aux chefs, il a sans ambages, martelé qu'"un vrai chef d'un village, c'est celui qui est capable de dire la vérité à tous ses enfants".
"Quand quelqu'un est dans le faux, il faut le lui dire", a-t-il conseillé, tout en invitant les cadres de la région à se réconcilier, car "on a fait l'expérience de la guerre, la guerre sème la désolation et la guerre n'apporte rien".
Le destin de la Côte d'Ivoire, c'est d'être une terre d'espérance, alors les Ivoiriens, lancera-t-il, doivent s'apprêter à emprunter le train de la paix, parce que "la guerre a fait des veuves, des orphelins et des handicapés, mais ce n'est pas une fatalité".
"Je suis confiant qu'on va s'en sortir (...). Dans ce qui est arrivé, il ne faut pas chercher à accuser quelqu'un parce que nous sommes tous fautifs", a soutenu le ministre ivoirien, disant avoir beaucoup d'émotions face à ces femmes aussi jeunes, veuves du fait de la guerre.
"Si nous voulons nous réconcilier et revivre encore ensemble, que chacun de nous oublie ce que nous avons vécu. Il faut donner l'occasion à chacun de dire ce qui est dans son ventre et apporter la réparation en reconnaissant les tors des uns et des autres", a-t-il estimé.
La guerre a fait rage dans l'Ouest ivoirien lors de la grave crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait selon les autorités plus de 3 000 morts dans le pays. M. Bertin Kouadio Konan a appelé les autochtones et les allogènes à ne jamais se détourner de la paix.
AP/ls/APA