Le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG), en partenariat avec le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, a lancé le 26 juin 2025 à Abidjan-Plateau un atelier national de formation sur la prévention et la réponse aux Violences Basées sur le Genre (VBG) et au harcèlement sexuel. Cette initiative de trois jours du 26 au 28 réunit les acteurs judiciaires, sanitaires et sociaux dans le but de renforcer leurs compétences et coordonner une prise en charge holistique des victimes de violences.
Dans l’espace CEDEAO, plus de 10 % des femmes subissent des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles, souvent dans le cadre familial. Une situation exacerbée durant la pandémie de COVID-19, qui a vu les cas de VBG grimper en flèche, avec une hausse pouvant atteindre 50 % dans certains pays de la région. La Côte d’Ivoire, à elle seule, a enregistré 9.607 cas de violences basées sur le genre en 2024, touchant 7.950 femmes et 3.290 enfants, selon les chiffres officiels.
Cet atelier vise à partager les concepts et les causes des VBG, renforcer les stratégies de prévention, former à la prise en charge judiciaire, médicale et psychosociale des survivantes et mettre l’accent sur la gestion confidentielle des
données.
S'exprimant à l’ouverture, Moussa Diarassouba, Directeur de Cabinet représentant la ministre de la Femme, a souligné l’urgence d’agir. '' Ces chiffres accablants sont autant de voix qui réclament justice, réparation et protection. L’inaction n’est plus une option'', a-t-il prévenu.
Il a appelé les acteurs judiciaires à garantir l'accès à la justice et lutter contre l’impunité y compris les professionnels de santé à s’engager davantage dans la prise en charge médicale et psychologique des victimes, et les travailleurs sociaux à accompagner les survivantes vers leur réinsertion sociale et économique.
Pour Fanta Cissé, représentante résidente de la CEDEAO, '' Il est impératif de rompre avec la culture du silence, en particulier face aux violences subies dans le cercle familial''.
Elle a insisté sur la nécessité de produire régulièrement des données fiables, d’éduquer les jeunes et de mener des campagnes communautaires pour le changement de comportements.
A son tour la Directrice du CCDG, Sandra Oulaté, a pour sa part rappelé que les violences sont enracinées dans des stéréotypes sexistes et des systèmes patriarcaux. '' Elles ne sont pas des actes isolés, mais le reflet d’un système de domination'', a-t-elle dit.
Elle a évoqué les chiffres du Baromètre Genre de la CEDEAO 2023, selon lesquels : 26,3 % des femmes dans la région sont victimes de violences conjugales, 42 % des filles ont subi des mutilations génitales féminines (MGF) et 40,9 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.
En Côte d’Ivoire, les statistiques sont tout aussi préoccupantes, avec 26,6 % de violences conjugales, 36,7 % de MGF et 35,1 % de mariages précoces.
Au cours de cet atelier , les participants recevront une formation sur les meilleures pratiques régionales et internationales en matière de lutte contre les VBG et le harcèlement sexuel, avec pour ambition de bâtir une réponse collective, efficace et humaine face à ce fléau.
EA

