Le parti politique de Mme Akissi Danièle Boni-Claverie prend position sur l’introduction de la loi sur la polygamie à l’Assemblée nationale. Au cours d’une conférence de presse animée, hier, à son domicile à la Riviera Golf 4, l’Union républicaine pour la démocratie (URD) rejette la loi sous toutes ses formes. « Je vais certainement vous surprendre mais j’estime salutaire cette proposition car elle va nous permettre d’ouvrir un débat utile, salutaire sur un sujet resté trop longtemps tabou » a-t-elle relevé, d’entrée. La fondatrice de l’URD soutient que le système polygamique est dépassé, « les schémas ont changé et ce qui était vrai avant ne l’est plus.
Cette pratique, à mon sens, qu’on reproduit par mimétisme parce que l’inconscient collectif veut assimiler cette pratique à la richesse, le prestige et la virilité ne correspond plus à la réalité » L’ex ministre estime que légaliser la polygamie, c’est être en porte-à-faux avec la loi que la Côte d’Ivoire a prescrite concernant l’égalité homme-femme. « L’instauration de ce système nous mettrait en contradiction avec le combat féministe qui se déploie de par le monde au nom des principes de l’égalité des sexes, de l’égalité en droit et de la parité entre hommes et femmes. Nous accepterions, en totale incohérence avec nous-même, de rentrer dans un système qui infantilise la femme, ne lui permet pas d’exprimer son choix et lui fait courir le risque d’être considérée à un certain moment de sa vie comme une marchandise qu’on remplace par de “nouveau’’ » a poursuivi la présidente de l’URD. Danièle Boni-Claverie soutient mordicus que « le mariage polygamique constitue une discrimination à l’égard des femmes. Celle-ci est soumise à l’autorité implacable du mari et la solidarité entre coépouses relève du mythe. Ce sont plutôt des rivalités, parfois féroces entre elles pour obtenir le statut de la préférée ». Si elle reconnaît que la polygamie existe sur le plan religieux et traditionnel, l’ancienne journaliste de la RTI rappelle, à toutes fins utiles, que « le code civil ne l’admet pas et le Code pénal l’interdit. Nous voulons que les choses restent en l’état. » Boni-Claverie propose un traitement en profondeur de la question de la polygamie et demande qu’il ne faut surtout en faire « un cache-nez au libertinage et aux relations extra conjugales. Sachons raison garder. Débattons avec respect de ce sujet, prenons en compte tous les points de vue, notamment ceux des femmes qui, dans leur grande majorité, refusent ce système aliénant pour elles-mêmes et leurs enfants ».
La présidente de l’URD avait, à ses côtés, Mme Yaï Constance, ex ministre de la Solidarité et de la promotion de la femme et ancienne présidente de l'Association ivoirienne pour la défense des droits de la femme (AIDF) qui a promis que des enquêtes seront menées pour connaître la situation matrimoniale de ceux qui tiennent forcement à légaliser la polygamie. « Nous allons fouiller pour trouver les raisons pour lesquelles les gens veulent partir de leurs cas spécifiques pour proposer des lois à un pays qui, en pleine période de crise ukrainienne, où on a des urgences, on veut nous ramener près de 60 ans en arrière » a-t-elle dit. Rokiatou Hampâté Bâ, présidente de Fondation Hampâté Bâ, fille de l’écrivain Hampâté Bâ, était présente.
JB KOUADIO