Son discours du 15 août a suscité une grande polémique. Dans cette interview de Radio Côte d’Ivoire, Dénis Kah Zion, maire PDCI-RDA, revient sur son intervention et en explique les motivations.
La polémique a alimenté la toile, ces derniers jours, Dénis Kah Zion a-t-il rejoint le RHDP ou non ?
Tout comme vous, j’ai été surpris de constater qu’en citant mon simple nom tout simplement dans une affaire politique que cela ferait vraiment du buzz. Pendant trois (03) jours, j’ai suivi depuis Toulepleu les commentaires et critiques acerbes sur la toile. Il ne s’agit pas pour moi de rejoindre le RHDP parce que je suis militant du PDCI-RDA. Je suis au Secrétariat général du PDCI-RDA aujourd’hui, Secrétariat exécutif depuis 20 ans. Je suis l’un des collaborateurs du président Bédié, j’anime le journal proche du PDCI-RDA qui est le journal principal de l’opposition "Le Nouveau Réveil". Je suis maire PDCI-RDA de Toulepleu, le seul maire de l’opposition dans l’Ouest montagneux. Je pense que tout cela suffit pour dire que je suis bien à ma place, je me sens bien au PDCI-RDA. Et je n’ai pas compris pourquoi, de manière tendancieuse, on a voulu me prêter une intention qui n’est vraiment pas la mienne.
Le 15 août dernier à Toulepleu, vous avez salué les actions du président de la République ; est-ce que vous pensez que ce jour-là, votre discours a été mal compris ou alors ce sont vos détracteurs qui font tous ces bruits?
Je voulais dire que pour tous ceux qui étaient présents, les chefs coutumiers, les jeunes, les femmes et même les invités venus des autres régions qui étaient venus à la cérémonie, tous ont salué mon discours. Mon discours, qui était rassembleur, saluait le développement amorcé dans ma région. Et dire merci au chef de l’Etat pour ce qu’il a fait, dire merci au chef de l’Etat pour ce qu’il fera encore, ne devrait donc pas faire de moi, militant ou futur militant du RHDP. Nous avons salué les actions du président de la République parce que Toulepleu a été le département que le président de la République a eu à visiter en 2012 dans le cadre de ses visites d’Etat. Visite au cours de laquelle des promesses ont été faites. Certaines promesses ont été réalisées. La route, le bitumage, les travaux ont commencé même s’il y a eu une interruption depuis quelques années. En matière d’hydraulique, nous avons aussi l’usine de traitement d’eau sur le Cavally à Sahibly même si tous les villages ne sont pas desservis en eau potable. Nous avons aussi des centres de santé qui ont été construits ; nous avons également des écoles qui ont été construites bref, beaucoup a été fait après 2012. Toutefois, cela était d’ailleurs sous ma plume, le 06 décembre 2021, j’ai dû adresser une lettre ouverte dans la presse au chef de l’Etat pour dire que les travaux qu’il a si bien commencés ne sont pas encore achevés malheureusement. Quand j’ai écrit, le président lui-même m’a joint au téléphone, le même jour, pour me dire qu’il n’était pas informé d’un certain nombre de choses mais qu’il allait prendre tous les dossiers en main. Quand vous avez eu l’audace d’écrire une telle lettre et que le président de la République réagit lui-même et que quelques mois après, les travaux reprennent au niveau du bitumage Bloléquin-Toulepleu et que l’électrification des villages se passe très bien, je pense qu’il ne faut pas être aussi impoli, ingrat, hypocrite et si méchant et ne pas reconnaître ce qui a été fait. En toute chose, chez nous à l’Ouest, quand quelqu’un t’a fait du bien, il faut lui dire merci, il faut le féliciter et l’encourager à faire le reste. C’est ce que nous avons fait. Nous avons donc remercié le chef de l’Etat à travers son représentant, le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, représentant le parrain de la cérémonie empêché, le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara. Nous avons dit merci au chef de l’Etat mais nous avons profité pour poser les autres problèmes pendants encore aujourd’hui à Toulepleu que tout le monde connaît. Il s’agit de cette route que nous voulons voir achevée, l’eau que nous voulons voir dans tous les villages, des Centres de santé que nous voulons voir plus rapprochés des populations. C’est pour tout ceci que nous avons accepté d’aller à cette cérémonie qui est une cérémonie républicaine, citoyenne.
En le faisant surplace à Toulepleu, en saluant les mérites du président de la République ; est-ce que cela est la preuve que vous reconnaissez que le président Alassane Ouattara est un grand bâtisseur ?
Oui, je parle du chef de l’Etat qui, aujourd’hui, a les rênes du pouvoir en main, qui fait le travail qu’il faut, qui construit des ponts, des routes. Nous reconnaissons que le chef de l’Etat travaille bien mais en même temps nous qui sommes de Toulepleu, nous disons que nous ne sommes pas satisfaits. Parce qu’aller aujourd’hui à Toulepleu, c’est pénible. Entre Guiglo et Bloléquin, vous ne pouvez pas circuler. Entre Toulepleu et Bloléquin, le petit tronçon Sahibly-Toulepleu vous ne pouvez pas circuler. Après Toulepleu, de Toulepleu jusqu’à Pékan barrage-frontière du Liberia, les 15 kilomètres, vous ne pouvez pas circuler. Nous disons que nous faisons partie de la Côte d’Ivoire, nous sommes en Côte d’Ivoire et nous voulons bénéficier de l’expertise du président qui bâtit, qui fait les routes, qui fait les ponts. A Toulepleu aussi, nous voulons en avoir et donc c’est notre manière à nous d’être présent à cette cérémonie et en même temps de dire au président que le travail est fait en Côte d’Ivoire mais Toulepleu reste dans l’attente pour être satisfait parce que ce que nous voyons, c’est bien, mais nous voulons que les travaux arrivent à terme afin que nous aussi, nous soyons heureux de savoir que nous sommes dans une République où tout le monde peut bénéficier des bienfaits du président de la République.
Est-ce que vous avez le sentiment d’être entendu ; est-ce que vous pensez que ce qui reste à faire à Toulepleu sera fait ?
Au moment où je vous parle, les travaux sont en train de redémarrer. Nous avons la société Soroubat qui a remplacé la SBI. Les travaux ont commencé, nous sommes en train de leur trouver un site d’installation. Au niveau de l’électrification, on a la source d’énergie avec l’installation de Côte d’Ivoire Energies. Des travaux sont en train d’être faits dans les villages. Je ne suis pas en train d’applaudir le président d’un parti politique. Je suis allé à la cérémonie-là pour dire merci au chef de l’Etat qui a compris le message des populations de Toulepleu. Et nous souhaitons tout simplement que tout ce qu’il a encore repris, que tous ces travaux s’achèveront le plus rapidement possible. Quand les travaux seront achevés, nous aurons l’occasion encore de lui dire merci. Dire merci à quelqu’un qui vous fait du bien, je ne vois pas où est le mal. Dire merci à quelqu’un qui vous fait du bien, cela ne veut pas dire que vous tapez à la porte de son parti politique. Je suis PDCI-RDA, je suis un opposant, mais pas opposé à l’Etat de Côte d’Ivoire. Et dites-moi, les présidents Bédié et Gbagbo sont-ils devenus RHDP parce qu’ils ont rencontré le chef de l’Etat le 14 juillet dernier au Palais présidentiel ? Les députés de l’opposition, pour avoir, au nom de l’opposition, voté tous pour Bictogo (RHDP) à l’Assemblée nationale sont-ils devenus des députés RHDP ?
On sait que vous échangez régulièrement avec le président Henri Konan Bédié, d’ailleurs vous serez reçu dans les prochaines heures par le président Henri Konan Bédié ; est-ce pour revenir à cette polémique ou alors vous passez à d’autres sujets ?
Je vais juste saluer mon père. Je suis revenu de Toulepleu il y a quelques jours, j’échange régulièrement avec lui et tout ce que je fais le président Bédié n’est d’ailleurs pas étranger. Même quand il y a une petite activité à Toulepleu avec les militants, tout ce que je fais à la mairie, il est au courant et avec lui, le secrétaire exécutif en chef du PDCI-RDA, le professeur Maurice Kakou Guikahué qui est en vacances à l’extérieur mais qui suit mes activités. Je vais donc juste saluer le président pour des problèmes de décès mais aussi, lui rendre compte de tout ce qui s’est passé à Toulepleu. C’est une visite régulière. Ce n’est pas parce qu’il y a péril en la demeure. J’ai toujours pris ses conseils et moi aussi, en tant que journaliste, en tant qu’homme de média, j’échange aussi avec le président. Et puis, nous sommes à la veille d’un Bureau politique aussi important que celui du 15 septembre je vais donc échanger avec le président de mon parti pour comprendre et pour orienter la ligne de mon journal, " Le Nouveau Réveil".
Et donc la polémique de Toulepleu ne sera pas abordée ?
C’est même une polémique qui, pour moi, n’en valait pas la peine. Ceux qui ont voulu soulever et entretenir cette polémique en ont aujourd’hui pour leur compte. La mayonnaise n’a pas pris. Elle n’a pas du tout pris. Je n’ai pas de bagage à faire pour aller ailleurs. Mon bagage est attaché, depuis 30 ans, autour du président Bédié que je sers avec loyauté, avec fidélité. Je l’ai dit, j’ai eu des propositions par le passé sous le général Guéi, le président Gbagbo, je l’ai dit dans la presse. Ce sont des choses que les Ivoiriens savent. Si je n’ai pas bougé, ce n’est pas maintenant surtout après être sorti des responsabilités qu’on avait confiées en tant que président du Conseil d’administration de la Poste, je ne sais pas pourquoi, je chercherais aujourd’hui à faire un pied de grue quelque part. J’ai accepté, j’ai assumé et j’assume ma position d’opposant, de propriétaire du premier journal d’opposition et chaque fois et chaque fois que le président Bédié fait un pas, c’est ce pas que je fais. Si le président Bédié s’arrête, nous nous arrêtons. S’il avance, nous nous avançons. Je fais partie de ses "lieutenants" ceux sur qui il compte et je pense que je fais mon travail normalement en ce qui concerne "Le Nouveau Réveil", en ce qui concerne l’animation du PDCI-RDA à Toulepleu où je suis délégué départemental et maire PDCI et membre du Secrétariat exécutif. Je pense que le président Bédié constitue quelque chose de plus fort pour moi, un vrai père pour moi, que ce que les nouveaux militants du PDCI-RDA racontent. Ils ne me connaissent pas. Le PDCI-RDA est là parce que Kah Zion et son journal "Le Nouveau Réveil" étaient là. A défaut de nous dire merci, ils n’ont pas intérêt à leur jeter la pierre.
Dénis Kah Zion hier, PCA de la Poste de Côte d’Ivoire ; vous ne l’êtes plus depuis 2019, seriez favorable à un poste que l’on voudrait bien vous nommer ?
Qui n’a pas d’ambition, qui n’aspire pas à une situation de prospérité mais tout ceci doit se faire dans le cadre des discussions entre les partis politiques. Si mon parti arrivait à s’accorder avec l’exécutif, si mon parti arrivait au pouvoir un jour, pourquoi si on me nommait à un poste de responsabilité, je refuserais. Je ne refuserais pas mais dans le cadre d’un arrangement politique personnel avec quelqu’un.
Dénis Kah Zion maire de Toulepleu, quel est votre avenir politique ?
Je suis à mon 2ème mandat, un 3ème mandat pour moi à Toulepleu, je ne cracherai pas dessus. Je suis déjà en précampagne. Mais au-delà de ça, je n’ai pas d’autres ambitions que ce que mon parti ou le président du parti me demanderait de faire. Je pense que tous ceux qui suscitent une polémique inutile autour de ma personnalité c’est cela qu’ils doivent comprendre. Je fais partie de ceux qui respectent la discipline du parti. Si demain le président Bédié me demandait de m’écarter pour que quelqu’un d’autre prenne la place en tant que candidat du PDCI à la Mairie de Toulepleu, je suivrai le choix de mon parti. Si le président Bédié dit que c’est toi Kah Zion notre choix à la Mairie de Toulepleu ou même à un autre poste électif dans le Cavally, je ne cracherais pas dessus. Le président Bédié me connaît, il sait ce dont je suis capable. Pour l’instant, je suis maire de Toulepleu, je fais mon travail et je pense que mon bilan à lui-même parle et mes parents, tous ceux qui visitent Toulepleu, aujourd’hui savent que notre commune a changé de visage. Je continue de travailler et je pense que ce sont les électeurs qui diront le jour "J" monsieur, vous avez bien travaillé ou vous n’avez pas bien travaillé. Mais je pense que pour l’instant, je suis en entente avec les parents. C’est cette solidarité qui gêne, d’ailleurs beaucoup de personnes. Mais je ne suis pas là pour gêner tout le monde, je veux bien au contraire travailler avec tout le monde, je tends la main à tout le monde, à tous les partis politiques. C’est pour cela, dans mon message, j’ai dit que tout ce que nous faisons, c’est le développement. Le parking du développement doit nous unir mais après cela, les parkings politiques doivent être partagés. Chacun dans son camp politique, le jour des élections chacun dira ce qu’il est capable de faire. Parkings de développement, nous sommes ensemble. Parkings politiques, chacun dans son camp. Si cela est bien compris, je pense que la polémique suscitée et entretenue sur les réseaux sociaux n’en vaut plus la peine.
Interview retranscrite pas DJE KM