Le lancement de la campagne de vaccination de masse contre la peste des petits ruminants (PPR), concernant la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau et le Sénégal a eu lieu, hier vendredi 10 juin 2022, à la salle des fêtes de la mairie d’Aboisso. Cette cérémonie présidée par Dr Aka Aouélé, président du Conseil économique social environnemental et culturel (CESEC), président de la région du Sud-Comoé, a vu la présence des ministres des pays cités ou leur représentant. Elle a été marquée par la remise de kits de vaccination et symboliquement la vaccination proprement dite sur place de certains petits ruminants. Mais avant, plusieurs allocutions ont été prononcées. Celle de Mme Kadja Emilienne, 3ème adjointe au maire d’Aboisso qui a souhaité la bienvenue à tous.
Son Excellence Anne Lugon Moulin, Ambassadeur de la Suisse, pays qui finance cette campagne de vaccination a indiqué que plus de 5 millions de ruminants seront vaccinés et 1 million de ménages sont ciblés dans cette campagne. Elle a salué l’engagement des 5 pays impliqués, qui du reste apporte un financement. « Je me réjouis de ce partenariat. La Suisse reste aux côtés de la Côte d’Ivoire où elle est très présente avec une dizaine d’entreprises » a-t-elle dit.
Représentant le Commissaire de la CEDEAO en charge de l’Agriculture, l’environnement et les ressources en eau, Alexis Traoré a situé l’enjeu de cette campagne de vaccination des petits ruminants. « Depuis 1942, avec l'apparition de la PPR et sa propagation rapide,des centaines de millions de petits ruminants sont en péril. La PPR a eu des effets dévastateurs sur le plan socio-économique, portant gravement atteinte aux moyens d'existence, à la sécurité alimentaire et à la nutrition de millions de petits agriculteurs et éleveurs nomades. Les estimations des pertes annuelles imputables à la PPR au plan mondial se situent entre 1,4 milliard et 2,1 milliards d'USD… Ces pertes génèrent de la pauvreté, de la malnutrition, une instabilité économique et sociale et des conflits (…) »
Pour Demba Savané, ministre de l’Agriculture de la Gambie, « il faut joindre nos efforts » contre cette peste qui a été diagnostiquée pour la première fois en Gambie en 1967. Il a réaffirmé l’engagement de son pays par rapport à ce projet.
Ministre de l’Elevage et des productions animales du Sénégal, Aly Saleh Diop, a indiqué que « L’importance de l’élevage des petits ruminants dans nos économies nationales n’est plus à démontrer. En effet, il joue un rôle socio-économique, culturel et religieux primordial à travers la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des revenus et la création d’emplois, notamment chez les femmes et les jeunes, mais est affecté par la peste des petits ruminants qui est endémique. » Au Sénégal, a-t-il dit, « la maladie fait l’objet d’une campagne nationale annuelle de vaccination de masse... »
Le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, a rendu hommage au président Aka Aouélé, avant de saluer la présence de ses homologues des pays frères. La peste des petits ruminants, a-t-il rappelé, a été découverte pour la première fois en Côte d’Ivoire en 1942. Fort de son impact négatif considérable, « La lutte pour son éradication se positionne donc comme une solution pour améliorer les conditions de vie des populations. » Cette vision entamée en 2015, a-t-il dit « a fait l’objet d’une attention particulière et constante jusqu’à la dernière résolution endossée à la 42ème Conférence de la FAO qui a ouvert la voie à la mise en place d’un « fonds fiduciaire spécial » pour l’éradication totale de la maladie à l’horizon 2030. » Sidi Tiémoko Touré s’est réjoui qu’ « au cours de la dernière session générale de l’Organisation mondiale de la santé animale en 2021, que de nouveaux pays aient été reconnus indemne de la PPR, portant à 59, le nombre de pays ayant ce statut. » Le ministre ivoirien s’est dit optimiste. « Je n’ai aucun doute que notre sous-région poursuivra avec efficacité la lutte contre le PPR, que nous souhaitons voir éradiquée à l’horizon 2030. »
Donnant ses impressions à la presse, le président Aka Aouélé, ancien ministre de la Santé, a indiqué ceci : « Penser à ce projet, c’est faire référence à cette épidémie qui n’est pas d’ailleurs totalement terminée qui est la COVID 19. Vous vous souvenez que le Gouvernement ivoirien, sous le leadership du président de la République, avait mis en place un plan de riposte pour la pandémie à COVID-19. Aujourd’hui, les résultats sont heureux, en sachant que ça s’est terminé par la vaccination. Ici aussi, s’agissant de la santé animale avec la peste des petits ruminants, on est arrivé au point de vacciner ces petits ruminants. Donc, on se rejoint parfaitement, on est toujours dans le domaine de la santé, santé humaine, santé animale. Il est donc heureux qu’ici aussi, on introduise la vaccination et que cela se fasse à Aboisso. Et ce que nous savons, il y a eu un cas déjà de peste dans cette région. Donc, il est bon qu’on commence par là pour éviter que le phénomène de contagion ne s’installe. Nous venons donc saluer le Gouvernement et à travers le Gouvernement, le ministre pour cette heureuse initiative et le fait qu’Aboisso soit considéré aujourd’hui comme la capitale de la CEDEAO, inscrit Aboisso dans son destin qui est une région de porte d’entrée, une région de grands commencements. »
DIARRASSOUBA SORY