Le laboratoire des sciences de la communication des arts et de la culture (LSCAC) de l'Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody a organisé, ce vendredi 07 mars 2025, la première édition de sa journée scientifique à l'UFRICA.
Placée sous le thème "Outils, pratiques, systèmes et situations de communication en Afrique traditionnelle : l'exemple des proverbes, contes, chansons et tambours", cette rencontre a permis aux enseignants-chercheurs et doctorants de mener une réflexion approfondie sur les modes de communication traditionnels face aux enjeux de la mondialisation et de la digitalisation.
La journée a été marquée par plusieurs communications, dont celle de Trocani Florence, épouse Do, doctorante en sciences du langage. Son intervention portait sur "Les figures de style dans les proverbes ouobé". À travers une étude minutieuse, la chercheuse a relevé cinq figures dominantes : l'allégorie, la métaphore, la personnification, l'hyperbole et l'antithèse. Elle a démontré que ces proverbes, par leur langage imagé, véhiculent des messages puissants destinés à susciter une prise de conscience ou à encourager un changement de comportement. "Les proverbes ne sont pas de simples énoncés, mais des miroirs de la société. Ils captivent l'attention et transmettent des leçons intemporelles", a-t-elle souligné.
Autre communication marquante, celle de Docteure Toa Clarisse, enseignante-chercheuse en sciences de l'information et de la communication. Son intervention a porté sur la monstration de la grossesse sur les réseaux sociaux. Elle a dénoncé la tendance croissante à exposer la grossesse, jadis considérée comme sacrée dans les sociétés africaines."Dans nos traditions, la grossesse était perçue comme une période de guerre entre la vie et la mort. Sa discrétion relevait de la protection spirituelle. Aujourd'hui, les réseaux sociaux favorisent une exhibition qui peut nuire aux jeunes mères en propageant des informations erronées", a-t-elle expliqué.
Le laboratoire LSCAC, sous la direction de Koné , responsable du laboratoire, a initié ces cafés scientifiques dans le cadre de son plan d'action annuel. Ces rencontres se veulent des espaces de réflexion et de partage entre enseignants-chercheurs, doctorants et étudiants.
Kouakou oi Kouakou Benoît, maître de conférences en communication sociale, a souligné l'importance de ces cadres pour aborder des phénomènes sociaux dans une démarche scientifique "Face à la dictature des médias modernes, il est crucial de revisiter les pratiques communicatives africaines et d'établir des passerelles avec les technologies contemporaines. Les contes, proverbes et tambours sont des conservateurs de savoirs, et leur diffusion via les médias numériques peut contribuer à une véritable éducation par le divertissement."
Cette première journée a ouvert la voie à une série de cinq colloques et trois autres cafés scientifiques prévus cette année. Le laboratoire ambitionne de renforcer la valorisation des pratiques de communication africaine en les adaptant aux réalités actuelles. En réconciliant tradition et modernité, le LSCAC pose ainsi les jalons d'une recherche scientifique ancrée dans la préservation des valeurs culturelles africaines.
JB
