Le déguerpissement du quartier Abattoir de Port-Bouët par les services du District autonome d’Abidjan s’est-il réalisé dans les conditions prévues par le Cadre permanent de concertation (CPC) ? Est-on en droit de s’interroger. L’opération de déguerpissement des zones à risques d’inondation et d’éboulement dans le District d’Abidjan, initiée par le ministre gouverneur du District d’Abidjan, n’est pas sans réactions d’indignation. L’opinion publique s’accorde pour dénoncer le procédé employé par le District. De l’audience accordée par le ministre gouverneur aux treize (13) maires des Communes d’Abidjan, le 28 février 2024, ceux-ci ont obtenu du Gouvernorat du District, grâce au président de l’UVICOCI, la mise en place d’un Cadre permanent de concertation (CPC).
Selon les recommandations de cette plateforme, des dispositions préalables doivent être prises de façon concertée, notamment : « L’identification des zones à risque du territoire communal. La programmation et le traitement consensuel de ces zones en liaison avec les services techniques municipaux concernés. Le recensement des impactés. La communication des mesures sociales d’accompagnement… » Tout ceci, faut-il le noter, doit se faire en tenant compte des spécificités des différents sites répertoriés ainsi que des observations et recommandations des maires de chacune de ces Communes. Ces recommandations ont-elles été observées à Port-Bouët par le District d’Abidjan ? De nos investigations, il ressort que non.
En effet, c’est au cours de la rencontre du CPC en date du 12 mars 2024 que la décision de délocalisation du parc à bétail qui jouxte l’abattoir de Port-Bouët a été prise. Décision saluée par tous pour la simple raison que le parc à bétail était vu comme le vecteur principal d’insalubrité de la zone. Mais malheureusement, il est important de noter que les discussions entre le District avec les acteurs de la filière bétail se sont tenues sans que la Mairie de la Commune ne soit préalablement associée. Celle-ci est donc en droit d’affirmer qu’elle n’a pas officiellement été informée des procédures de délocalisation, ni de la date. Mieux d’ailleurs, c’est en l’absence du maire présent à Daoukro pour les obsèques du président Henri Konan Bédié que la délocalisation du parc à bétail s’est faite avec l’incident qui en est advenu, et que le maire a déploré et condamné.
Ce qui est dénoncé ici, avec véhémence, c’est le non-respect des recommandations du CPC qui stipulent que toute activité de ce programme du District d’Abidjan se fasse en collaboration avec les maires et leurs équipes techniques. Et non le traitement de la situation d’insalubrité de parc à bétail. La même observation vaut pour le déguerpissement du quartier Abattoir, qui selon les informations en notre possession, s’est faite à la grande surprise du maire et du conseil municipal de Port-Bouët. Plongeant plus de 500 familles dans le désarroi total, ne sachant à quel saint se vouer. Et pourtant, pour ce qui concerne le bétail, l’on a préalablement pris soin de trouver, de préparer et d’indiquer aux acteurs de la filière bétail un site qu’ils ont visité.
P.K