Abidjan (Côte d'Ivoire)- Le gouvernement ivoirien a signé, lundi, avec huit centrales et faîtières des organisations syndicales du secteur public, une deuxième trêve sociale couvrant la période 2022-2027, représentant un coût financier de plus de 1100 milliards de Fcfa sur les cinq prochaines années.
Mme Anne Désirée Ouloto, le ministre de la Fonction publique, représentant le gouvernement, a signé le protocole d'accord avec huit faitières syndicales, notamment l'Ugtci, Fesaci, Cisl-Dignite, Unatrci , Humanisme, la Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public de Côte d’Ivoire, l’Intersyndicale des Fonctionnaires de Côte d’Ivoire et la Coordination des syndicats de la fonction publique.
Elle s'est félicitée de cette trêve sociale qui intervient à la suite d'un processus de négociations. Les résultats émanent d'échanges entre le Comité interministériel et les centrales syndicales, les faitières et syndicats de base des ministères techniques, qui ont permis de trouver des consensus sur les 345 nouvelles revendications.
Ce protocole d'accord "est très bon, parce qu'il nous permet d'obtenir au niveau financier, pour l'ensemble des fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire une enveloppe de plus de 1100 milliards Fcfa pour les cinq années à venir", a déclaré M. Mamadou Soro, le secrétaire général de la Centrale Humanisme.
Pour la trêve sociale de 2017-2022, "nous avons eu un effort financier de 357,387 milliards Fcfa. Donc, nous souhaitons dire merci au président de la République pour cette générosité, pour le ruissellement de la croissance sur l'ensemble des fonctionnaires; en même temps, pour les mesures annoncées, nous sommes en accord parfait et nous allons travailler pour qu'il y ait un climat social apaisé".
De son côté, M. Zadi Gnagnan, secrétaire général de la Plateforme, estime que cette trêve sociale est le fruit d'un "dialogue productif" qui a abouti à des résultats, disant "merci au président de la République qui vient ici d'hisser les syndicats ivoiriens au panthéon du syndicalisme".
Il a relevé que "l'extension de l'indemnité de logement à tous les fonctionnaires est la réparation d'une grande injustice, à tous ces camarades, et toutes les autres revalorisations sont à saluer; et ce qui nous enchante le plus, c'est l'instauration d'un nouveau droit, la prime exceptionnelle, prime ADO qui n'est rien d'autre que le 13e mois que nous avons demandé qui finira par devenir ce 13e mois en plein pot".
"La lutte continue et nous ne faisons que commencer ce combat pour que dans les années à venir, cette prime soit revalorisée au fur et à mesure et qu'elle atteigne véritablement un 13e mois plein et entier. Ayant fait la campagne pour cette prime, vous ne pouvez pas comprendre la joie qui nous anime", a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, a salué cette "démarche inédite (qui) fait de la Côte d’Ivoire un modèle en matière de dialogue social" et qui "traduit surtout la ferme volonté du Président de la République, M. Alassane Ouattara de poursuivre dans la stabilité, la construction" du pays. Le chef de l'Etat a annoncé, à la veille de la fête de l'indépendance, une série de mesures de revalorisation du salaire des fonctionnaires.
M. Patrick Achi a fait observer que cette nouvelle trêve sociale 2022-2027, représente environ 227 milliards FCFA par an. En outre, ces importants efforts du gouvernement représentent une moyenne globale de 15% d’augmentation, un niveau parmi les plus élevés dans la sous-région, comme dans le monde.
D’ailleurs, soulignera-t-il, pour certaines catégories ces augmentations vont bien au-delà des 20% pour les niveaux de salaire les plus modestes, sans compter la Prime ADO (prime exceptionnelle) payée en janvier à tous les fonctionnaires et agents de l’État.
Sur instruction du président de la République, "nous nous sommes rapprochés du secteur privé, qui est déjà dans un processus de réflexion en vue de la revalorisation du SMIG, dont les conclusions devraient aboutir d’ici à la fin de l’année", a mentionné M. Patrick Achi, qui a révélé que le secteur privé avait déjà enclenché le processus qui devra être porté à maturité.
Le chef du gouvernement ivoirien a précisé que la revalorisation de l’indemnité mensuelle de transport restée inchangée depuis 2008, passe de 7 000 FCFA à 20 000 FCFA, pour les fonctionnaires et agents de l’État qui résident dans le district d’Abidjan ;de 7 000 FCFA à 15 000 FCFA pour ceux qui résident à Bouaké.
Par contre, la prime de transport passe de 5 000 FCFA à 15 000 FCFA pour les fonctionnaires et agents de l’État qui résident dans les autres chefs-lieux de région de 5 000 FCFA à 10 000 FCFA pour les fonctionnaires et agents de l’État qui résident dans les autres villes. Et ce, tenant compte des tarifs de transport dans ces zones.
La prime spéciale annuelle dite "Prime Ado", payable chaque début du mois de janvier, à tous les fonctionnaires et agents de l’Etat et représente le tiers du salaire mensuel indiciaire de base du mois de décembre précédent, a-t-il fait savoir, dans une allocution, à la Primature.
Durant ces cinq ans, l'Etat et les faitières syndicales examineront la question d'un nouveau statut général de la Fonction publique au plus tard le 30 juin 2023; la question d'une nouvelle grille salariale, plus équilibrée, le relèvement de l'indice référentiel de base et la finalisation de la mise en oeuvre de la réforme du système d'imposition des salaires consacrant la suppression de la contribution nationale.
AP/ls/APA