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Société Publié le samedi 24 décembre 2022 | Abidjan.net

Côte d’Ivoire : Krindjabo accueille les petits déjeuners du genre

© Abidjan.net Par DR
Côte d’Ivoire : Krindjabo accueille les petits déjeuners du genre
«Le place et le pouvoir de la femme dans le royaume Sanwi ». Pour débattre de ce thème à l’ordre du jour de son troisième petit déjeuner du genre (PDG) de l’année, le Réseau des femmes journalistes (ReFJPCI) a pris ses quartiers à Krindjabo, siège du royaume Sanwi, le vendredi 16 décembre 2022.

Les petits déjeuners du genre (PDG), activité phare du ReFJPCI, était à sa troisième édition de l’année, après ceux d’Abidjan, au Musée des civilisations (26 août 2022) et de Divo (18 novembre 2022). Organisé, comme de coutume, en partenariat avec la Deutsche Welle Akademie et le soutien financier de la coopération allemande, le PDG a permis de revisiter certaines traditions et de former des animatrices et des animateurs de radios de proximité du Sud-Comoé.  


 


Dans le royaume Sanwi, la femme a le pouvoir


 


«Le place et le pouvoir de la femme dans le royaume Sanwi ». Pour débattre de ce thème à l’ordre du jour de son troisième petit déjeuner du genre (PDG) de l’année, le Réseau des femmes journalistes (ReFJPCI) a pris ses quartiers à Krindjabo, siège du royaume Sanwi. C’était le vendredi 16 décembre 2022, à l’Auberge Akwaba.


Pourquoi, justement Krindjabo ? S.M. Agnès Kraidy, présidente, explique : « J’aime, comme l’oiseau Sankofa, prendre mon envol pour revenir sur mes pas. Et comme l’oiseau mythique de la sagesse Akan, nous devons avancer tout en gardant les yeux rivés sur nos origines. Aller de l’avant, c’est forcément savoir d’où l’on vient. Nous organisons ce PDG à Krindjabo pour parler de nos coutumes, de nos traditions, de nos racines. Parce qu’un peuple qui n’a pas de racines est un peuple mort. Et nous remercions Sa Majesté Amon N’Douffou V, Roi du Sanwi, de nous avoir accordé ses bénédictions dans ce voyage de restauration mémorielle et d’enracinement culturel… »


Dans ce village planétaire qu’est devenu le monde, il faut aller à la rencontre de l’autre, se donner à voir, se donner à entendre, « mais ce dialogue de cultures ne peut avoir lieu si je ne sais pas qui je suis. Nous sommes donc venus nous abreuver à la source de notre culture pour ne pas oublier qui nous sommes… », a précisé la présidente du ReFJPCI.


 


On nait Roi, on ne devient pas Roi …


 


Qui, mieux que S.M. N’Guessan Kacoutchi, la Reine-mère du royaume de Krindjabo pour étancher cette soif de savoir, pour rafraîchir et arroser nos racines ? D’entrée de jeu, elle a fixé les balises : « Chez nous ici, c’est le matriarcat : on naît roi ou reine-mère. On ne devient pas roi ou reine-mère par nomination ». Des propos qui coulent de source.


En sa qualité de Reine-mère, de sœur du Roi, elle a une mission cruciale, centrale et vitale pour la communauté : «je désigne et décide de celui qui sera Roi. Le trône m’appartient. En pays Agni, la femme a le pouvoir de décision, mais elle ne siège pas sur le trône ».


La femme ne siège pas en raison de spécificités physiologiques : menstrues, enfantement, pour ne citer que ces éléments qui sont considérés comme perturbateurs du sanctuaire mystique qu’est le pouvoir. N’empêche, des propos de la Reine-mère, il ressort bien clairement que quand bien même la femme n’est pas au-devant de la scène, il n’en demeure pas moins qu’ «elle est la réelle détentrice du pouvoir» dans la monarchie Akan. Et de préciser : « Elle désigne le Roi, elle intronise le Roi ». Nous comprenons à travers ses mots que le Roi, malgré la puissance que lui confère sa stature, son titre et sa fonction, se doit d’être à l’écoute de la Reine-mère dont la voix compte.


Pour mieux illustrer cet état de choses, la Reine-mère a donné l’exemple de la fête des ignames. En explicitant qu’elle a tenu à faire annuler l’édition de cette année au regard de certains paramètres. Pour qui connaît le poids de ces festivités dans la culture Agni, il n’y a qu’une Reine-mère, parce qu’incarnant la puissance du pouvoir décisionnel, pour s’arroger un tel droit comme le lui confère la tradition.


Après le propos liminaire de la Reine-mère, des échanges ont eu lieu entre l’experte du jour et son auditoire. La série de questions-réponses a permis à S.M. Nguessan Kacoutchi de clarifier certains pans de la culture Agni, notamment la question de l’héritage.


Dans le système régit par le matriarcat, il y a des princes qui héritent du trône et d’autres non. Les princes héritiers sont les enfants des sœurs du roi. Seule la descendance masculine, c’est-à-dire, les neveux du Roi peuvent lui succéder, sur le trône. Les fils du Roi n’ont pas droit au trône de leur père.


 


Ne pas confondre biens personnels et héritage familial


 


Les échanges ont révélé qu’au-delà de la famille royale, la question de l’héritage est à l’origine de contentieux dans certaines familles. Par exemple, en raison du matriarcat, les biens d’un père défunt reviennent à ses neveux au détriment de ses enfants, ses descendants. Mais si en son temps, l’héritage devait échoir aux neveux du défunt de manière automatique, aujourd’hui, les sociétés sont en pleine mutation, les us et coutumes ont évolué, précise la Reine-mère. Les enfants jouissent de l’héritage de leurs parents. A condition qu’il n’y ait pas de confusion entre les biens de la famille et les biens personnels de l’individu. Au décès d’un père, ses enfants héritent des biens personnels du défunt. Les richesses de la famille étant le patrimoine commun et communautaire.


S’il arrive que des enfants se sentent déposséder de leur héritage sous le couvert d’un système matrilinéaire dévoyé, ils doivent se référer aux chefs de leurs familles respectives. Le règlement de ce type de conflits peut être porté au niveau de la notabilité et de la cour royale, mais seulement après qu’aient été épuisés les recours conventionnels que sont la médiation familiale, les consultations et concertations intrafamiliales. Si la voix de la Reine-mère résonne avec autorité dans le royaume, celle des femmes pèsent aussi dans les familles…Mais l’homme, c’est-à-dire le père tient sa place. C’est lui qui reçoit la dot de sa fille. C’est lui qui est responsable des obsèques de sa fille. Mais pas que. Le sujet ayant été focalisé sur la place et la pouvoir de la femme, les débats n’ont pas insisté sur la place de l’homme.  


Les responsables des associations de femmes, de jeunes, des enseignants, des guides religieux et des sachants, des journalistes et des animatrices et animateurs de radios de proximité ont, par leurs questions et contributions, nourrit les échanges.


Pour la présidente du ReFJPCI, « les PDG nous permettent de créer des espaces de dialogue entre nos coutumes traditionnelles, les lois de la République et nos pratiques… Elle fut enrichissante la rencontre de Krindjabo…».


Cette rencontre organisée avec les royales bénédictions de Sa Majesté Amon N’Douffou V, a vu, entre autres, la participation remarquée de Mme Kadja Emilienne, 3ème adjointe au maire d’Aboisso, qui n’est autre que Monsieur N’Gouan Jérémie.


Dans le respect de la structuration des PDG, une session de formation animée le jeudi 15 décembre par Marie-Laure Aka-Zakry, journaliste-enseignante, a donné l’opportunité aux animatrices et animateurs de radios de proximité de revisiter leurs pratiques professionnelles.


 


Ak à Krindjabo

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