La spécialiste des politiques nutritionnelles, de la gestion des systèmes de santé et de la santé publique, Dr Patricia N’Goran, par ailleurs conseillère en nutrition, alimentation et développement de la petite enfance à la vice-présidence de la République, a estimé, jeudi 05 octobre 2023 à Abidjan, que les systèmes alimentaires de l’Afrique encore fragiles méritent d’être repensés.
« Malgré les avancées technologiques et les progrès remarquables réalisés dans l’augmentation de la production alimentaire au niveau mondial, nos systèmes alimentaires demeurent encore fragiles et méritent d’être repensés », a affirmé Dr N’Goran lors de l’évènement parallèle du Centre d’excellence régional contre la faim et la malnutrition (CERFAM) au salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA) 2023.
Cet évènement parallèle a porté sur le thème, « Tirer parti du potentiel des chaînes de valeurs améliorées pour des systèmes alimentaires durables et résilients ».
Selon la spécialiste, plus de 70% de la population de l’Afrique subsaharienne est directement impliquée dans des activités agricoles. « Pourtant la facture des importations de l’Afrique s’élève à plus de 55 milliards de dollars et pourrait doubler d’ici à 2030 », a-t-elle déploré.
Dr N’Goran a fait remarquer, concernant le riz, que de nombreux pays africains souffrent d’importants déficits de production, rappelant que chaque année, l’Afrique importe environ 12,6 millions de tonnes, représentant, selon elle, une facture de 5,5 milliards de dollars par an.
Le directeur par intérim du CERFAM, Sorry Ouané, a rappelé, pour sa part, que selon les dernières estimations de l’état de sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde, une personne sur cinq en Afrique, soit 269 millions de personnes, était confrontée à la sous-alimentation en 2022, avec une prévalence (19,3%), deux fois plus élevée que la moyenne mondiale (9%).
« Ces défis bouleversent les chaînes d’approvisionnement mondiales et africaines en particulier, les rendant beaucoup plus fragiles que par le passé, tandis que la situation alimentaire et nutritionnelle de l’Afrique s’aggrave. Il est donc impératif de trouver des moyens de les surmonter », a déclaré M. Sorry.
Le directeur adjoint de la fondation Bill et Melinda Gates, Dr Qinghua Zhu, a estimé qu’il existe plusieurs similitudes entre l’agriculture en Chine et en Afrique, tout en insistant sur la nécessité de l’innovation et des nouvelles technologies. « En Chine, l’Etat accorde une priorité élevée à l’agriculture. On ne peut pas travailler sur les questions agricoles en vase clos. Beaucoup de choses restent à faire pour accompagner la transformation de l’agriculture en Côte d’Ivoire », a-t-il souligné.
Le CERFAM est un catalyseur de bonnes pratiques et de solutions innovantes, mais aussi un facilitateur d’échange de connaissances entre différents acteurs et institutions. L’accès à la connaissance et à la documentation factuelle des bonnes pratiques est au cœur de la mission du CERFAM, qui contribue à faire en sorte que la sécurité alimentaire reste une priorité absolue pour les dirigeants nationaux et continentaux.
(AIP)
