La 68e Conférence générale annuelle de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) s’est tenu du 16 au 20 septembre 2024 à Vienne en Suisse, en présence de près de 3000 participants venus de 150 pays des 178 Etats membres dont la Côte d’Ivoire, qui a été représentée par le Ministère des Ressources animales et halieutiques. Au-delà des travaux de cette conférence, plusieurs thématiques ont été évoquées dont la lutte contre l’insécurité alimentaire dans le monde.
Dans son allocution liminaire, le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a esquissé les grandes lignes des contributions scientifiques de l’Agence au règlement de la crise alimentaire mondiale. « La question de la sécurité alimentaire se pose de nouveau, et de façon plus aiguë que jamais ... Les pays n’ont pas besoin d’autres discours ou d’autres documents d’orientation pour être convaincus de l’existence de ces problèmes. En revanche, ils ont besoin de solutions », a déclaré M. Grossi, soulignant les effets concrets et l’approche pratique de l’initiative Atoms4Food.
A la tête de la délégation ivoirienne, Sidi Tiémoko Touré a présenté une communication lors du Forum scientifique ‘‘Atoms4Food’’ : ‘‘une meilleure agriculture pour une vie meilleure’’, consacré à l’utilisation de techniques nucléaires pour soutenir l’agriculture durable et lutter contre la faim dans le monde. Le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques a souligné que les approches nouvelles face aux « enjeux de sécurité et de souveraineté alimentaire couplées aux impératifs environnementaux doivent se transformer pour s’inscrire dans une logique de durabilité ».
Si en 2021, environ « 278 millions de personnes ont été touchées par la faim » en Afrique, dans la partie subsaharienne du continent, ce sont « 3% de la population qui ont été touchés par l’insécurité alimentaire » durant la même année, a-t-il relevé. C’est pourquoi, pour y faire face, les Etats africains se sont engagés à transformer le secteur agricole afin de parvenir à une souveraineté alimentaire durable. En effet, l’agriculture occupe une place importante et stratégique en Afrique. Elle représente « 23% du PIB du continent et emploie environ 55% de la population active ».
Ainsi, l’initiative ‘‘Atome pour l’alimentation’’ qui s’inscrit dans le cadre de cette lutte contre l’insécurité alimentaire se présente comme une approche innovante et suscite beaucoup d’espoir pour l’Afrique. A l’en croire, le programme national dans le domaine des sciences et des techniques nucléaires de notre pays, la Côte d’Ivoire, se concentre sur plusieurs priorités stratégiques. Ainsi, au niveau du secteur agricole, le programme d’amélioration génétique des bovins piloté par le Ministère des Ressources animales et halieutiques vise à accroître la production de lait et de viande.
Les différents laboratoires nationaux travaillent sur les questions de sécurité alimentaire, de surveillance environnementale et de santé publique. En résumé, la Côte d’Ivoire vise à renforcer ses infrastructures techniques et ses capacités humaines pour relever les défis dans ces domaines prioritaires. « Dans son ambition de transformation de son agriculture, et de son secteur des ressources animales et halieutiques en particulier, la Côte d’Ivoire a adopté des politiques de développement pour atteindre la souveraineté alimentaire et nutritionnelle.
Au regard des enjeux du secteur des ressources animales et halieutiques, la Politique nationale de développement de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture (PONADEPA) pour la période 2023-2026, se donne pour objectif général de garantir la sécurité et la sureté alimentaire, la production durable de protéines animales et halieutiques de qualité et la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, s’inscrivant ainsi dans la vision du Président de la République SEM Alassane Ouattara de faire la Côte d’Ivoire un pays solidaire sur la base d’une croissance vigoureuse soutenue et inclusive », a-t-il relevé.
Sidi Touré a expliqué que pour « opérationnaliser cette nouvelle politique et la pérennisation des acquis », le Ministère des Ressources animales et halieutiques a mis en place des « centres d’application et de spécialisation ». Lesquels constituent une « nouvelle approche de mise en œuvre des projets et viennent répondre aux contraintes majeures des filières animales et halieutiques par l’adressages des problématiques de l’ensemble des chaînes de valeur ».
Ils sont dédiés à la recherche et au développement des filières concernées, à la formation des bénéficiaires et à l’encadrement des acteurs de la chaîne de valeur desdites filières et enfin, à « l’employabilité des jeunes et des femmes par leur installation dans les métiers de l’élevage ». « Pour l’atteinte de ses objectifs ambitieux, la Côte d’Ivoire veut continuer à compter sur sa coopération avec l’AIEA.
En effet, membre de l’Agence depuis le 19 novembre 1963, bénéficie d’une coopération tel que dans divers secteurs économique et technologique nucléaire. Dans les domaines la production et de la santé animale, plusieurs projets ont été financés par l’agence en Côte d’Ivoire. Durant une décennie, l’AIEA a apporté un appui au Laboratoire national agricole de Bingerville en termes de formation, d’équipement de laboratoires. Cette collaboration a porté sur la santé, la nutrition, la production et la reproduction d’animaux d’élevage ayant abouti à une production considérable de la productivité animale en Côte d’Ivoire.
L’un des résultats majeurs a été le diagnostic et la lutte contre certaines pathologies infectieuses telles que la peste porcine africaine, la peste des petits ruminants et d’autres grandes maladies animales transfrontalières, notamment le trypanosome animal africain. En outre, sur la période 2016-2025, trois projets nationaux sont mis en œuvre par le Ministère des Ressources animales et halieutiques avec l’appui de l’AIEA pour un montant de 1 400 000 Euros soit un peu plus 900 millions de FCFA et, ces différents projets sont essentiellement portés sur l’étude des maladies respiratoires des petits ruminants et l’application des techniques nucléaires basées sur l’ADN pour améliorer la productivité du bétail.
Ces projets ont apporté des résultats notables pour notre élevage, ainsi un accroissement très significatif de 22,58% de cheptel national de petits ruminants a été observé sur la période 2016-2023. La productivité du cheptel bovin national s’améliore du fait de la vulgarisation des pratiques d’amélioration génétique et de nutrition animale sur nos élevages bovins ainsi que le contrôle de certaines épizooties dans les élevages », a-t-il indiqué. Avant de décliner quelques perspectives de projets sur l’installation de plusieurs services d’insémination artificielle de santé animale et le bon maillage du territoire.
Pour finir, Sidi Touré a fait savoir que « la Côte d’Ivoire reste convaincue du rôle essentiel que joue l’AIEA dans la production nationale, la promotion durable des ressources animales et la sécurité alimentaire de notre pays ». Il a salué les ambitions claires et la volonté de l’AIEA de mettre à la disposition des Etats membres des techniques et application ainsi que des offres de formation scientifique dans les domaines du nucléaire afin de consolider les réponses internationales face au défi de la santé humaine, de l’environnement, de la sécurité alimentaire et du développement durable ».
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