L’espace ouest africain est le théâtre de multiplication des mouvements extrémistes qui discutent l’intégrité de territoire des Etats, depuis plus d’une quinzaine d’années. Au-delà des actions armées, et de leur ambition de contrôler des territoires, les groupes terroristes développent des stratégies de communication élaborées, destinées à légitimer leurs actions et à recruter une frange de la population. Pour relayer les actes des groupes terroristes, il est important de maitriser les rudiments nécessaires, pour ne pas faire la propagande de ces derniers. En vue de renforcer les capacités des professionnels de medias sur ce phénomène, l’Institut de recherche stratégique (IRS) a initié un séminaire à cet effet, qui s’est déroulé du 21 au 22 octobre à l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) sise à Jacqueville. Portant sur le thème central « Ethique et responsabilité des journalistes africains face au défi contre le territorisme », ce séminaire, à l’endroit des professionnels des médias, avait entre autres objets de sensibiliser et d’outiller les journalistes sur la menace terroriste, les pratiques et méthodes de propagande et de manipulation développées par les groupes violents. Offrant ainsi l’opportunité à plus d’une vingtaine de journalistes d’accéder à des outils méthodologiques afin de détecter les techniques de manipulation et de propagande développées par les terroristes pour recruter ou exercer une emprise sur les populations.
L’Académie a mis à disposition des journalistes participants, des experts de medias internationaux, des chercheurs spécialisés de différentes nationalités travaillant sur cette nébuleuse menaçant les pays du Golf de Guinée. Pour le général Allah Kouamé Joseph, directeur de l’AILCT, « Les journalistes constituent une partie substantielle de la réponse contre le terrorisme. De par leur profession, ils ont la responsabilité d’informer et d’éduquer la masse consommatrice de l’information dont le contrôle et la manipulation devient un enjeu important pour les compétiteurs stratégiques et les groupes terroristes. »
C’est fort de cela qu’il a apprécié le thème retenu par le présent séminaire qui, indique-t-il, « invite les professionnels du secteur des médias à leur devoir républicain et patriotique surtout dans un environnement sécuritaire agité par de nombreuses crises. Cette formation intervient dans un contexte important où la noblesse démoule au fil de l’émergence des faknews et l’influence des réseaux sociaux à cela s’ajoutent les propagandes des mouvements terroristes pour embrigader les esprits. » Les thématiques abordées sont bénéfiques, se réjouit le général Allah, car « ils formeront sur la connaissance des enjeux et la complexité du terrorisme aux cas pratiques, c’est-à-dire des expériences vécues. » Pour le porte-parole du gouvernement, le ministre de la Communication Amadou Coulibaly, « Cette rencontre avec la presse est d’une ambition légitime pour constituer une digue solide contre l'expansion des idéologies et des attaques terroristes. Pour réussir, elle doit se réaliser dans un cadre pacifique et républicain, cadre que notre pays a réussi à réunir jusqu'à présent. », a-t-il assuré. Selon le ministre Amadou Coulibaly, « En cette période de propagation d'idéologie extrémiste et de mutations géopolitiques sans précédent, vous portez la lourde responsabilité de guider, d'inspirer, de mobiliser et de nourrir un sentiment national fort sans sombrer dans la facilité de la stigmatisation ou de cette belligérance artificielle que l'on veut créer avec nos pays voisins. »
A l’issue de ces deux jours de formation, des attestations de participation ont sanctionné cette formation, fortement appréciée par l’ensemble des participants eu égard aux thématiques abordées et à la qualité des formateurs. D’autres formations sont en vue les mois prochains à propos de la même problématique.
JEAN PRISCA
In Le Nouveau Réveil / Jeudi 24 octobre 2024 - N°6724