Dans plusieurs communes de la capitale économique, les Abidjanais sont sortis dans les rues et les espaces de divertissement pour célébrer la veille de Noël du dimanche 24 décembre 2023 avec ferveur malgré les plaintes des commerçants de la morosité de la fête.
Dans diverses communes de la métropole économique, les résidents d'Abidjan se sont répandus dans les rues et les lieux de divertissement pour célébrer la soirée de Noël avec enthousiasme, bien que les commerçants se plaignent de l'atmosphère morose de la fête.
La veille de Noël célébrée dans la ferveur
À partir de minuit, les habitants d'Abidjan ont investi divers maquis, glaciers, allocodromes et boîtes de nuit pour célébrer la veille de Noël. La rue entre le carrefour Ghandi et celui des sapeurs-pompiers de Yopougon est bondée d'hommes et de femmes déjà installés dans les maquis, en train de déguster des boissons alcoolisées en attendant d'être servis par des commerçantes établies le long de la voie.
Ces femmes, alignées le long de la rue, s'affairent à griller des poissons, notamment des carpes, de la viande de bœuf et de porc, accompagnés d'Attiéké.
Jean Félix, assis avec ses amis, sirotant un verre de vin, apprécie l'ambiance dans le maquis où il se trouve. Même sentiment pour Marie Jeanne, ravie d'avoir fait le déplacement depuis Cocody.
"À Yopougon, l'ambiance est excellente, et on s'amuse bien par rapport à Cocody, qui est trop calme. C'est ici que je veux célébrer", fait-elle remarquer avant de boire son verre de bière.
La rue Princesse située entre les pharmacies Keneya et Bel air et célèbre pour son ambiance festive n'attirait pas grand monde. Les bistrots construits aux abords de la voie étaient souvent clairsemés malgré la musique à profusion.
Interrogé, un noctambule qui a préféré garder l'anonymat explique que la population attend le milieu de la nuit pour envahir tous les maquis de la Rue.
" Je suis confiant car j'ai l'habitude de ces choses. Je vous assure qu'ils viendront", dit-il avec assurance.
Cette frénésie due à la fête de Noël se voit à travers le trafic accru de la circulation malgré l'heure avancée de la nuit. Au quartier Maroc antenne, les carrefours connaissent déjà des embouteillages à 1h du matin, obligeant la police à descendre dans l'arène pour régler la circulation.
"Mon ami, c'est notre période. C'est pendant ces fêtes que nous nous faisons beaucoup d'argent", affirme Souleymane K. Chauffeur de taxi avec un large sourire aux lèvres.
Il se félicite de la présence de la police à chaque coin de rue pour assurer la sécurité de la population.
Cap sur Cocody centre, zone réputée pour sa tranquillité. Un tour à l'allocodrome nous fait dire le contraire. À la devanture, des jeunes femmes et hommes dansent avec enthousiasme au rythme de la musique coupé décalé distillée à travers des baffles désuets sous le regard enchanté de plusieurs clients assis de l'autre côté de l'allocodrome.
Cette initiative est une idée de la vice-présidente de l'allocodrome, Marcelle Léo qui s'est même associée aux danseurs d'un soir.
" Nous voulons inviter la population à fréquenter l'allocodrome de Cocody qui est encore en vie" dit-elle tout en sueur et vêtue d'une camisole sur un pagne wax.
Cette ambiance est perçue également à Adjamé, précisément au 220 logements où les jeunes du quartier prennent d'assaut un maquis situé auprès d'une maison de distribution de journaux.
Certains d'entre eux mal vêtus déambulent dans les rues, bouteille d'alcool en main au risque de se faire écraser par un véhicule. Par contre, au quartier Ébrié, notamment à la Terrasse, les clients sont assis, calmes autour des tables. Jean Philippe prétend qu'il avait l'habitude de venir à cet endroit à cause de son aspect calme et sécurisé.
Les commerçants se plaignent de la morosité de la fête
Assise dans son coin en face de ses poissons et poulets qui attendent désespérément des clients, Habiba S. commerçante à l'allocodrome de Cocody n'a pas la tête à la fête.
" Mon frère cela fait des heures que j'attends et depuis je n'ai pas encore eu un seul client. S'ils ne viennent pas, je vais aller dormir avec ma marchandise et c'est encore une perte pour moi", dit-elle avec un air triste et plein de désolation.
Ce refrain est repris par N'Guessan Marie Laure, vendeuse de poissons, poulets et Attieké à Yopougon " Ça ne marche pas du tout. Les clients viennent et ils me dépassent. Par contre l'année dernière ça a bien marché. J'ai eu beaucoup d'argent. Mais aujourd'hui, je ne sais pas ce qui se passe ", affirme-t-elle avec une pointe d'amertume.
Malgré tout, elle garde confiance comme le fait d'ailleurs cette autre vendeuse de poissons du nom d'Alida K. Elle croit fermement que sa marchandise sera écoulée d'ici quelques heures.
En dépit des plaintes des commerçants sur la morosité de la fête, les Abidjanais ont célébré la veille de Noël avec une ferveur indéniable. Les rues animées, les maquis bondés, et les espaces de divertissement remplis ont témoigné de la vivacité de la célébration. L'esprit festif a prévalu, montrant la résilience et la détermination de la population à trouver la joie même dans des circonstances économiques difficiles.
Cette célébration démontre que, malgré les défis, les gens trouvent des moyens de célébrer et de partager des moments de bonheur, illustrant la force de la communauté face à l'adversité.
(AIP)