Du fait de la crise du Covid-19, puis de la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat des ménages a été fortement impacté. Par conséquent, la consommation de cajou qui n’est pas un produit de première nécessité, s’est effondrée et le secteur du cajou traverse donc une crise mondiale avec des prix de vente au plus bas depuis 15 ans.
Ainsi les producteurs de cajou ivoiriens sont confrontés à une mévente de leurs produits depuis le début de la campagne 2023.
Alors que le prix minimum dit « obligatoire » est de 315 F CFA par kilo, les producteurs sont obligés d’écouler leurs produits généralement à 150 F CFA le kilo selon les informations qui nous reviennent des acteurs du secteur. Pire cette situation n’est pas prête à s’améliorer parce que « la majorité des exportateurs ont arrêtés les achats car les prix officiels du gouvernement ne reflètent pas les réalités du marché international qui est en baisse faute de demande » selon les analyses du bulletin d’information NKALO, spécialisé dans le marché de l’anacarde.
Au-delà de la chute mondiale des prix, cette crise mondiale du cajou révèle un problème propre au marché ivoirien du cajou.
En l’absence de système de stabilisation des prix d’achat au producteur, comme c’est le cas dans le cacao avec des ventes anticipées et des systèmes de remboursement par la caisse de stabilisation, il est impossible pour le CCA de forcer les acteurs privés du marché à faire des pertes en payant aux producteurs un prix minimum obligatoire au-dessus du prix du marché international, sans être remboursé par une caisse de stabilisation.
D’autre part, les producteurs de cajou ne peuvent recevoir directement de subvention car ceux-ci n’ont pas fait l’objet de recensement permettant le paiement direct de subventions
par voie électronique en utilisant leur téléphone portable (Mobile money). L’autre corps de métier victime de cette crise mondiale des prix du cajou sont les transformateurs de cajou qui fonctionnent tous à perte au point où un tiers des usines au Vietnam, pourtant réputées pour avoir des coûts de production très faibles, ont fait faillite ou sont à l’arrêt, appelant leur gouvernement à l’aide. La situation en Inde est similaire. Cela ne présage rien de bon pour les transformateurs en Côte d’Ivoire notamment les transformateurs nationaux qui sont généralement de petite taille et donc très fragiles.
Nous avons essayé de joindre plusieurs transformateurs nationaux de cajou, regroupés au sein du GTCI (Groupement des Transformateurs de Cajou Ivoiriens) qui n’ont pas souhaité faire de commentaires.
B.T