Les Etats-Unis d’Amérique célèbrent cette année le 246e anniversaire de leur accession à l’indépendance. A cette occasion, l’Ambassadeur des Etats-Unis, SEM Richard Bell a organisé une réception le jeudi 30 juin 2022, à Abidjan. Ci-dessous, le discours de Richard Bell.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Honorables Députés et Vénérables Sénateurs,
Excellences et chers collègues les ambassadeurs, chefs de missions diplomatiques
et représentants d’organisations internationales,
Distingués Invités, Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Bonsoir, et bienvenue à la Résidence des Etats-Unis! Merci d’être avec nous pour célébrer le 246e anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis. To my fellow Americans, welcome to America’s house, and Happy Independence Day!
Cette année, c’est aussi le 60e anniversaire de la visite historique du Président Houphouët-Boigny à Washington. Les reportages de l’époque montrent clairement l’engouement populaire américain en faveur de la décolonisation.
Je me réjouis de constater qu’aujourd’hui, sur la base du respect de la souveraineté nationale, les relations entre la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis sont excellentes. Je ne dirai pas qu’elles sont “au beau fixe” puisqu’elles ne sont pas fixes, justement: elles bougent, elles se renforcent encore davantage. De plus en plus, la Côte d’Ivoire se fait remarquer sur la scène internationale, confortant sa position stratégique de moteur économique de l’Afrique occidentale francophone et de pôle de stabilité dans une région qui en a bien besoin.
Dernièrement, Abidjan a abrité, entre autres grands événements d’envergure internationale, l’Africa CEO Forum, à laquelle plusieurs entreprises américaines prestigieuses ont participé, ainsi qu’une forte délégation gouvernementale venue de Washington.
Le gouvernement américain partage la conviction du Président de la République SEM Alassane Ouattara que c’est le secteur privé qui doit être le moteur de la croissance économique, l’Etat jouant un rôle clé de facilitateur. En effet, il s’agit de créer le climat des affaires le plus propice possible, afin d’attirer les investisseurs potentiels, ca n’oublions jamais qu’ils ont le choix. A cet égard, lors de l’importante visite de SEM le Premier Ministre Patrick Achi à Washington en mars, la Chambre de Commerce des Etats-Unis a lancé officiellement la publication d’un guide économique de la Côte d’Ivoire destiné aux gens d’affaires et aux investisseurs. Et la chambre de commerce AMCHAM est toujours là pour aider.
Je saisis l’occasion de féliciter l’ensemble de la classe politique ivoirienne pour le climat apaisé qui règne actuellement, avec la participation active et constructive de l’opposition aux travaux du parlement. J’y vois une sage reconnaissance que c’est maintenant la période idéale pour planter des racines de la démocratie, en démontrant de part et d’autre qu’en dépit des rivalités, l’on peut se faire confiance réciproquement dans l’intérêt supérieur de la nation. La stabilité qui en découle donne les plus fortes chances d’attirer les investissements si nécessaires à la croissance.
Cette stabilité permet un changement historique: à partir de demain, 1e juillet, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés cesse d’accorder a priori le statut de réfugié aux Ivoiriens. Une fois de plus, la Côte d’Ivoire a fait quelque chose d’assez rare: tout comme c’était le cas de la mission de maintien de la paix ONUCI, la Côte d’Ivoire a si bien rebondi d’une situation de crise qu’un vaste programme humanitaire international n’a plus de raison d’être. Ca s’applaudit,ça!
Je félicite la Côte d’Ivoire pour sa gestion de la pandémie au COVID-19, ainsi que pour ses progrès significatifs en matière de santé publique, que le gouvernement américain appuie fortement depuis longtemps. D’après la récente enquête démographique et sanitaire, la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans a diminué de 31% au cours de la dernière décennie. Bravo! Ca aussi, ça s’applaudit.
Les acquis que je viens de citer à titre non-exhaustif et la dynamique positive si encourageante, méritent d’être sauvegardés et renforcés. Hélas, le pays, la région, et le monde entier vivent une période de défis multiples.
L’extrémisme violent qui sévit au Sahel menace les pays du littoral ouest-africain. Les Etats-Unis partagent la conviction des autorités ivoiriennes que la solution, c’est de renforcer les liens entre l’Etat et la population, et que le meilleur moyen d’y arriver, c’est de renforcer la démocratisation, le respect des libertés, la liberté de la presse, notamment. J’applaudis de tout coeur cette vision: un état qui ne craint pas d’être critiqué, mais qui au contraire veut entendre quels sont les problèmes à corriger, c’est un état qui exprime une confiance saine en sa propre robustesse, et une bonne foi rassurante. Par contre, un état qui réprime la dissidence proclame qu’il se sent fragile, et qu’il préfère cacher les problèmes plutôt que de les résoudre.
Au niveau mondial: comme si la pandémie n’avait pas suffisamment heurté l’économie, la guerre unilatérale et illégale de la Russie contre l’Ukraine entraîne des pénuries et attise l’inflation, imposant un lourd fardeau à tous les budgets.
Cette agression injustifiable est d’un autre siècle: en effet, c’est comme cela que les grandes puissances avaient l’habitude d’agir depuis des milliers d’années, s’enrichissant par la conquête et le pillage.
Or, le monde a changé pour le mieux: depuis la Révolution Industrielle il y a deux siècles, la création de richesse est devenue incomparablement plus importante que la redistribution par conquête et pillage. La création de richesse passe par l’investissement basé sur les connaissances et les technologies du monde moderne. Cela, les pays membres de l’OTAN et bien d’autres l’ont compris.
Cela explique la raison d’être de l’OTAN: dissuader les tendances agressives de la Russie, pays héritier officiel de l’Union Soviétique. L’OTAN ne menace même pas de faire la guerre à la Russie. Personne ne veut faire la guerre contre la Russie. Si quelqu’un avait des doutes avant, le doute n’est plus permis.
C’est surtout depuis les années 1940 que le monde a vraiment changé pour le mieux, avec la création des Nations Unies, suivie de la décolonisation, ce qui fait qu’aujourd’hui, les membres des Nations Unies ne sont pas quelques empires avec beaucoup de colonies, mais presque la planète entière sous forme d’états souverains aux frontières généralement reconnues, tous en principe égaux. Et les guerres de conquête sont désormais illégales.
Cette époque où nous vivons, la plus multilatérale de toute l’histoire du monde, est aussi la moins violente de toute l’histoire. Il y a encore trop de violence, mais extraordinairement moins qu’à toute autre époque, malgré le fait que les armes modernes sont plus puissantes que jamais auparavant.
Le multilatéralisme est fait pour restreindre les puissants au profit des faibles. Il est donc frappant que ce multilatéralisme sans précédent est dû en grande partie à la vision de la plus grande puissance mondiale à l’époque – les Etats-Uni d’Amérique. Ce n’est pas un hasard que l’ONU a été fondée à San Francisco et que le siège des Nations Unies se trouve à New York.
La vision multilatéraliste, respectueuse de la souveraineté des états - même les plus petits et faibles - favorise la paix et la stabilité. Elle favorise donc la prospérité. Et les résultats sont là: quand je suis né, la moitié des êtres humains vivaient encore dans la pauvreté absolue. (Quelques générations plus tôt, c’était 90%.) Aujourd’hui, c’est 10%...en même temps que la population humaine s’est multipliée de façon jamais vue.
C’est dire, Excellences, Mesdames, Messieurs, que l’ordre mondial actuel basé sur des règles équitables, constitue un ensemble d’acquis précieux. Il ne faut pas permettre que cet ordre – encore imparfait, certes, mais bien supérieur à tout ce qui est venu avant – il ne faut pas permettre qu’il soit miné. Voilà pourquoi il est impératif que le monde entier fasse comprendre à la Russie de Poutine que son comportement illégal doit cesser. Et là, je tiens à saluer la lucidité et le courage politique de la Côte d’Ivoire qui a voté pour le droit international 3 fois sur 3 aux Nations Unies.
Avant de terminer, je tiens à remercier nos sponsors qui ont contribué à cette fête et dont les noms sont mentionnés à l’entrée. Je félicite tous les membres de l’Ambassade qui ont participé à l’organisation de ce grand événement, tout comme je remercie l’ensemble de mes collaborateurs pour l’excellent travail abattu tout au long de l’année écoulée.
Mon dernier mot, Excellences, Mesdames, Messieurs, c’est “Merci!” Merci à tous
– toutes nationalités confondues
– pour l’amitié et le partenariat fructueux qui font que c’est un privilège et une joie que de vivre et travailler parmi vous. En ce qui me concerne: personne ne sait combien de temps il me reste dans ce beau pays, mais je puis vous affirmer ceci: le jour viendra où je quitterai la Côte d’Ivoire, mais la Côte d’Ivoire ne me quittera jamais, et je m’en réjouis. Vive l’amitié entre la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis!